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Des pollens de plus en plus précoces

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  • Des pollens de plus en plus précoces

    La saison des rhinites allergiques bat son plein. Après le bouleau, place sera faite aux graminées. De 20 à 30 pc de la population sont concernés.

    Les allergies ne font qu'augmenter. Diverses explications sont avancées.

    Le ciel est bleu, il fait chaud. Les yeux rougissent, on éternue et on se mouche. Pas de doute : y'a des pollens dans l'air ! La saison de la rhinite pollinique avec sensibilisation aux bouleaux est de retour, et ne fait qu'annoncer l'arrivée des graminées, comme nous l'explique le Pr Renaud Louis, chef du service de pneumologie allergologie au CHU de Liège.

    Quels sont plus précisément les principaux symptômes dont souffrent les patients en cette saison ?

    Il s'agit essentiellement de rhinoconjonctivite. Et lorsque la concentration est extrêmement élevée dans l'air, ces pollens de bouleaux peuvent entraîner de l'asthme, mais dans une moindre mesure que ceux de graminées.

    Les pollens sont-ils plus ou moins irritants que les acariens pour les asthmatiques ?

    Les pollens en général donnent un peu moins d'asthme que les acariens et les moisissures. Ceci s'explique par la différence de la taille des allergènes. Les grains de pollens sont en effet plus gros que les particules allergéniques des acariens et des moisissures. Or, pour provoquer de l'asthme, il faut que les particules soient relativement petites de façon à ce qu'elles pénètrent dans le poumon profond. Donc, plus les particules sont grosses, plus elles vont s'arrêter tôt en chemin dans le trajet respiratoire.

    Quelle est la différence entre l'asthme et la rhinite allergique ?

    L'asthme est une réaction au niveau des bronches et du poumon profond alors que la rhinite allergique se situe au niveau de la muqueuse nasale.

    En quoi consistent les traitements de la rhinite ?

    Outre les médicaments classiques, on peut envisager l'immunothérapie. Il s'agit de vaccinations qui doivent être réservées aux personnes fort allergiques et si possible à un seul allergène. Les meilleurs résultats s'observent en effet chez les patients qui sont monosensibilisés, en particulier pour les graminées, voire les bouleaux. Il ne faut jamais désensibiliser quelqu'un à plusieurs allergènes à la fois. Et il faut être patient, puisque cela prend cinq ans.

    Que peut-on dire de l'évolution des allergies en termes de fréquence et de sévérité ?

    On constate certaines évolutions, selon les régions du globe. Ainsi, en Australie, la fréquence des allergies aux acariens s'est considérablement accrue contrairement aux allergies polliniques. En Europe occidentale, on peut parler d'une fréquence relativement élevée puisque pratiquement 30 pc de la population sont, sur le plan immunologique, prédestinés à développer des allergies. Selon les études, la rhinite allergique concerne 20 à 30 pc de nos concitoyens et l'asthme de 5 à 10 pc.

    Pourquoi la fréquence des allergies est-elle si élevée ?

    Lorsque l'on réalise des études avec des méthodes d'analyse similaires à 30 années d'intervalle, on constate effectivement une croissance que l'on explique avant tout par le mode de vie à l'occidentale. Plusieurs facteurs sont avancés. D'abord, il y a un excès de propreté dans nos habitudes quotidiennes. Vivre dans un environnement fermier ou de type agricole dans les premiers mois de la vie semble diminuer le risque de développer des allergies par la suite. (Voir par ailleurs)
    La sédentarité est également en cause. On sait en effet que l'activité physique régulière est un facteur protecteur contre des manifestations allergiques et en particulier contre l'asthme. Ensuite, le fait de vivre de plus en plus dans les maisons avec des animaux domestiques joue aussi un rôle. Si cette compagnie semble bénéfique pour le développement du système immunitaire du jeune enfant (voir par ailleurs), elle peut favoriser le déclenchement d'allergies chez les adultes. Il faut effectivement bien faire la distinction entre l'exposition à un allergène ou à des particules organiques venant d'un contact étroit avec des animaux au début de la vie et pouvant avoir un effet protecteur sur l'orientation vers un système immunitaire allergique, et le contact avec des particules allergéniques vers 15-20 ans, chez quelqu'un dont le système immunitaire est déjà constitué.

    L'important est donc d'avoir un contact, dans les premières années de la vie, avec un animal ?

    Tout à fait, qu'il s'agisse d'un chat, d'un chien ou d'un cochon, pourvu qu'il y ait un contact avec des particules "sales", biologiques. Pas de la suie ou du diesel, bien évidemment ! Quand un gamin laisse tomber sa "chique" par terre, la ramasse et la remet en bouche, j'encourage les parents à le laisser faire. Car le contact avec des endotoxines (toxines bactériennes) dans la prime enfance est nécessaire pour réorienter le système immunitaire vers une voie qui n'est pas celle de l'allergie. Il a été bien démontré que les enfants qui ont grandi depuis leur plus jeune âge dans des fermes étaient nettement moins sujets aux allergies.

    Et qu'en est-il de l'impact de la pollution atmosphérique ?

    Il s'agit en effet du quatrième grand facteur mis en cause. Des données récentes démontrent qu'il existe une croissance parallèle entre l'augmentation de la température et le taux en pollens dans l'air. L'augmentation de la température accroît en effet la vitesse de croissance des plantes. Par ailleurs, une étude danoise a mis en évidence un décalage progressif des pics saisonniers. Alors que le pic des pollens de bouleau se situait, en 1978, au Danemark aux alentours du 15 mai, en 2006-2007, il s'est déplacé à la fin du mois d'avril. Il y a donc non seulement déplacement, mais aussi allongement des périodes de pollinisation. Tous ces facteurs peuvent accroître la fréquence des expressions cliniques des maladies allergiques.

    Peut-on devenir allergique à n'importe quel âge ?

    Absolument. On observe ainsi assez régulièrement chez des femmes au-delà de la ménopause le développement de manifestations allergiques. Cela dit, généralement les allergies apparaissent avant l'âge de 20-25 ans. En outre, on peut affirmer que les allergies ont souvent tendance à s'émousser avec les années, puisque l'allergie est une hyperimmunité, c'est-à-dire un fonctionnement excessif du système immunitaire. Le vieillissement de l'organisme se traduit notamment par un système immunitaire moins réactif.

    On évoque aussi de plus en plus souvent l'apparition d'allergies croisées. Quelles en sont les plus fréquentes ?

    Parmi les plus classiques, il y a l'allergie croisée aux pollens de bouleaux et aux fruits à noyaux comme les pêches ou les prunes; aux acariens et aux crustacés ou encore aux chats et à la viande de porc. Ces allergies croisées s'expliquent par l'existence de communautés antigéniques entre les allergènes de certains pollens et ceux de certains aliments. Il s'agit d'allergènes thermo-labiles de sorte que, si quelqu'un est allergique à la pomme, il aura par exemple les lèvres qui gonflent, et sera, à coup sûr, allergique au bouleau, ce qui provoquera une rhinite allergique. Cela dit, le fait d'ingérer de la compote n'entraînera aucune réaction, car l'allergène est thermo-labile, ce qui signifie qu'il est instable à haute température et qu'il perd alors son caractère allergique.

    - Lalibre
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