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Un accord qui renforce le Hezbollah

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    Un accord qui renforce le Hezbollah
    Bien sûr, il faut se réjouir de l'accord conclu, hier, à Doha, entre la majorité et l'opposition libanaises. Le pays du Cèdre a frôlé de si près le retour à la guerre civile, au début du mois, que ce compromis, arraché sous l'égide du petit Émirat du Qatar et de la Ligue arabe, paraît inespéré. Les Libanais respirent.

    Dimanche, le général Michel Sleimane, chef de l'armée, deviendra le 12e Président. Le fauteuil du chef de l'État est vacant depuis six mois. Un gouvernement va être formé, qui fera une place significative aux islamistes pro-iraniens du Hezbollah. Des élections législatives permettront, au printemps 2009, d'actualiser le rapport de forces entre les multiples factions politiques.

    Ainsi prend fin, sur le papier, un blocage institutionnel de dix-huit mois. La crise durait depuis la démission des cinq ministres pro-syriens du gouvernement de Fouad Siniora, en novembre 2006. Il aura fallu, pour la dénouer, le coup de force des miliciens du Hezbollah contre Beyrouth-Ouest, fief des sunnites fidèles à la majorité pro-occidentale au pouvoir.

    Au grand dam de ces derniers, l'armée libanaise est restée neutre dans le conflit. Elle a ainsi préservé son unité et la possibilité, pour son patron, d'accéder à la tête de l'État. Nommé chef d'état-major du temps de la tutelle syrienne sur le Liban, le général Sleimane convient au Hezbollah. Chrétien maronite - condition nécessaire pour être Président - il est aussi respecté par les antisyriens. Depuis la fin de l'offensive israélienne de l'été 2006 contre le Hezbollah, l'armée libanaise s'est imposée comme le principal pilier de la cohésion nationale.

    Incontestable succès de la diplomatie du Qatar, la remise en route des institutions libanaises ne règle cependant pas tous les problèmes. Grâce à son coup de force, le Hezbollah a sensiblement amélioré ses positions. Les onze ministres accordés à l'opposition dans le futur gouvernement de trente membres lui donneront la minorité de blocage qui lui était refusée jusqu'à présent.

    Par ailleurs, le retour à la loi électorale de 1960 et le redécoupage des circonscriptions à Beyrouth portent en germe une accentuation des clivages confessionnels. Le danger est d'autant moins négligeable que les affrontements récents ont ravivé les tensions entre chiites d'un côté, sunnites et druzes de l'autre. Il faut être très optimiste pour penser que l'engagement de tous à ne plus recourir à la violence pour résoudre des problèmes politiques réglera désormais les comportements au Liban.

    Surtout, l'accord de Doha laisse en l'état le principal problème : l'existence d'un État Hezbollah à l'intérieur de l'État libanais. Certes, le texte prévoit une reprise du dialogue, sous la houlette du général Sleimane, pour que l'autorité de l'État national s'exerce sur toutes les forces de sécurité et dans toutes les régions du pays. Mais chacun sait bien que personne n'osera prendre le risque de désarmer la milice chiite. Son chef, Hassan Nasrallah, a menacé de « couper la main » à quiconque en aurait la tentation.

    Dès lors, le Hezbollah demeure, dans le dispositif que l'Iran ne cesse de renforcer dans toute la région, de l'Irak au Liban, un instrument stratégique que Téhéran peut activer à tout moment. Il serait très étonnant que sa participation à un gouvernement d'unité nationale conduise le Parti de Dieu à s'émanciper de son encombrant tuteur.



    Joseph LIMAGNE.
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