Compte rendu d'un livre sur le voile en France:
Les filles voilées parlent, d’Ismahane Chouder, Malika Latrèche et Pierre Tevanian
« Marianne, ta tenue n’est pas laïque ! »
« Les filles voilées parlent » ? On en voit d’ici qui, au seul énoncé de ce titre, brandissent le crucifix et agitent la gousse d’ail. Autant dire « Belzébuth parle », ou « l’Etrangleur du Yorkshire parle » ! Au cours des mois qui ont précédé le vote de la loi du 15 mars 2004 interdisant le voile à l’école (hypocritement baptisée « loi sur la laïcité à l’école »), l’hystérie médiatique autour de cette question a persuadé la population entière que ces jeunes filles qui choisissaient de ne pas montrer leurs cheveux ou leurs oreilles, sorte de démons femelles, étaient la source de tous ses maux, et constituaient le principal problème auquel le pays était confronté - « c’est à cause de vous que tout va mal en France » revient souvent parmi les invectives qu’elles rapportent. On s’est déchiré sur le sujet, on a produit une quantité ahurissante d’arguments (y compris ici même) en faveur ou en défaveur d’une loi, mais on n’a pas jugé bon de demander leur avis aux principales intéressées. C’est à cette lacune que vient remédier le livre d’Ismahane Chouder, Malika Latrèche et Pierre Tevanian (du collectif Les mots sont importants), qui montre l’ampleur des dégâts - absolument invisibles dans les médias - causés par la loi de 2004.
Cette confiscation de la parole a même été assumée et théorisée par les partisans de la loi : il pouvait être dangereux de les laisser parler - des fois que ces sorcières auraient le pouvoir, par leur verbe maléfique, de transformer notre belle France « laïque » en crapaud islamique. Admise dans un établissement privé après son exclusion du lycée, Zeinab, 19 ans, découvre qu’on a mis en garde ses nouveaux camarades à son sujet : « Je me suis rendu compte que le proviseur avait fait une intervention dans ma classe de terminale L pour annoncer ma venue, en disant qu’ils allaient accueillir une élève voilée qui avait une forte personnalité, et qu’ils ne devaient pas se laisser influencer. » Arrière, Satan ! Toutes les interviewées du livre disent leur impression de « parler à des murs » chaque fois qu’elles ont voulu discuter. Zahra Gammaleddyn, 15 ans, raconte ses démêlés avec un proviseur qui ne faisait que lui répéter « vous enlevez ce que vous avez sur la tête » : « On aurait dit un automate. J’aurais pu lui dire n’importe quoi, par exemple : “je me sens mal, j’ai envie de vomir”, il m’aurait répondu : “vous enlevez ce que vous avez sur la tête” ! » Mariame, 19 ans, se fait rembarrer dès qu’elle ouvre la bouche par l’assistante sociale qu’on a envoyée dans son lycée pour tenter une médiation avec les élèves voilées : « Non, toi, on m’a dit qu’on ne pouvait pas te parler, que tu étais manipulée et que tu manipulais tes camarades. »
A quoi bon discuter avec elles, en effet, puisqu’elles sont « aliénées », « conditionnées », « manipulées » par les intégristes ? L’ironie, qui apparaît de manière flagrante dans ce livre, c’est que, la France n’étant ni l’Iran ni l’Afghanistan, on avait affaire, dans l’écrasante majorité des cas, à des jeunes filles qui avaient décidé de porter le foulard au terme d’une réflexion individuelle, souvent contre l’avis de leur famille - leurs parents, partisans du « pas de vagues », étaient en outre catastrophés à l’idée de les voir hypothéquer leur avenir. S’il y avait endoctrinement et « conditionnement » dans cette histoire, c’est bien plutôt du côté de tous ceux qui devenaient fous à la seule vue de leur foulard, sur lequel ils plaquaient des fantasmes soufflés ou réactivés par l’hypnose médiatique. Les regards dans la rue, témoigne Sana, 25 ans, sont « assez changeants » : « Tantôt ça se calme, tantôt les gens nous regardent vraiment de travers, et alors on se dit : “Mais qu’est-ce qui est passé hier soir à la télé ?” On va voir les programmes de la veille, et on trouve toujours quelque chose ! La télévision fait un vrai lavage de cerveau ! » « Un jour, renchérit Karima, 29 ans, j’ai rencontré une femme qui m’a ressorti d’une traite tout ce qui se disait à la télé depuis le début de l’affaire ! C’en était comique. » Même constat chez Khadija, 21 ans, qui se rappelle les questions dont on la bombardait en 2003 : « J’avais l’impression que les gens avaient regardé un débat télévisé la veille et qu’ils se sentaient investis d’une mission : voler au secours de la première fille voilée pour lui expliquer qu’elle était aliénée et la libérer ! » Hanane, 27 ans, se souvient avec un écœurement particulier de l’automne 2003 : « Entre mes galères de boulot et les débats télé, avec des pseudo-spécialistes de l’islam et des pseudo-féministes qui mélangeaient tout, le voile, les mariages forcés et l’excision, j’ai eu une overdose ! »
« Retourne à Téhéran ! »
A un journaliste qui lui demandait, quelques jours après les attentats du 11 septembre 2001, quel effet cela lui faisait de partager sa religion avec Ben Laden, Mohammed Ali avait rétorqué : « Et vous, quel effet cela vous fait-il de partager la vôtre avec Hitler ? » Difficile de déraciner la conviction que les musulmans forment un seul bloc homogène, et se définissent avant tout comme tels. « Une révolution en Iran, un conflit en Irak, une guerre civile en Algérie, des attentats à New York et à Washington ? Et voilà les caméras qui s’intéressent aux “musulmans” de l’Hexagone, avec l’idée implicite qu’ils sont tous les mêmes », écrit Thomas Deltombe en introduction à son livre L’islam imaginaire (La Découverte, 2005), analyse édifiante de trente ans de représentations médiatiques de l’islam. Systématiquement, on plaque sur les musulmans de France des situations ou des événements qui ne les concernent en rien. Malheur à la petite Française, absolument ordinaire et pacifique, que son cheminement personnel amène à décider de porter le voile... en octobre 2001 ! Elle constate vite que son entourage le prend comme une déclaration de guerre. Les formules du genre « tu sais très bien de quoi je parle », ou « arrête de te foutre de moi », voire « on sait ce que vous êtes », abondent chez les interlocuteurs des filles qui témoignent ici, comme si, pour eux, la cause était entendue : ce voile est forcément un défi, une provocation. Dans la rue ou dans le métro, entre un « ******* » et un « sale connasse », les femmes voilées sont traitées de « filles de Ben Laden ».
Elles s’entendent aussi régulièrement enjoindre de « retourner à Téhéran ». Thomas Deltombe confirme la prégnance de l’obsession iranienne : en 1979, lorsque Khomeyni accède au pouvoir, « les téléspectateurs découvrent des images insolites et un nouveau vocabulaire, écrit-il : “ayatollah”, “mollah”, “tchador”, “chiite”, “sunnite”, “charia”. Les esprits en resteront durablement marqués : à la télévision française, l’Iran khomeyniste fera office pour longtemps de décor naturel pour la religion musulmane ». Au point que dix ans plus tard, quand éclate la première affaire de foulard, à Creil, on parle de « tchadors » : « Alors que le “tchador” est la variété de foulard spécifiquement iranienne et chiite rendue obligatoire par le régime iranien au début des années 1980, la majorité des journalistes l’appliquent à une immigration massivement maghrébine et sunnite qui ne l’a jamais appelé ainsi. Cela donne au foulard une connotation “intégriste” qui renvoie directement au vocabulaire et aux images issus de la révolution iranienne de 1979. » Quand leur proviseure, relativement tolérante, demande à Mariame et à ses camarades voilées d’éviter le voile long et les couleurs sombres « parce que ça rappelle un peu trop l’Iran », elles trouvent la référence si incongrue et choquante que le lendemain, elles débarquent en « bleu blanc rouge » : « Une en bleu, une en blanc et une en rouge ! Et on restait toutes les trois côte à côte, pour que ça se remarque bien ! Les autres élèves étaient morts de rire. » La proviseure, moins.
