Michèle Alliot-Marie a déclaré aux confrères d’ El Watan : «Nous avons besoin de l’expérience et de l’expertise des services de sécurité algériens en matière de lutte contre le terrorisme.» Ça fait plaisir d’entendre Madame la ministre de l’intérieur dire des choses pareilles. Ça fait plaisir, et dans le même temps, ça fait tout de même bizarre. Sans vouloir jouer au fouillepoubelle, à l’«exhumateur» de cadavres, j’ai pourtant souvenir de déclarations d’officiels, de hauts responsables et de ministres français qui ne s’embarrassaient pas de formules pour qualifier les flics et les militaires algériens de «tortionnaires, de liquidateurs en masse d’une opposition armée et de barbouzes assoiffées du sang des combattants islamistes». J’ai aussi le souvenir que le moindre bâtiment, la plus infime des casernes de quartier était soupçonnée d’abriter un centre de torture où des bandes sadiques de militaires et policiers algériens s’amusaient à couper les doigts et les roubignolles des pauvres tangos au sécateur et à la pince-crocodile. A cette époque de la «junte militaire génocidaire du rêve djihadiste», nous étions tous, publiquement, sur des plateaux télé qui réunissaient des audimats à plus de 35% de parts de marché accusés de cacher la vérité sur le massacre des «éléments armés» du GIA et du GSPC par une armée sans foi ni loi. A cette époque-là, derrière chaque journaliste, il y avait un général ou un DGSN et derrière chaque général et chaque DGSN, un bourreau. C’était le temps où il était exigé des forces de sécurité algériennes qu’elles luttent contre le terrorisme en dorlotant les tangos et en leur offrant des barres chocolatées Mars ou Twix pendant l’aimable échange de questions et de réponses. Aujourd’hui, sans animosité, saluons une nouvelle époque. Celle où la mère Michèle avoue sans rougir que la France «a besoin de l’expérience algérienne ». Que voulez-vous que je vous dise ? Vivons avec notre époque ! Et pour le reste, fumons du thé et restons éveillés, le cauchemar continue.
Source : Le soir d'Algérie
Source : Le soir d'Algérie
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