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L’art, le signe et le signifiant

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  • L’art, le signe et le signifiant

    L’art rupestre est un sublime écrin documentaire. Il s’ouvre comme par enchantement par un questionnement récurrent:
    Le désir de percevoir sa signification dans son rapport signifiants/signifiés. S’agit-il de l’accomplissement d’une oeuvre artistique décorative?
    Manifeste-t-il ainsi le souci de l’altérité dans la transcription graphique de l’immédiateté? ou le prélude à une certaine appréhension de la postérité
    De quoi il peut bien s’agir?
    Pourquoi, et comment cet homme, dépositaire en partage de valeurs humaines sociétales en éveil, cueilleur, chasseur, mais pas encore cultivateur/agriculteur, «ose» ressentir, dès cette époque, le besoin, l’envie, le plein élan d’accomplissement intégral et l’aptitude de faire aboutir son projet d’expression de prise de parole.
    Lui consacrer un temps, le temps suffisant, l’instant de son temps libre récréatif, pour procéder magistralement à une représentation graphique consensuelle, sur une surface verticale de son gîte/refuge domestique qu’il partage ou non avec son et/ou ses semblables consentants? D’où émane-t-elle, cette assurance gestuelle de reproduction réitérée, presque en série, accomplie à la perfection, qui a permis en fin de compte, au singulier geste graphique premier de réussir à faire incruster les paradigmes d’une esthétique sur une paroi pour la postérité? L’esthétique du beau précède-t-elle la morale?
    Cette vertu de l’homme premier, quintessence de l’évolution par sélection naturelle, atteste manifestement du corollaire d’aptitude intellectuelle à vouloir et à devoir mettre hors de soi et à la disposition de l’autre, un dit, un parler, une allégorie gravée patiemment sur la roche, avec ses simples et propres moyens et outils artisanaux de l’époque. Il s’agit bel et bien d’un souffle de vie qui porte une parole d’humain, une pensée cogitée dans un rapport cognitif, un vouloir, voire même un pouvoir de persuasion... peut-être!
    Manifestement, pour sa postérité, cet homme premier, dans les conditions qui lui sont propres, a jugé opportun de manifester un savoir-faire et il a consenti à octroyer à ce remue-méninges de vitalité, une résidence dans l’immortalité par une représentation graphique à valeur intrinsèque subliminale... Entre nous, ce souci de la postérité (naître à l’immortalité) à travers une oeuvre, ne se serait pas mieux réalisé avec une sépulture... n’est ce pas? Assurément. Depuis l’aube de l’humanité, chacun de nous joue avec sa condition sociétale et sociale pour mieux se réaliser.
    L’art rupestre, figuratif saharien, n’a presque pas représenté le paysage, ni le minéral ni le végétal (excepté de rarissimes représentations de palmiers peut-être par contrainte écologique...)
    Ainsi le monde figé, immobile, est exclus de ce vouloir de représentation graphique et de ce besoin d’intégration consubstantielle.
    Il s’agit, en fait, de reconnaître, parfois même de débusquer dans les figurations les quelques éléments porteurs de la cosmogonie structurante et suffisamment intelligible pour disqualifier le hasard. (cf fresque Abri de Taureau, Cérémonie nuptiale en milieu targui - Etudes du Pr S. Hachi).
    Jusqu’à nos jours, qu’on le veuille ou pas, l’ébauche, l’esquisse d’une graphie par n’importe quel outil scriptural, jusqu’à la promesse d’une écriture, est supposée toujours symboliser la pensée, et plus précisément, l’aval de la pensée.
    Peut-on penser sans langage?
    Peut-on communiquer sans partager le langage et la langue commune?
    Peut-on vivre sans aucune graphie, sans aucune forme d’écriture?
    Peut-on survivre à la non-écriture?
    Enfin, peut-on conférer de la durée à la syntaxe de l’oralité?
    Pourtant, écrire, compliqué et complexe dans ses tenants et ses aboutissants à l’origine de l’humanité, l’est demeuré beaucoup plus que penser ou parler.
    Alors, il se pourrait que cette difficulté d’écriture passe d’abord par une perception cognitive de la représentation du corps.
    Ce qui s’explique, pour certains, qu’il a fallu plusieurs millions d’années pour que les êtres parlants puissent accéder à l’écriture et/ou à un certain graphique pouvant cristalliser l’objet d’une communication interactive qui se dispense de tout paraphe daté...
    Les études récentes consignent que se représenter son corps, ne suit pas une quête évidente et/ou automatique. Et, ce n’est qu’à un âge adulte, de maturité achevée par le cumul des péripéties du vécu-subi de la vie que l’homme, cet homme nature, intègre dans le calme et la sérénité nécessaires à son épanouissement, les traits principaux de sa morphologie corporelle, enfin, bien assumé dans ses naturelles imperfections vis-à-vis de soi, de son moi, et bien évidemment vis-à-vis de l’autre, son semblable, dans toute cette herméneutique de survie...
    Avec l’âge, on se détache de «l’enveloppe», cette camisole qui a tant enduré.
    La substance de notre matrice s’avère finalement plus riche, plus fondationnelle du distinctif: la conscience de soi. On finit par faire bouger les lignes du maillage pour discerner davantage le clair-obscur et, in fine, parvenir à passer à travers, allègrement.
    Il est fort probable qu’en dessinant des animaux «familiers» et/ou «usuels» si j’ose dire, sur les parois des grottes, sans aucune signalétique d’accompagnement, nos ancêtres algériens de la préhistoire, cherchaient à se distinguer d’eux pour s’approprier d’abord leurs formes en temps réel de leurs pérégrinations évolutives et, in fine, formaliser graphiquement, sur le support disponible et à portée de mains, une dualité entre le monde immobile et le monde mobile.
    Je crois qu’il s’agit du cheminement d’un lent processus graphique au titre d’une intégration aboutie, plutôt que l’agrément festif, mondain de vernissage au titre, cette fois, d’une représentation de convenance qui prise l’art à dessein de se conformer à...
    L’art rupestre saharien est toujours ou presque porté par une surface pétrographique accessible au regard, sans choix particulier de nature (sédimentaire et/ou éruptive) sans choix de luminosité particulière, sans choix d’orientation spatiale, culturelle, préférentielle ou prudentielle expiatoire.
    Serait-ce ainsi, les prolégomènes d’un message crypté sur la précarité et la vulnérabilité du milieu?
    Lorsqu’il est représenté (rarement en fait) l’homme premier, accompagné une figure animale en position d’ORANT, une hache brandie comme pour signifier la symbolique d’une offrande de rapprochement (?), de subordination (?), de communion (?) au moment qui précède plus précisément l’office du sacrifice conjuratoire...
    Décidément, une multitude de questions de sens sortent, l’une après l’autre, des parois de nos grottes du sud-ouest algérien, cet écrin où notre ancêtre de la préhistoire a su consigner son rapport signifiant/signifié et pouvoir décliner son identité à titre posthume.
    En fait, on écrit, on dessine, on pense, on parle pour se nommer. La prévalence du moi reste de rigueur!
    L’occasion bénie du mois du patrimoine m’offre la possibilité d’interroger, ainsi, et à mon tour, cet art premier du patrimoine universel et civilisationnel:
    Pourquoi l’homme contemporain a perdu la pertinence d’intégration de cette dualité dans sa quête balbutiante à devoir préserver les atouts de son cadre écologique de survie?
    Ne serait-il plus capable de rester suffisamment à l’écoute de son biotope pour reconnaître son soupir? de désenchantement de surcroît...
    Docteur Hadj Mahi Senouci
    Source (Quotidien d'Oran, 18/05/2008)
    Mieux vaut un cauchemar qui finit qu’un rêve inaccessible qui ne finit pas…

