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Le secteur des boissons en effervescence en Algérie

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  • Le secteur des boissons en effervescence en Algérie

    LA TRIBUNE : Comment se présente aujourd’hui le secteur des boissons en Algérie ?

    M. Slim Othmani : Le secteur des boissons vit actuellement une situation véritablement chaotique par l’arrivée massive d’opérateurs non professionnels attirés par la croissance observée dans ce secteur d’activité, plus spécifiquement dans les sous-filières Eaux minérales et Boissons aux fruits.

    Les services du registre du commerce ont recensé plus de 1 400 opérateurs dont la moitié sont déclarés en tant que personnes physiques (opérant vraisemblablement à partir de leurs domiciles comme c’est le cas dans la région de Tipasa et dans certaines régions de l’Est algérien…). Les professionnels se sont regroupés au sein de l’Association algérienne des producteurs de boissons (APAB) mais les risques d’exposition à l’administration fiscale par le simple fait de la visibilité de cette association a eu pour conséquence un nombre restreint d’adhérents qui ont tout de même l’avantage de représenter près de 70% du volume du marché algérien.

    Il est important de rappeler cette fameuse phrase de Pasteur : «Nous buvons nos maladies…» qui souligne toute l’importance de ce secteur pour ce qui a trait à la santé de la population. Il est malheureusement regrettable que les rares interventions, en ce qui concerne notre secteur, des services en charge de la protection du consommateur algérien se résument bien souvent à des futilités, ignorant le drame qui se joue quotidiennement aux portes de leurs bureaux et de leurs domiciles. Il suffit, en effet, de faire un tour sur le marché pour relever l’ampleur du phénomène et des conséquences potentielles. Je serais curieux de savoir combien d’unités de production ont fait l’objet d’inspections de la part des services d’hygiène, de savoir combien d’opérateurs traitent l’eau utilisée pour le conditionnement des boissons, combien d’opérateurs lavent leurs bouteilles et avec quelle eau. Je serais aussi curieux de savoir combien d’opérateurs sont capables de citer les noms d’ingrédients interdits et combien en utilisent, combien de producteurs d’eau minérale savent qu’il leur est interdit de filtrer une eau minérale mais que cela est possible sous certaines conditions sévèrement encadrées (par définition une eau minérale n’est pas destinée à la consommation quotidienne car ayant des vertus thérapeutiques)… Les réponses à toutes ces questions qui pourraient faire l’objet d’une étude nous édifieraient sur la profondeur et la gravité du mal qui touche cette industrie.

    Quels sont les problèmes auxquels sont confrontés les producteurs de boissons ?

    Outre la concurrence déloyale, l’industrie des boissons souffre au même titre que les autres industries d’une fiscalité patronale trop lourde à supporter. D’autre part, l’ouverture des frontières qui se profile à l’horizon 2012 n’augure rien de bon car cette ouverture nous exposera inéluctablement à une concurrence difficile à supporter en raison du simple fait que la structure de coûts d’un opérateur européen sera forcement différente de la nôtre, étant donné que l’industriel européen paie moins de droits et taxes sur les ingrédients importés. N’ayant prévu aucun mécanisme pour compenser cette distorsion (à moins de faire appliquer la clause de sauvegarde) je ne vois comme solution que celle de revoir de fond en comble la politique tarifaire des Douanes algériennes. Plus étrange, on observe actuellement des opérateurs qui, au vu et au su de tous, refusent de déclarer leurs employés et refusent de payer et la TVA et leurs impôts sous prétexte que c’est contraire à la religion… ! Mais dans quel pays vivons-nous ? Vous seriez surpris de connaître le nom de cet opérateur, très connu au demeurant et qui refuse d’adhérer à l’APAB pour des raisons que je vous laisse imaginer.

    Qu’en est-il justement de la concurrence déloyale ?