Le fantasme de la
« colonisation à rebours »
Les images de l’Iran ou de l’Algérie semblent avoir imprégné les consciences au point de faire du foulard un objet magique, auquel on attribue le pouvoir de substituer une réalité étrangère à la réalité française. Si un simple bout de tissu déclenche une telle panique, une telle fureur, c’est parce qu’il alimente la crainte d’une « islamisation de la France » ; la crainte que « ces gens-là » subvertissent « nos » institutions et « nous » imposent leur loi. Dans L’Express, un dessin particulièrement nauséabond de Plantu montrait une fille voilée juchée sur un cheval de Troie derrière lequel se dissimulaient des barbus à la mine patibulaire, qui le poussaient dans l’encadrement d’un portique de pierre au fronton duquel on pouvait lire « République ». Ce fantasme - totalement irrationnel, faut-il le préciser - d’une « colonisation à rebours », autrefois fonds de commerce exclusif des Le Pen et De Villiers, est aujourd’hui accrédité et encouragé y compris par des individus se réclamant de la gauche, comme Caroline Fourest, auteur d’ouvrages plus approximatifs les uns que les autres sur le péril « islamo-gauchiste ». (« Pourquoi des gens de gauche se sont-ils sentis visés par les Indigènes [de la République] ? Parce qu’ils ne sont pas de gauche, mon frère ! », lance en riant Hanane dans Les filles voilées parlent.) Ajoutez-y les convulsions de la pythie iranienne de service, Chahdortt Djavann, l’auteur de Bas les voiles !, à qui des journalistes tendent leur micro avec délectation afin qu’elle répète encore que les hommes musulmans sont des ogres assoiffés du sang de jeunes vierges, des oppresseurs pervers et pédophiles, et vous aurez persuadé l’opinion que la France est en état de siège et qu’elle doit se défendre ; que la gravité de la situation nécessite des mesures exceptionnelles - et tant pis pour les dégâts collatéraux.
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Les filles voilées parlent, d’Ismahane Chouder, Malika Latrèche et Pierre Tevanian
« Marianne, ta tenue n’est pas laïque ! »
« Les filles voilées parlent » ? On en voit d’ici qui, au seul énoncé de ce titre, brandissent le crucifix et agitent la gousse d’ail. Autant dire « Belzébuth parle », ou « l’Etrangleur du Yorkshire parle » ! Au cours des mois qui ont précédé le vote de la loi du 15 mars 2004 interdisant le voile à l’école (hypocritement baptisée « loi sur la laïcité à l’école »), l’hystérie médiatique autour de cette question a persuadé la population entière que ces jeunes filles qui choisissaient de ne pas montrer leurs cheveux ou leurs oreilles, sorte de démons femelles, étaient la source de tous ses maux, et constituaient le principal problème auquel le pays était confronté - « c’est à cause de vous que tout va mal en France » revient souvent parmi les invectives qu’elles rapportent. On s’est déchiré sur le sujet, on a produit une quantité ahurissante d’arguments (y compris ici même) en faveur ou en défaveur d’une loi, mais on n’a pas jugé bon de demander leur avis aux principales intéressées. C’est à cette lacune que vient remédier le livre d’Ismahane Chouder, Malika Latrèche et Pierre Tevanian (du collectif Les mots sont importants), qui montre l’ampleur des dégâts - absolument invisibles dans les médias - causés par la loi de 2004.
