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26 avril 1901: l’insurrection des Righas

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  • 26 avril 1901: l’insurrection des Righas

    Le 26 avril 1901 restera une date inscrite dans l’histoire de la région et dans les pages de l’histoire de l’Algérie, et des luttes qu’ont menées les Algériens depuis l’invasion coloniale.

    La commémoration de cette journée du souvenir a eu lieu cette année avec un éclat plus particulier, avec la participation d’une foule très nombreuse venue de toutes les contrées de la wilaya. Aïn Torki était en fête samedi, un village aux foucades fleuris adossé aux contreforts du Zaccar.

    Les présents s’étaient rassemblés au pied de la stèle inaugurée où une gerbe de fleurs a été déposée par les plus hautes autorités civiles et militaires de la wilaya avec la participation des responsables de l’ONM. Au cours de cette cérémonie, un délégué a retracé les évènements qui ont marqué à jamais la mémoire des Algériens de toute la région, une page d’histoire parmi tant d’autres qui se sont succédé à travers tout le territoire national de 1830 à 1962 pour libérer le pays du joug colonial.

    L’orateur qui a pris la parole a rappelé les faits.

    L’armada juridico-répressive édictée par la présence colonisatrice s’était attelée à déposséder les «indigènes» de leurs terres en les expropriant aux moyens de procès fallacieux au profit des colons. L’un d’eux, un certain Jenoudet, a accaparé ainsi quelque 1600 ha à lui seul. Selon des documents consultés, les expropriations n’ont jamais cessé de 1877 à 1901. Ces documents font état de 4 912 ha relevant du régime forestier, 5 128 ha distribués, octroyés aux Européens et 4 066 ha pour les «indigènes». Les Algériens n’étaient pas restés les bras croisés et ont essayé de se défendre par la voie «légale» puis le 9 juin 1896, 27 tribus ont introduit un recours auprès du Conseil général d’Alger contre l’application impitoyable du «sénatus- consulte», recours ignoré par le pouvoir colonial en place à l’époque. L’injustice, l’oppression, la spoliation, les expropriations n’ont pas laissé aux populations d’autre voie que celle de la révolte. Et la révolte a eu lieu.

    Une réunion a eu lieu le 22 avril, elle a regroupé tous les chefs de tribu au sanctuaire de Sidi M’hamed Benyahia au lieudit «Tizi Ouchir», 3 km à l’est de Aïn Torki où a été érigée la stèle et c’est le vendredi 26 avril 1901 que la révolte des opprimés a eu lieu dirigée contre les colons et la petite garnison de la place. Le bilan de l’attaque est lourd, 37 colons tués, 68 Algériens massacrés, 187 «indigènes» arrêtés et jugés par la cour d’assises de Montpellier, 85 déportés en Nouvelle- Calédonie au bagne de Cayenne, avec parmi eux 6 chefs de tribu (Yagoub Mohamed, Hadj Benaïcha, Bourbiza M’hamed, Othmane M’hamed, Talbi Miloud et Abdellah El Hirti). Si Yagoub a péri au bagne en 1905, quelques semaines après le décès au même endroit de son lieutenant Hadj Benaïcha. Le procès «des révoltés de Righa» n’a pas laissé la presse française d’opposition indifférente, procès qui s’est ouvert du 11 décembre 1902 au 8 février 1903, avec 46 audiences.

    Parmi les nombreuses réactions, on notera celle de la Dépêche dans son édition du 10 février 1903 qui fit paraître un article prémonitoire : «L’insurrection des Righas a été une révolte de paysans accablés d’impôts, persécutés et affamés... Si la France laisse subsister ce régime, il y aura fatalement des insurrections plus terribles et elle perdrait l’Algérie...»

    Le journal Liberté écrivait à la même époque : «Qu’on ne puisse pas dire que nous n’avons pas su pratiquer en Algérie d’autre politique que celle qui se résume en trois mois : «oppression, répression, suppression». Le pouvoir français de l’époque était resté sourd à ces avertissements, puisque le 26 mars 1902 a été promulgué le décret portant création de tribunaux spéciaux pour «indigènes », tribunaux répressifs où le droit à l’appel était quasiment exclu. La révolte des Righas, son exploitation par les représentants du pouvoir colonial en place en Algérie, n’a fait que renforcer la législation répressive contre les Algériens.

    Le 26 avril 2008, 107 ans après, le souvenir reste indélébile ; le livre d’histoire toujours ouvert, afin que nul n’oublie et Marguerite se souvient. Comme se souviennent aussi les familles des déportés en Nouvelle-Calédonie. En mars 2005, M. Boufenache, président de l’association Les Arabes de Nouvelle-Calédonie, en compagnie de quelques-uns de leurs descendants, ont fait le voyage Nouméa-Alger.

    Par Le soir
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