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La procréation médicalement assistée en Algérie

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  • La procréation médicalement assistée en Algérie

    Selon les statistiques du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, l’Algérie compte plus de 300 000 couples souffrant d’infertilité, soit 7 % des couples. Ces données chiffrées, faut-il bien le signaler, remontent à 2002, dernière année où une étude a été réalisée sur cette pratique, précisent des responsables dudit ministère. Il est à noter que l’acte de la procréation médicalement assistée (PMA) est pratiqué en Algérie exclusivement dans le secteur privé.

    Mme Keddad, directrice de la population au ministère de la Santé, a souligné, lors d’une conférence de presse, qu’il est important d’étudier les voies et moyens en vue de favoriser le développement de ces techniques au niveau du secteur public.

    L’objectif du ministère est d’arriver à créer d’ici 2009 trois centres de PMA au niveau des CHU d’Alger, d’Oran et de Constantine, a-t-elle ajouté.
    Les aspects éthiques et réglementaires accompagnant cette activité ont suscité de vifs débats en Algérie.

    De l’avis des spécialistes, la procréation médicalement assistée est un tabou en passe d’être brisé.

    Se voulant rassurant, un gynécologue exerçant dans une clinique privée à Bordj El-Kiffan a noté qu’en Algérie «les interventions sont effectuées avec les propres gamètes du couple». Dans le monde, la stérilité est de l’ordre de 8 à 10 % chez les couples en âge de procréer.

    Selon les enquêtes nationales menées entre 1992 et 2002, la stérilité touche 7 % de couples en Algérie, soit près de 300 000 couples actuellement. Le taux de réussite des fécondations invitro (FIV) varie entre 25 et 30 % dans les centres bien équipés, alors que pour l’IA (insémination artificielle), le taux oscille entre 9 et 10 %.

    Des représentants de centres de PMA ont soulevé les difficultés dans lesquelles se débattent les praticiens et les patients. Pour le docteur Nedir, président de l’Association des centres de PMA, «les praticiens maîtrisent aujourd’hui toutes les techniques liées à cette pratique. Les Algériens n’ont plus besoin d’aller à l’étranger, précisément dans les pays voisins, pour se faire soigner.

    De même, ils n’ont plus besoin de se faire prescrire des médicaments pour leurs soins sur des ordonnances envoyées par fax. Nous avons toutes les compétences nécessaires pour prendre en charge les couples infertiles qui nécessitent des examens et des consultations régulières». Interrogé sur le nombre de couples infertiles en Algérie, un médecin à la clinique Naït-Belkacem d’El-Biar a répondu : «Je n’ai pas un chiffre exact, mais à la clinique nous recevons en moyenne deux couples par semaine désirant pratiquer une fécondation in vitro.»

    Parmi les points cruciaux soulevés par le représentant de l’Association des centres de PMA, celui relatif au remboursement des traitements. «Le prix des traitements prescrits varie du simple au double. Il se trouve qu’une même molécule avec la même efficacité est vendue à deux prix différents. Un laboratoire la propose à 3 700 DA et un autre à 7 000 DA. Un cycle
    de traitement revient alors pour l’un à 40 000 DA et pour l’autre à 80 000 DA», a-t-il déploré. Et d’ajouter que l’association a entrepris des démarches auprès du laboratoire Sorono qui s’engage à mettre à la disposition des pharmacies des packs qui reviennent à 40 000 DA.

    «Nous interpellons encore la sécurité sociale pour permettre le remboursement de ces produits, surtout que le coût global revient à près de 100 000 DA «, indique le Dr Nedir, avant de signaler que son association a pour objectif de promouvoir cette spécialité et la défense des droits des malades.

    Le taux de réussite de cette pratique est de 33 %, estiment des spécialistes

    Le docteur Sebti Benbouhadja, directeur de la clinique de la chirurgie et des sciences de la reproduction Ibn Rochd, a estimé qu’il était important «de dresser un état des lieux des actualités introduites dans la procréation médicalement assistée et d’exposer les techniques susceptibles d’améliorer l’approche médicale pour parer à la stérilité du couple.Une infertilité souvent générée par le déséquilibre plus connu sous le concept de désordres génétiques».

