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    - 27 avril 2008 - par FRANÇOIS SOUDAN

    Diplomate au long cours et ancien président du Comité des sanctions de l’ONU, le Néerlandais Peter Van Walsum a la réputation d’être un homme prudent. Ce qui ne donne que plus d’éclat au pavé que l’envoyé personnel du secrétaire général au Sahara occidental a lancé, le 21 avril, dans la mare du Conseil de sécurité (voir p. 14). Manifestement à bout de souffle et de patience après de multiples tournées dans la région et quatre rounds stériles de négociations (ou plutôt de monologues) entre le Maroc et le Front Polisario, Van Walsum a donc brisé un tabou : celui qui exige d’un médiateur onusien de ne jamais avoir d’opinion personnelle. Applaudi par les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne et évidemment le Maroc, attaqué par l’Algérie, l’Afrique du Sud et bien sûr le Polisario, finalement soutenu (après quelques hésitations) par Ban ki-Moon lui-même, ce frêle septuagénaire n’a pas hésité à mettre les pieds dans le plat : « L’indépendance du Sahara occidental n’est pas une proposition réaliste. » Et cela, au terme d’un raisonnement en trois points. 1) Le statu quo actuel, qui semble arranger tout le monde, est moralement inadmissible car il pénalise le principal concerné : le peuple sahraoui ; 2) La réalité juridique dont se réclame le Polisario pour exiger un référendum et la réalité politique de la possession physique du territoire par le Maroc sont inconciliables ; 3) Dans la mesure où le Conseil de sécurité considère depuis quatre ans comme un fait acquis le refus marocain d’un référendum d’autodétermination, le seul moyen de s’en sortir est que le Polisario accepte de négocier une solution dont « le résultat sera forcément en-deçà de l’indépendance totale ».


    En s’avançant de la sorte, Peter Van Walsum, dont la mission vient d’être renouvelée, a évidemment pris le risque d’être de facto récusé par l’une des deux parties au conflit. Mais plutôt que de ne rien faire et de feindre de croire que les négociations-mascarades de Manhasset ont la moindre chance de réussir, il a préféré prendre ses responsabilités. Qui pourrait lui reprocher d’avoir voulu administrer un électrochoc ?
    D’autant que si l’on en croit le tout dernier rapport de Ban Ki-Moon sur ce dossier, en date du 14 avril, le feu couve sous la cendre. On y apprend ainsi que le Polisario a organisé fin mars une manifestation regroupant plusieurs milliers de ses partisans à moins d’un kilomètre du mur de défense marocain et que les Forces armées royales ont averti les Casques bleus de la Minurso qu’elles étaient prêtes à déclencher des frappes aériennes contre les indépendantistes. Il est vrai qu’au même moment, le nombre des appels téléphoniques entre les camps de réfugiés de la région de Tindouf et le Sahara occidental sous administration marocaine a atteint un pic record. Les Sahraouis n’ont qu’une hâte et un désir, celui de revivre ensemble. Mais qui s’en soucie ?
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