    La concurrence déloyale et la tromperie sur la qualité sont incontestablement les deux principaux problèmes auxquels sont confrontés les opérateurs. Ces deux maux qui rongent notre industrie sont aussi bien pratiqués par des industriels algériens indélicats que par des importateurs.
    La lecture des statistiques douanières révèlent des incohérences flagrantes qui ne semblent pas avoir éveillé un quelconque soupçon de la part de notre administration douanière, censée protéger notre économie. Pourtant, la mécanique est bien claire : l’importateur s’entend avec son fournisseur étranger pour sous-facturer les produits objet de la transaction. Les produits feront donc l’objet d’une facture payée par voie bancaire (domiciliée) et d’un complément de facture payée en espèces à l’étranger. Une fois sur le marché algérien, les produits ainsi sous-taxés seront revendus de la même façon, une partie facturée et une autre partie en espèces qui sera échangée sur le marché parallèle par l’importateur.

    Le secteur auquel vous appartenez fait face à des producteurs véreux qui présentent des produits non conformes avec des conséquences lourdes sur la production nationale et sur la santé du citoyen. Qu’en est-il ?


    Pour ce qui est de la tromperie sur la qualité, le mal est bien plus complexe puisque certains opérateurs ayant pignon sur rue et arborant un label international ne se gênent pas pour induire en erreur les consommateurs à travers des textes trompeurs sur leurs étiquettes. De même, l’usage intempestif et extrêmement dangereux d’ingrédients carrément interdits ou à des doses plusieurs fois supérieures aux normes admises par l’Organisation mondiale de la santé et régies par les textes du Codex Alimentarius laisse perplexe sur l’éthique dans la profession.
    Ceci concerne aussi bien les conservateurs, les colorants, les épaississants, les édulcorants et bien d’autres produits entrant dans la composition des boissons.

    Quelles sont vos propositions pour faire face à cette situation ?


    Je pense qu’il est contreproductif d’aller vers une confrontation. Le consommateur doit être informé de ce qu’il consomme et la communication est l’élément clé.

    Il ne faut cependant pas négliger le dialogue entre les institutions et l’APAB ainsi que le volet moyens humains et matériels mis à disposition pour endiguer le fléau, ce qui nous ramène à la volonté politique d’avoir tout simplement : une économie assainie et une population en bonne santé.
    Donner l’exemple est aussi une bonne façon d’éduquer et les opérateurs et la population. Quand il y a tromperie sur la qualité, pourquoi ne pas communiquer à l’échelle nationale et bien visible les sanctions infligées à l’opérateur et pourquoi ne pas obliger ce dernier à présenter des excuses par voie de presse (en pleine page) aux consommateurs algériens qu’il a induits en erreur et dont il a exposé la santé…

    Enfin, lors de l’assemblée générale de l’Association des producteurs de boissons tenue à Rouiba, vous avez évoqué le danger des jus à base de pulpe de fruits conditionnés dans des bouteilles en plastique ?

    Effectivement, leur usage ne devient dangereux que si l’interaction contenant-contenu n’est pas bien comprise par l’industriel et que les règles de conditionnement (remplissage) ne respectent pas les normes d’usage.
    Nous observons des dizaines de marques de boissons en contenant plastique (PET) qui, pour pouvoir inclure de la pulpe de fruits dans leurs produits se voient contraintes de mettre des doses excessives de conservateurs (ceci car elles n’ont pas la technologie adaptée à ce type de boissons). Je pense donc qu’une des solutions serait, d’une part, la surveillance attentive (de la part de la répression des fraudes) des taux de conservateurs et épaississants figurant dans les produits et, d’autre part, une surveillance accrue de la stabilité des bouteilles sur le marché (attention aux bouteilles gonflées)… Je fais donc référence à de la vigilance avec un grand V, en pensant à la Victoire de la qualité sur la médiocrité…

    Par la Tribune

  • #2
    Les producteurs de boissons s'affairent et l'association des producteurs de boissons veut eliminer les petits producteurs et les populistes.

    Ce publireportage (en interview) annonce en tout cas une reorganisation de ce secteur des boissons. Chacun defend sa croute. Le marche informel ne se limite pas aux operations d'epicerie mais egalement a la fabrication. Othmani pointe de doight des pratiques de commerce international connues de tous. Personne n'y peut rien. La conjugaison des regles commerciales internationales et les pratiques moyen ageuses de nos banques ouvrent le champ a de l'imagination et aux operations illegales en toute quietude et tranquilite de conscience. Il existe une sorte de fierte chez ceux qui volent l'etat qui se comporte souvent comme un Beylik.


    Juste pour l'anecdote : Seule la Fenta de Othmani m'avait rendu malade une fois.

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