Cette confiscation de la parole a même été assumée et théorisée par les partisans de la loi : il pouvait être dangereux de les laisser parler - des fois que ces sorcières auraient le pouvoir, par leur verbe maléfique, de transformer notre belle France « laïque » en crapaud islamique. Admise dans un établissement privé après son exclusion du lycée, Zeinab, 19 ans, découvre qu’on a mis en garde ses nouveaux camarades à son sujet : « Je me suis rendu compte que le proviseur avait fait une intervention dans ma classe de terminale L pour annoncer ma venue, en disant qu’ils allaient accueillir une élève voilée qui avait une forte personnalité, et qu’ils ne devaient pas se laisser influencer. » Arrière, Satan ! Toutes les interviewées du livre disent leur impression de « parler à des murs » chaque fois qu’elles ont voulu discuter. Zahra Gammaleddyn, 15 ans, raconte ses démêlés avec un proviseur qui ne faisait que lui répéter « vous enlevez ce que vous avez sur la tête » : « On aurait dit un automate. J’aurais pu lui dire n’importe quoi, par exemple : “je me sens mal, j’ai envie de vomir”, il m’aurait répondu : “vous enlevez ce que vous avez sur la tête” ! » Mariame, 19 ans, se fait rembarrer dès qu’elle ouvre la bouche par l’assistante sociale qu’on a envoyée dans son lycée pour tenter une médiation avec les élèves voilées : « Non, toi, on m’a dit qu’on ne pouvait pas te parler, que tu étais manipulée et que tu manipulais tes camarades. »
A quoi bon discuter avec elles, en effet, puisqu’elles sont « aliénées », « conditionnées », « manipulées » par les intégristes ? L’ironie, qui apparaît de manière flagrante dans ce livre, c’est que, la France n’étant ni l’Iran ni l’Afghanistan, on avait affaire, dans l’écrasante majorité des cas, à des jeunes filles qui avaient décidé de porter le foulard au terme d’une réflexion individuelle, souvent contre l’avis de leur famille - leurs parents, partisans du « pas de vagues », étaient en outre catastrophés à l’idée de les voir hypothéquer leur avenir. S’il y avait endoctrinement et « conditionnement » dans cette histoire, c’est bien plutôt du côté de tous ceux qui devenaient fous à la seule vue de leur foulard, sur lequel ils plaquaient des fantasmes soufflés ou réactivés par l’hypnose médiatique. Les regards dans la rue, témoigne Sana, 25 ans, sont « assez changeants » : « Tantôt ça se calme, tantôt les gens nous regardent vraiment de travers, et alors on se dit : “Mais qu’est-ce qui est passé hier soir à la télé ?” On va voir les programmes de la veille, et on trouve toujours quelque chose ! La télévision fait un vrai lavage de cerveau ! » « Un jour, renchérit Karima, 29 ans, j’ai rencontré une femme qui m’a ressorti d’une traite tout ce qui se disait à la télé depuis le début de l’affaire ! C’en était comique. » Même constat chez Khadija, 21 ans, qui se rappelle les questions dont on la bombardait en 2003 : « J’avais l’impression que les gens avaient regardé un débat télévisé la veille et qu’ils se sentaient investis d’une mission : voler au secours de la première fille voilée pour lui expliquer qu’elle était aliénée et la libérer ! » Hanane, 27 ans, se souvient avec un écœurement particulier de l’automne 2003 : « Entre mes galères de boulot et les débats télé, avec des pseudo-spécialistes de l’islam et des pseudo-féministes qui mélangeaient tout, le voile, les mariages forcés et l’excision, j’ai eu une overdose ! »
« Retourne à Téhéran ! »
A un journaliste qui lui demandait, quelques jours après les attentats du 11 septembre 2001, quel effet cela lui faisait de partager sa religion avec Ben Laden, Mohammed Ali avait rétorqué : « Et vous, quel effet cela vous fait-il de partager la vôtre avec Hitler ? » Difficile de déraciner la conviction que les musulmans forment un seul bloc homogène, et se définissent avant tout comme tels. « Une révolution en Iran, un conflit en Irak, une guerre civile en Algérie, des attentats à New York et à Washington ? Et voilà les caméras qui s’intéressent aux “musulmans” de l’Hexagone, avec l’idée implicite qu’ils sont tous les mêmes », écrit Thomas Deltombe en introduction à son livre L’islam imaginaire (La Découverte, 2005), analyse édifiante de trente ans de représentations médiatiques de l’islam. Systématiquement, on plaque sur les musulmans de France des situations ou des événements qui ne les concernent en rien. Malheur à la petite Française, absolument ordinaire et pacifique, que son cheminement personnel amène à décider de porter le voile... en octobre 2001 ! Elle constate vite que son entourage le prend comme une déclaration de guerre. Les formules du genre « tu sais très bien de quoi je parle », ou « arrête de te foutre de moi », voire « on sait ce que vous êtes », abondent chez les interlocuteurs des filles qui témoignent ici, comme si, pour eux, la cause était entendue : ce voile est forcément un défi, une provocation. Dans la rue ou dans le métro, entre un « ******* » et un « sale connasse », les femmes voilées sont traitées de « filles de Ben Laden ».
