J’ai lu l’article de jeanrene, "Pour quelques barils de plus" sur Agoravox, reprenant les thèmes de l’émission Envoyé spécial à propos de la pollution dangereuse de l’exploitation actuelle des pétroles bitumineux du bassin de l’Athasca au Canada. C’est une réalité, mais le point de vue n’est pas suffisamment large pour comprendre ce qui est en jeu, et l’article présent répond au besoin de mettre en perspective de ce qui sera probablement considéré comme un des tournants essentiels de notre civilisation. Car, en fait, nous n’avons pas tout à fait le choix : entre mourir tout de suite ou mourir demain, ce sont essentiellement des considérations purement financières qui provoquent les décisions qui modèlent notre futur et sa qualité, ou plutôt sa non-qualité...
Notre civilisation actuelle est celle de l’énergie.
La découverte du pétrole et la capacité industrielle que cela nous a permis a entraîné l’essor de tout un ensemble de techniques (transport, exploitation agricole, industrie alimentaire, chauffage en régions ou conditions climatiques froides, etc.). L’exploitation du pétrole a vraiment commencé au début du XIXe siècle, et la population était alors d’environ 1,1 milliard d’hommes dans le monde.
Aujourd’hui, cette population est de 6,7 milliards qui dépendent entièrement de l’énergie pour être transportés, nourris, chauffés, soignés, travailler et, même la plupart du temps, abreuvés (traitement de l’eau). Et la liste n’est pas exhaustive.
Un arrêt brutal de la disponibilité d’énergie provoquerait probablement un retour à des capacités correspondant à une population similaire à celle du XIXe siècle, à savoir la disparition d’une grande partie des 80 % de la population mondiale (surplus de population par rapport à l’avant-pétrole).
Tout ce qui suit dans l’article n’est qu’un éclaircissement concernant le pétrole (et le gaz) pour mieux comprendre ce que je viens d’écrire, et en particulier les affirmations du chapeau de l’article et du paragraphe précédent.
Vous l’avez compris, je ne suis pas très optimiste pour le futur de l’humanité, et je ne suis pas non plus très optimiste sur la capacité de nos dirigeants d’aujourd’hui à pouvoir collectivement choisir la solution la meilleure pour notre sauvegarde de demain.
L’ENERGIE
Gaz, pétrole et charbon (énergies fossiles) représentent actuellement environ 85 % de l’énergie consommée dans le monde (source CNUCED). Les énergies renouvelables représentent moins de 15 % de la consommation énergétique, y compris l’utilisation du bois et de la biomasse solide qui représente 77 % de l’énergie renouvelable. Encore que, comme Jean-Marc Jancovici (Ingénieur X, consultant, spécialiste international sur les énergies) le répète souvent, le bois pourrait être une énergie renouvelable, mais compte tenu d’un surplus important de consommation par rapport au renouvellement, ce serait plutôt de la déforestation.
Parmi toutes les sources d’énergie, le pétrole représente donc encore près de 40 % dans le monde (source CNUCED). Et son extraction (supposons que l’extraction soit un coût moyen de 10$ le baril en tête de puits) coûte environ 0,4 ct d’euro le kWh (si on le convertit en électricité). Soit bien moins que l’éolien qui coûte entre 6 et 8 cts d’euro le kWh. L’hydroélectricité est de l’ordre du coût du kWh thermique, mais on est forcément limité en nombre de barrages (2,4 % de la production mondiale d’énergie).
LE PETROLE
Donc, pour l’instant, pas moyen de se passer de pétrole.
Les réserves mondiales sont en constante évolution, et même en progression alors qu’on continue d’en consommer de plus en plus. A titre d’exemple, les réserves prouvées (nous reviendrons sur ce terme) étaient de 72 milliards de tonnes en 1970 (juste avant le premier choc pétrolier de 74). En 2005, elles étaient de 140 milliards de tonnes alors qu’entre 1970 et 2005, nous en avons extrait 110 milliards de tonnes.
Miracle de la découverte diriez-vous.
En fait, pas du tout. D’ailleurs, depuis 1980, on ne découvre plus de champs "géants" (supérieurs à 2 milliards de tonnes) et les réserves ultimes n’ont pas bougé.
