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Algérie-Reportage : Rencontre avec les harragas qui ont réussi à « passer »

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  • Algérie-Reportage : Rencontre avec les harragas qui ont réussi à « passer »

    Bonjour

    Barbès, Paris 18ème arrondissement. C’est un quartier populeux et populaire. Montmartre et les galeries Tati ont fait sa notoriété publique. Commerçants, touristes, artistes se côtoient dans une ambiance hétéroclite. Dans les cafés, les marchés aux puces, les fast-food une autre communauté est tapie : les sans-papiers. Selon le ministère de l’intérieur, la France subit chaque année l’intrusion de 150 000 à 200 000 clandestins sur son territoire. Parmi eux des figurent beaucoup d’algériens. Il serait impossible, dit-on, de donner des chiffes précis sur le nombre de personnes en situation irrégulière.
    Après le 11 septembre, les pays industrialisés d’Europe se sont sentis menacés par le terrorisme fondamentaliste. Pour assurer leur sécurité, la priorité était de renforcer d’emblée le contrôle des passages aux frontières et élaborer un programme de lutte interne contre les sans-papiers, considérés comme potentiellement dangereux du moment qu’ils ne sont connus des services. L’actuel président français Nicolas Sarkozy, ministre de l’intérieur d’alors, n’a pas lésiné sur les moyens : amendement des lois relatives au droit à l’accès au territoire Français, à la régularisation des sans-papiers, renforcement de la police… L’étau est serré autour des clandestins. Pas de travail, risque de se faire arrêter et reconduits aux frontières, un mince espoir de voir un jour régulariser sa situation.


    C’est le cauchemar que vit depuis, Fayçal, 38 ans. Il parle à peine le français. Il a quitté Blida(Algérie) en 2000 où il travaillait comme contrôleur de bus. Avec son visa Schengen, il est d’abord resté un an en Allemagne avant de débarquer clandestinement à Paris. « Je suis venu gagner ma vie en France. Cinq ans ont passé et je suis resté le même ; ma situation n’a guère évolué, bien au contraire elle empire de jour en jour. Ma seule raison de venir en France était de rendre heureuse ma mère ; de travailler, et lui envoyer de l’agent, mais elle est morte il y’a deux mois. Je n’ai plus d’espoir aujourd’hui… Je vis comme un fugitif. Je squatte avec mes trois amis, tous « au noir », un studio de 25 m2. Je veux rentrer chez moi, mais je ne peux pas. Là-bas on va se moquer de moi. Les gens sont impitoyables et croient qu’en France l’argent tombe du ciel…. » Déplore-t-il.
    Les cas comme Fayçal sont légion. Des jeunes qui croyaient que l’herbe est plus verte ailleurs, mais qui au bout de quelques mois se retrouvent gagnés par le désespoir. Ne pouvant pas avancer, ni faire marche arrière, ils restent comme suspendus dans le temps et l’espace.


    Pour les « débrouillards », en revanche, rien n’est impossible. Pas question de perdre du temps à se morfondre, il faut agir.
    Monsieur X qui a accepté de témoigner sous le couvert de l’anonymat est un ex-champion d’aviron en Algérie. Grand et costaud, il a un physique impressionnant. Il est sans-papiers, mais vit comme un bon parisien. Il est vigile dans une boutique de luxe sur les Champs Elysées et gagne correctement sa vie. Son secret ? « Je n’accepterais jamais de vivre comme un de ces sans-papiers que je vois traîner dans les marchés aux puces pour vendre un pantalon ou une recharge téléphonique « tombés du camion ». Moi, je prends des risques et tant mieux, pour bien vivre. La France accueille mal les sans-papiers alors ont fait tout pour s’en sortir seuls… » Tout faire ? M. X reste évasif et peu laconique sur le sujet.
    Etant en situation irrégulière, il a tout entrepris pour réussir à trouver du travail.
    Ce qu’il souhaite taire, n’est, en fait, qu’un secret de Polichinelle. Pour travailler il a eu recours - comme beaucoup de sans papiers - à la fameuse « doublette », une carte de résidence de dix ans falsifiée et accompagnée d’un vrai numéro de sécurité sociale. Ce fac-similé -vendu entre 80 et 120 euros- est devenu le fond de commerce de quelques faussaires qui fournissent également de faux passeports français ,cédés entre 500 et 900 euros, à des algériens cherchant à passer à l’autre côté de la Manche. Autrefois destination de prédilection des clandestins, la Grande Bretagne, est en train de revoir et d’amender sa politique sur l’immigration clandestine. Le choc provoqué par les derniers attentats meurtriers du 7 juillet 2006 à Londres, et la menace permanente d’autres opérations de ce genre dans le pays- a cause de son engagement dans la guerre en Irak - sont pour beaucoup dans ce revirement vis-à-vis de la question sur l’immigration, parfois au risque d’écorcher les principes du fameux Habeas Corpus.

    Toutefois, avec la « doublette » certaines portes s’ouvrent et les jeunes maghrébins réputés fougueux et « fonceurs » sont généralement orientés vers les métiers de la sécurité : vigiles dans les supermarchés, boutiques et autres… Ces jeunes se plaisent en France ; à leurs yeux la situation est meilleure que dans leurs pays d’origines. Mais il y’a bémol : ils restent toujours en situation irrégulière et courent le danger de ce faire un jour démasquer par le bureau du contrôle du travail. Dans ce cas de figure, tous leur efforts sont réduits à néant. Ils risquent l’expulsion. Quant à leurs patrons, la loi prévoit des sanctions sévères. Ils pourraient, au mieux se voir condamnés à payer les frais des expulsions par charter, au pire, finir en prison.

    Fayçal Anseur (Le Matin)

    Je connais des algériens sans-papiers qui survivent en Suisse depuis plus de 20 ans !
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