Elles s’entendent aussi régulièrement enjoindre de « retourner à Téhéran ». Thomas Deltombe confirme la prégnance de l’obsession iranienne : en 1979, lorsque Khomeyni accède au pouvoir, « les téléspectateurs découvrent des images insolites et un nouveau vocabulaire, écrit-il : “ayatollah”, “mollah”, “tchador”, “chiite”, “sunnite”, “charia”. Les esprits en resteront durablement marqués : à la télévision française, l’Iran khomeyniste fera office pour longtemps de décor naturel pour la religion musulmane ». Au point que dix ans plus tard, quand éclate la première affaire de foulard, à Creil, on parle de « tchadors » : « Alors que le “tchador” est la variété de foulard spécifiquement iranienne et chiite rendue obligatoire par le régime iranien au début des années 1980, la majorité des journalistes l’appliquent à une immigration massivement maghrébine et sunnite qui ne l’a jamais appelé ainsi. Cela donne au foulard une connotation “intégriste” qui renvoie directement au vocabulaire et aux images issus de la révolution iranienne de 1979. » Quand leur proviseure, relativement tolérante, demande à Mariame et à ses camarades voilées d’éviter le voile long et les couleurs sombres « parce que ça rappelle un peu trop l’Iran », elles trouvent la référence si incongrue et choquante que le lendemain, elles débarquent en « bleu blanc rouge » : « Une en bleu, une en blanc et une en rouge ! Et on restait toutes les trois côte à côte, pour que ça se remarque bien ! Les autres élèves étaient morts de rire. » La proviseure, moins.
Le fantasme de la
« colonisation à rebours »
Les images de l’Iran ou de l’Algérie semblent avoir imprégné les consciences au point de faire du foulard un objet magique, auquel on attribue le pouvoir de substituer une réalité étrangère à la réalité française. Si un simple bout de tissu déclenche une telle panique, une telle fureur, c’est parce qu’il alimente la crainte d’une « islamisation de la France » ; la crainte que « ces gens-là » subvertissent « nos » institutions et « nous » imposent leur loi. Dans L’Express, un dessin particulièrement nauséabond de Plantu montrait une fille voilée juchée sur un cheval de Troie derrière lequel se dissimulaient des barbus à la mine patibulaire, qui le poussaient dans l’encadrement d’un portique de pierre au fronton duquel on pouvait lire « République ». Ce fantasme - totalement irrationnel, faut-il le préciser - d’une « colonisation à rebours », autrefois fonds de commerce exclusif des Le Pen et De Villiers, est aujourd’hui accrédité et encouragé y compris par des individus se réclamant de la gauche, comme Caroline Fourest, auteur d’ouvrages plus approximatifs les uns que les autres sur le péril « islamo-gauchiste ». (« Pourquoi des gens de gauche se sont-ils sentis visés par les Indigènes [de la République] ? Parce qu’ils ne sont pas de gauche, mon frère ! », lance en riant Hanane dans Les filles voilées parlent.) Ajoutez-y les convulsions de la pythie iranienne de service, Chahdortt Djavann, l’auteur de Bas les voiles !, à qui des journalistes tendent leur micro avec délectation afin qu’elle répète encore que les hommes musulmans sont des ogres assoiffés du sang de jeunes vierges, des oppresseurs pervers et pédophiles, et vous aurez persuadé l’opinion que la France est en état de siège et qu’elle doit se défendre ; que la gravité de la situation nécessite des mesures exceptionnelles - et tant pis pour les dégâts collatéraux.
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