  • #2
    cet homme premier, dans les conditions qui lui sont propres, a jugé opportun de manifester un savoir-faire

    savoir faire au service de son art .... peut être ... mais il est possible aussi qu'il eut le besoin instinctif d'exprimer son ÊTRE... et que pour cela il chercha le moyen de le faire ...donc pour ÊTRE, il élabora un savoir faire et non l'inverse ....


    peut on communiquer sans langage
    ...oui ... heureusement ...la communication n'est pas que par l'écrit ou la parole .. même si ce sont les supports les plus aisement utilisé et compris par la majorité

    Les études récentes consignent que se représenter son corps, ne suit pas une quête évidente et/ou automatique. Et, ce n’est qu’à un âge adulte, de maturité achevée par le cumul des péripéties du vécu-subi de la vie que l’homme, cet homme nature, intègre dans le calme et la sérénité nécessaires à son épanouissement, les traits principaux de sa morphologie corporelle, enfin, bien assumé dans ses naturelles imperfections vis-à-vis de soi, de son moi, et bien évidemment vis-à-vis de l’autre, son semblable, dans toute cette herméneutique de survie...
    Avec l’âge, on se détache de «l’enveloppe», cette camisole qui a tant enduré.


    dommage de considérer notre corps comme une camisole ...il est NOUS, quel qu'il soit, il est là en ami non pas en serviteur ....nous sommes l'hôte de notre corps fougueux ou vieillissant... il est ce qui nous relie au monde, l'interface entre celui ci et notre vie interne ...
    on ne peut qu'apprécier ce qu'il nous offre ... et donc l'aimer quelque soit soit sa forme ou son temps ....


    mais l'artiste rupestre avait probablement des préoccupations plus terre à terre

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