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Le Cri, de Nacera Belaza

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  • Le Cri, de Nacera Belaza

    Anti-séduction. A ce point-là, impossible de prendre çà pour une pose "pauvre" ou tendance "banlieue". Depuis le pantalon de jogging et le tee-shirt noirs informes jusqu'au plateau vide rongé par l'obscurité, la sobriété de Nacera Belaza est une évidence, un mode de vie et un point de vue sur le monde.

    Pourtant, sous des dehors sévères, Le Cri, spectacle d'ouverture des Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis, se révèle terriblement sensuel. Une fois encore, cette nouvelle pièce de la chorégraphe d'origine algérienne arrive de loin. Bande-son assourdie, voix étouffée du chanteur (Larbi Bestam), corps qui passent d'un pied sur l'autre dans un halo de lumière jaune. Lentement, Nacera Belaza et sa soeur Dalila font chauffer le mouvement jusqu'à ce qu'il les déborde en grandes vagues souples. Rivées au sol, elles semblent à la fois s'y visser et s'envoler.

    Ce paradoxe se répercute sans fin dans la pièce, véritable exercice de jouissance très strict. Minimaliste (un module de , un seul) et expansive, elle met dans la balance l'ascèse et la transe. la répétition et l'insistance maîtrisées du mouvement dérèglent l'horloge interne des interprètes pour emballer le système nerveux. Le plaisir se lit sur les visages. Qu'ils sourient ou se crispent dans une expression d'égarement presque douloureux, rien de factice dans leur extase.

    Inspiré par la traditionnelle, Le Cri tisse des correspondances entre la religion et le quotidien. Nacera Belaza ne s'en cache pas : musulmane, sa foi la porte et construit son art de l'intérieur. interdite de pendant toute sa jeunesse (celle-ci étant assimilée à une affaire de séduction et de frivolité), elle cherche depuis la création de sa compagnie en 1987 et avec plus d'une dizaine de pièces à son actif des moyens de raccorder le spectacle et sa religion.

    UN PACTE AVEC LE PLATEAU


    Corps en retrait, gestuelle réduite, obscurité massive qui sape régulièrement les images... Un travail immense. Depuis des spectacles comme Périr pour de bon (1995) ou Point de fuite (1997), toute son oeuvre raconte l'histoire d'une femme qui passe du sol à la verticale en se libérant.

    Le Cri en apporte une nouvelle preuve. En signant un pacte toujours intransigeant avec le plateau, Nacera Belaza trouve des solutions de plus en plus ajustées à son désir de . Sur un mixage magique des voix de La Callas dans La Traviata de Verdi et de la rockeuse Amy Winehouse, cette entreprise déraisonnable prend un tournant très émouvant. Avec Le Cri, Nacera Belaza signe une rêverie majeure sur l'humain et son désir de spiritualité en s'autorisant le plaisir.

    Par le Monde


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