DEFINITIONS DES RESERVES PETROLIERES
Nous voici arrivés au point où il est indispensable de poser les choses et de donner quelques définitions :
Réserves ultimes : quantité de pétrole total qui a été créé par la nature dans le monde. Les réserves ultimes sont la somme de la quantité déjà produite (consommée ou non), des réserves prouvées, des réserves probables et des réserves possibles.
Réserves prouvées : quantité du pétrole prouvé (trouvé) que l’on peut extraire avec des technologies existantes à un coût compatible avec sa commercialisation compte tenu du prix actuel.
Réserves probables : regroupe à la fois la part supplémentaire du pétrole prouvé (trouvé) qui pourra être exploité avec l’avancement probable de la technologie d’extraction (technologie et coût) et la part de pétrole non trouvé estimée, mais dont les indices permettent d’affirmer qu’il existe même si on ne l’a pas encore trouvé.
Réserves possibles : la quantité de pétrole estimée que l’on imagine qu’il puisse exister compte tenu de la géologique et de l’histoire de la terre.
Réserves : le mot sans autre précision est en général calculé en ajoutant les réserves prouvées, 50 % des réserves probables et 25 % des réserves possibles.
LES RESERVES DE PETROLE DANS LE MONDE
Nous avons vu que les réserves ultimes n’ont pas changé. Elles sont de 350 milliards de tonnes, et nous en avons déjà extrait environ 150 milliards de tonnes.
Maintenant, pour entrer plus dans le détail, il va falloir changer une nouvelle fois de degré de complexité, car il n’y a pas un seul type de pétrole car sa composition change de façon très importante selon les sources. En particulier, dans la suite de l’article nous allons parler des pétroles très épais du type bitumineux comportant une part importante de soufre (d’où la corrosivité et le danger, le soufre avec l’eau formant de l’acide sulfurique) qui sont très différents des types de pétrole couramment exploités actuellement.
Traditionnellement, vous en avez l’habitude, le volume de pétrole est donné en barils. Et, par définition, un baril est un volume de 159 litres. Mais, évidemment, le poids d’un baril de brent (qualité de pétrole venant de la mer du Nord) n’est pas le même que celui d’un baril de bitume venant de l’Alberta, qui nécessite de plus un traitement physico-chimique important avant d’être exploitable par l’industrie qui sait traiter le brent. D’ailleurs, la masse volumique n’est pas le seul point important dans le pétrole, et il faut faire intervenir la longueur des chaînes carbonées caractéristiques de la viscosité. En pratique, on calcule la qualité du pétrole en °API, ce qui ne va pas simplifier notre compréhension.
Notre civilisation actuelle est celle de l’énergie.
La découverte du pétrole et la capacité industrielle que cela nous a permis a entraîné l’essor de tout un ensemble de techniques (transport, exploitation agricole, industrie alimentaire, chauffage en régions ou conditions climatiques froides, etc.). L’exploitation du pétrole a vraiment commencé au début du XIXe siècle, et la population était alors d’environ 1,1 milliard d’hommes dans le monde.
Aujourd’hui, cette population est de 6,7 milliards qui dépendent entièrement de l’énergie pour être transportés, nourris, chauffés, soignés, travailler et, même la plupart du temps, abreuvés (traitement de l’eau). Et la liste n’est pas exhaustive.
Un arrêt brutal de la disponibilité d’énergie provoquerait probablement un retour à des capacités correspondant à une population similaire à celle du XIXe siècle, à savoir la disparition d’une grande partie des 80 % de la population mondiale (surplus de population par rapport à l’avant-pétrole).
Tout ce qui suit dans l’article n’est qu’un éclaircissement concernant le pétrole (et le gaz) pour mieux comprendre ce que je viens d’écrire, et en particulier les affirmations du chapeau de l’article et du paragraphe précédent.
Vous l’avez compris, je ne suis pas très optimiste pour le futur de l’humanité, et je ne suis pas non plus très optimiste sur la capacité de nos dirigeants d’aujourd’hui à pouvoir collectivement choisir la solution la meilleure pour notre sauvegarde de demain.
