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A Buenos Aires, Cendrillon faisait les poubelles

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  • A Buenos Aires, Cendrillon faisait les poubelles

    Comme quoi les fées existent réellement

    A Buenos Aires, Cendrillon faisait les poubelles
    LE MONDE | 15.05.08 | 14h50 • Mis à jour le 15.05.08 | 14h50



    Photographie de Daniela Cott sur son compte Flickr.

    16 ans, Daniela Cott est devenue un mannequin très en vue en Argentine. Mais, il y a seulement trois ans, cette adolescente aux yeux verts faisait les poubelles à Buenos Aires. Comme des centaines de cartoneros, ces pauvres qui, depuis l'effondrement financier de 2001, vivent de cartons, papiers, bouteilles qu'ils revendent pour être recyclés. "Je suis la Cendrillon cartonera", note, rêveuse, Daniela. Elle a été choisie entre mille candidates pour représenter l'Argentine à la finale du concours Elite Model Look, fin avril. Cindy Crawford et Naomi Campbell avaient participé à ce concours qui les a propulsées au rang de top models.
    Tout a commencé un soir de 2005, dans le quartier branché de Palermo, quand une créatrice de mode remarque la beauté insolite de Daniela, pauvrement vêtue et amassant des détritus sur le trottoir. "Tu n'es pas née pour être cartonera", lui dit-elle. D'un coup de baguette magique, la bonne fée habille Daniela et prend des photos qu'elle envoie à une agence de mannequins. Les clichés séduisent un influent agent de la mode argentine, qui offre des cours pour que l'adolescente apprenne à se maquiller et à défiler sur les passerelles. La presse s'empare du conte de fées. Daniela fait la couverture d'un magazine avec une minijupe en jean, entourée de cartoneros. Seules ses mains révèlent ce qu'elle a enduré : coupures, cicatrices, taches brunes, à force d'avoir plongé les mains nues dans les sacs-poubelle. Elle a, depuis, subi des traitements dermatologiques et demande au gouvernement de fournir des gants protecteurs aux cartoneros.
    Son père, au chômage, sa mère et trois de ses neufs frères et sœurs vivent des poubelles. Cela leur rapporte 64 euros par semaine. Ce qu'a gagné Daniela pour son premier casting. Elle espère bientôt acheter une "belle maison" permettant à la famille de fuir un logement exigu, la drogue et la violence de la périphérie de Buenos Aires, où elle est née. Daniela n'a pas honte de son passé. "Cela m'a forgé le caractère", dit-elle. A Buenos Aires, on parle déjà de tourner un film et de publier un livre sur la vie de la nouvelle Cendrillon.


    Christine Legrand (Buenos Aires, correspondante)

    Article paru dans l'édition du 16.05.08
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