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Les Allemands, les Français et l'Euro

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  • Les Allemands, les Français et l'Euro

    par noreply@ (spin) -

    Il y a une chose qui est entendu en Europe, c'est que les Allemands sont courageux et européens : ils aiment l'Euro fort, la stabilité monétaire et l'indépendance de la BCE et font les réformes afin d'améliorer leur compétitivité sans recourir à l'illusoire arme monétaire. Tandis que les français c'est l'inverse, ils sont lâches et anti-européens (d'ailleurs ils ont voté non en 2005, un signe je vous dis) : ils n'aiment pas l'Euro fort, préféraient dévaluer comme au bon vieux temps plutôt que de faire des réformes et veulent s'attaquer à l'indépendance de la BCE transformée en épouvantail et bouc-émissaire parce qu'ils n'ont pas le courage de s'attaquer à leurs propres problèmes.

    Voilà deux clichés européens qui sont entendus et qui sont ressortis à toutes les sauces : le président Sarkozy explique les difficultés du commerce extérieur et de la France par l'Euro trop fort, toutes les oppositions répliquent que l'Allemagne arrive à s'en sortir avec le même euro, les patrons délocalisent en zone dollar pour sauvegarder la compétitivité des entreprises françaises, ce sont des méchants patrons français qui ne pensent qu'aux profits et les patrons allemands eux non pas besoin de délocaliser pour avoir des entreprises performantes à l'export...Non non c'est définitif les français sont lâches et les allemands courageux. Cela est dit quotidiennement dans les médias et pas par les plus bêtes des économistes et des hommes politiques donc cela doit être vrai.

    Mais voilà, depuis quelques mois, les allemands aussi commencent à critiquer l'euro fort, trop fort. Avec un peu d'ironie, on pourrait dire que c'est depuis que le président Sarkozy est élu et qu'il a réussi à corrompre les valeureux allemands. Plus sérieusement, les critiques sont venues doucement, d'abord de la part des patrons des entreprises qui ont vu les premières difficultés arrivées pour leurs entreprises puis elles commencent à être reprises par la classe politique. Malgré leur orthodoxie historique en matière monétaire, les allemands commencent à mettre en cause la stratégie monétaire de Jean-Claude Trichet plus concerné par contenir l'inflation qu'il crée lui-même (par un décalage avec les taux américains trop importants) que par la croissance de la zone Euro. Comme par hasard, ce revirement de position allemand est concomitant à une dégradation des perspectives sur la production industrielle causée par une baisse de l'export hors Europe (là où le taux de change défavorable dégrade la compétitivité des pays de la zone Euro). L'Euro fort fait peser un risque sur la croissance allemande (qui a été de 2,9% en 2006 et 2,5% 2007 contre des prévisions à 1,3% en 2008) et les allemands se mettent donc à critiquer l'Euro, la stratégie monétaire de Jean-Claude Trichet et appelle à une plus grande concertation en matière de gouvernance de la zone Euro et dans la politique monétaire. Les critiques sont encore douces par rapport à celles de notre classe politique mais il faut se souvenir qu'il n'y a pas si longtemps les français aussi critiquaient doucement et proposer une meilleure "coordination", une meilleure "concertation dans la gestion de l'Euro. Si l'Euro continue à monter à ce rythme, nous verrons probablement les allemands aussi offensifs que nous sur ce sujet (pas aussi virulents dans les attaques parce que ce n'est pas leur façon de faire de la politique, ils préfèrent l'efficacité aux grands discours à effet de manche des français).

    Comme quoi en matière d'Europe et d'Euro, il n'y a pas d'un côté les bons élèves et de l'autre les mauvais, il y a seulement des nations soucieuses de la défense de leurs intérêts. Tant que la politique menée au niveau de l'Europe et de la BCE sert leurs intérêts alors toutes les nations sont pro-européennes, lorsque c'est l'inverse, elles sont eurosceptiques. Sur l'Euro, la seule différence entre la France et l'Allemagne est le niveau à partir duquel les intérêts sont menacés et que les critiques se déclenchent. C'était un 1,30 pour la France, c'est 1,50 pour l'Allemagne. Cela est du à la structure des économies des pays et alors leurs spécialisation-produit. Voilà le terrain sur lequel devrait porter la critique : sur les choix de politique économique (par exemple la France a toujours fait une politique pro-grands groupes tandis que l'Allemagne a privilégié les grosses PME) et de politique industriel de notre pays (industries « politisées » comme Airbus, Alstom, Areva, EADS, Dassault, DCN, industries de produits à très fortes valeur ajoutée comme le luxe ou de grande consommation pour la France contre les industries de machine-outil, d'équipement et à forte qualité-fiabilité pour l'Allemagne).
    Ce que vous faites de bien et de mal, vous le faites à vous
    Mahomet
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