L’ENERGIE
Gaz, pétrole et charbon (énergies fossiles) représentent actuellement environ 85 % de l’énergie consommée dans le monde (source CNUCED). Les énergies renouvelables représentent moins de 15 % de la consommation énergétique, y compris l’utilisation du bois et de la biomasse solide qui représente 77 % de l’énergie renouvelable. Encore que, comme Jean-Marc Jancovici (Ingénieur X, consultant, spécialiste international sur les énergies) le répète souvent, le bois pourrait être une énergie renouvelable, mais compte tenu d’un surplus important de consommation par rapport au renouvellement, ce serait plutôt de la déforestation.
Parmi toutes les sources d’énergie, le pétrole représente donc encore près de 40 % dans le monde (source CNUCED). Et son extraction (supposons que l’extraction soit un coût moyen de 10$ le baril en tête de puits) coûte environ 0,4 ct d’euro le kWh (si on le convertit en électricité). Soit bien moins que l’éolien qui coûte entre 6 et 8 cts d’euro le kWh. L’hydroélectricité est de l’ordre du coût du kWh thermique, mais on est forcément limité en nombre de barrages (2,4 % de la production mondiale d’énergie).
LE PETROLE
Donc, pour l’instant, pas moyen de se passer de pétrole.
Les réserves mondiales sont en constante évolution, et même en progression alors qu’on continue d’en consommer de plus en plus. A titre d’exemple, les réserves prouvées (nous reviendrons sur ce terme) étaient de 72 milliards de tonnes en 1970 (juste avant le premier choc pétrolier de 74). En 2005, elles étaient de 140 milliards de tonnes alors qu’entre 1970 et 2005, nous en avons extrait 110 milliards de tonnes.
Miracle de la découverte diriez-vous.
En fait, pas du tout. D’ailleurs, depuis 1980, on ne découvre plus de champs "géants" (supérieurs à 2 milliards de tonnes) et les réserves ultimes n’ont pas bougé.
DEFINITIONS DES RESERVES PETROLIERES
Nous voici arrivés au point où il est indispensable de poser les choses et de donner quelques définitions :
Réserves ultimes : quantité de pétrole total qui a été créé par la nature dans le monde. Les réserves ultimes sont la somme de la quantité déjà produite (consommée ou non), des réserves prouvées, des réserves probables et des réserves possibles.
Réserves prouvées : quantité du pétrole prouvé (trouvé) que l’on peut extraire avec des technologies existantes à un coût compatible avec sa commercialisation compte tenu du prix actuel.
Réserves probables : regroupe à la fois la part supplémentaire du pétrole prouvé (trouvé) qui pourra être exploité avec l’avancement probable de la technologie d’extraction (technologie et coût) et la part de pétrole non trouvé estimée, mais dont les indices permettent d’affirmer qu’il existe même si on ne l’a pas encore trouvé.
Réserves possibles : la quantité de pétrole estimée que l’on imagine qu’il puisse exister compte tenu de la géologique et de l’histoire de la terre.
Réserves : le mot sans autre précision est en général calculé en ajoutant les réserves prouvées, 50 % des réserves probables et 25 % des réserves possibles.
LES RESERVES DE PETROLE DANS LE MONDE
Nous avons vu que les réserves ultimes n’ont pas changé. Elles sont de 350 milliards de tonnes, et nous en avons déjà extrait environ 150 milliards de tonnes.
Maintenant, pour entrer plus dans le détail, il va falloir changer une nouvelle fois de degré de complexité, car il n’y a pas un seul type de pétrole car sa composition change de façon très importante selon les sources. En particulier, dans la suite de l’article nous allons parler des pétroles très épais du type bitumineux comportant une part importante de soufre (d’où la corrosivité et le danger, le soufre avec l’eau formant de l’acide sulfurique) qui sont très différents des types de pétrole couramment exploités actuellement.
Traditionnellement, vous en avez l’habitude, le volume de pétrole est donné en barils. Et, par définition, un baril est un volume de 159 litres. Mais, évidemment, le poids d’un baril de brent (qualité de pétrole venant de la mer du Nord) n’est pas le même que celui d’un baril de bitume venant de l’Alberta, qui nécessite de plus un traitement physico-chimique important avant d’être exploitable par l’industrie qui sait traiter le brent. D’ailleurs, la masse volumique n’est pas le seul point important dans le pétrole, et il faut faire intervenir la longueur des chaînes carbonées caractéristiques de la viscosité. En pratique, on calcule la qualité du pétrole en °API, ce qui ne va pas simplifier notre compréhension.
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