    Et de renchérir : «La PMA a trouvé un écho favorable en Algérie où elle se développe rapidement grâce à la multiplication des centres de médecine de la reproduction qui sont actuellement au nombre de sept : trois à Alger, deux à Oran, un à Annaba et un à Constantine.»

    Le pourcentage de réussite des différentes techniques pour vaincre l’infertilité, aussi bien chez la femme que chez l’homme, est estimé à 33,8 %, a précisé ce responsable qui a, à cette occasion, rappelé la naissance, en septembre 2003, du premier bébé—éprouvette de la ville du Vieux Rocher.

    «L’enfant, un joli garçon, né in vitro est venu exaucer le vœu de ses parents après plus de douze années de stérilité», a précisé le responsable de la clinique Ibn Rochd, où l’expérience a pu aboutir.

    Sur ce point, un gynécologue nous a déclaré que la réussite de cette opération dépend aussi de l’état de santé du couple. «Dans le cas où l’un des partenaires ou les deux souffrent d’une maladie chronique ou d’une quelconque anomalie, il est important de leur signaler que les chances de réussite restent minimes. Une fragilité ou l’insuffisance du nombre de spermatozoïdes peuvent conduire à un échec», a-t-il indiqué.

    Battant en brèche une idée mal reçue, notre interlocuteur a affirmé que le nombre des hommes infertiles est supérieur à celui des femmes.
    Et d’ajouter : «Dans deux couples sur trois inféconds, c’est l’homme qui est infertile.» A ce sujet, le docteur Nedir est formel : «Deux tiers des patients sont des hommes.»

    Un enfant à tout prix !


    Hakima et Mohamed sont mariés depuis huit ans. Six ans durant, ils ont essayé tous les moyens, thérapeutiques et charlatanesques, pour avoir un enfant, en vain.

    «Mon mariage tient à un fil. Je n’arrive plus à supporter les regards et remarques de ma belle-famille. Dans notre société, lorsqu’on épouse un homme, on «épouse» aussi sa famille. C’est dire ce que la femme algérienne endure. Etre stérile, je ne l’ai pas choisi, mais rares sont ceux qui comprennent cela», a-t-elle dit d’une voix étranglée. En plus du poids de la société, Hakima, la trentaine à peine entamée, traîne un autre poids : celui pécuniaire.
    «Le prix du traitement est excessivement cher et le résultat n’est pas sûr. C’est comme à la roulette. Actuellement, mon mari et moi, nous sommes à notre deuxième tentative. J’espère que cette fois-ci, l’opération réussira, car dans le cas contraire je n’aurais ni le courage ni l’argent pour la tenter encore.» Par cette phrase émouvante, Hakima a pris congé de nous pour rejoindre son mari qui l’attendait au bas des escaliers de la clinique. Le cas de Hakima et de Mohamed n’est pas unique, malheureusement. Ils sont des milliers à vivre ce cauchemar au quotidien. Toutefois, il est important de souligner que dans un couple infertile, c’est souvent la femme qui en subit les désagréments.

    L’histoire de Houria est édifiante.


    Six mois après son mariage, elle a été répudiée par sa… belle-mère. Le motif avancé aux parents de celle-ci : «Votre fille est inféconde!»
    Ce «diagnostic» ne comportait aucun doute car selon la perception des choses de cette dame, «une femme fertile n’a pas besoin de six mois pour tomber enceinte. L’épouse ne peut pas être considérée comme maîtresse de la maison, si elle n’a pas le statut de mère».

    Seulement, après consultations et analyses médicales, les résultats étaient formels. «Vous n’avez aucun problème d’ordre physique qui puisse vous empêcher d’enfanter. Votre mari devrait consulter, bien que six mois seulement après le mariage, il soit encore trop tôt pour parler d’infertilité. Il faut laisser le temps à la nature», a déclaré le médecin à Houria. Mais, ce cas de figure, la belle-mère de Houria ne pouvait ou ne voulait pas l’envisager.
    Cet état d’esprit s’inscrit en droite ligne avec l’étude sociologique intitulée «Mère contre fille». Le problème du sexisme trouve son origine dans l’attitude discriminatoire exercée par le mère à l’encontre de sa fille.

    Par le Jeune Independant
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