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Dix raisons de s'effacer
Philippe Gélie
09/05/2008 | Mise à jour : 12:06
LE BILLET DE WASHINGTON - Chaque semaine, Philippe Gélie, correspondant du Figaro à Washington livre son regard sur la campagne américaine.
Voici dix bonnes raisons pour Hillary Clinton de se retirer sans plus attendre de la course à l'investiture démocrate :
1/ Elle ne peut plus gagner dans les urnes, à la régulière. Les seules échappatoires à la défaite portent des noms peu glorieux : manœuvre procédurière, magouille, gaffe énorme de Barack Obama, drame. Une victoire acquise par l'un de ces moyens se paierait sans doute cher face à John McCain en novembre.
2/ Sa dernière cartouche n'est qu'un expédient pour gagner du temps : repousser le seuil qualificatif de 2025 délégués à 2209, en comptant la Floride et le Michigan pour l'instant tenus à l'écart (pour non-respect du calendrier). L'argument ne renforce pas sa position : tout au plus la fait-il apparaître aux abois.
3/ Même la Floride et le Michigan ne peuvent en réalité changer la donne. Quoi que décident les instances d'arbitrage du parti à leur sujet le 31 mai, ces Etats ne renverseront pas le résultat, et Clinton le sait.
4/ L'argent lui manque : elle a encore dû sortir son chéquier pour se « prêter » 6,4 millions de dollars le mois dernier, ce qui n'a pas empêché Barack Obama de l'écraser financièrement en Caroline du Nord et dans l'Indiana. La désertion de contributeurs en vue lancerait un signal embarrassant.
5/ Ses conseillers n'y croient plus : ils se confient aux journalistes sous couvert d'anonymat, même s'ils ne semblent pas avoir trouvé le courage d'exposer la situation en des termes aussi clairs à la candidate.
6/ La presse et les experts l'enterrent. Ce n'est pas la première fois, certes. Mais aujourd'hui, cela peut avoir un impact psychologique sur les superdélégués encore indécis, qui représentent son tout dernier espoir. Pourquoi miseraient-ils sur une retardataire si près de la ligne d'arrivée ? Certains se rallient déjà à Obama, y compris parmi ceux qui soutenaient Clinton jusqu'ici.
7/ Barack Obama n'a pas volé l'investiture, il l'a au contraire conquise de haute lutte. S'il a perdu quelques plumes dans la bataille, il a fait la preuve d'une résistance exceptionnelle. Les démocrates peuvent espérer que cette force soit suffisante contre John McCain.
8/ Tout le monde est pressé d'en finir. L'unité du parti est en jeu. Ses dirigeants appellent les superdélégués à se rallier publiquement à l'un des deux rivaux d'ici à juin, afin de clarifier les comptes avant la convention démocrate, fin août.
9/ Les prochaines semaines risquent de réserver une série d'humiliations à Hillary Clinton : trahisons publiques, commentaires acerbes, image ternie, discrédit politique. Or, la candidate et son premier conseiller, l'ancien président, ont beaucoup à perdre. Hillary doit penser à son avenir de sénateur, Bill à son héritage historique.
10/ La primaire de Virginie Occidentale, qu'elle est en position de remporter mardi, lui offre une chance, peut-être la dernière, de sortir la tête haute. Se grandir dans la défaite, est-ce une notion clintonienne ? Il n'est d'art plus difficile que celui de rendre les armes.
Philippe Gélie
09/05/2008 | Mise à jour : 12:06
LE BILLET DE WASHINGTON - Chaque semaine, Philippe Gélie, correspondant du Figaro à Washington livre son regard sur la campagne américaine.
Voici dix bonnes raisons pour Hillary Clinton de se retirer sans plus attendre de la course à l'investiture démocrate :
1/ Elle ne peut plus gagner dans les urnes, à la régulière. Les seules échappatoires à la défaite portent des noms peu glorieux : manœuvre procédurière, magouille, gaffe énorme de Barack Obama, drame. Une victoire acquise par l'un de ces moyens se paierait sans doute cher face à John McCain en novembre.
2/ Sa dernière cartouche n'est qu'un expédient pour gagner du temps : repousser le seuil qualificatif de 2025 délégués à 2209, en comptant la Floride et le Michigan pour l'instant tenus à l'écart (pour non-respect du calendrier). L'argument ne renforce pas sa position : tout au plus la fait-il apparaître aux abois.
3/ Même la Floride et le Michigan ne peuvent en réalité changer la donne. Quoi que décident les instances d'arbitrage du parti à leur sujet le 31 mai, ces Etats ne renverseront pas le résultat, et Clinton le sait.
4/ L'argent lui manque : elle a encore dû sortir son chéquier pour se « prêter » 6,4 millions de dollars le mois dernier, ce qui n'a pas empêché Barack Obama de l'écraser financièrement en Caroline du Nord et dans l'Indiana. La désertion de contributeurs en vue lancerait un signal embarrassant.
5/ Ses conseillers n'y croient plus : ils se confient aux journalistes sous couvert d'anonymat, même s'ils ne semblent pas avoir trouvé le courage d'exposer la situation en des termes aussi clairs à la candidate.
6/ La presse et les experts l'enterrent. Ce n'est pas la première fois, certes. Mais aujourd'hui, cela peut avoir un impact psychologique sur les superdélégués encore indécis, qui représentent son tout dernier espoir. Pourquoi miseraient-ils sur une retardataire si près de la ligne d'arrivée ? Certains se rallient déjà à Obama, y compris parmi ceux qui soutenaient Clinton jusqu'ici.
7/ Barack Obama n'a pas volé l'investiture, il l'a au contraire conquise de haute lutte. S'il a perdu quelques plumes dans la bataille, il a fait la preuve d'une résistance exceptionnelle. Les démocrates peuvent espérer que cette force soit suffisante contre John McCain.
8/ Tout le monde est pressé d'en finir. L'unité du parti est en jeu. Ses dirigeants appellent les superdélégués à se rallier publiquement à l'un des deux rivaux d'ici à juin, afin de clarifier les comptes avant la convention démocrate, fin août.
9/ Les prochaines semaines risquent de réserver une série d'humiliations à Hillary Clinton : trahisons publiques, commentaires acerbes, image ternie, discrédit politique. Or, la candidate et son premier conseiller, l'ancien président, ont beaucoup à perdre. Hillary doit penser à son avenir de sénateur, Bill à son héritage historique.
10/ La primaire de Virginie Occidentale, qu'elle est en position de remporter mardi, lui offre une chance, peut-être la dernière, de sortir la tête haute. Se grandir dans la défaite, est-ce une notion clintonienne ? Il n'est d'art plus difficile que celui de rendre les armes.
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