En 2007, ils avaient "prié pour les candidats à l'élection présidentielle". En 2008, les participants à la Marche pour Jésus ont Mai 1968 dans le collimateur. Les milliers de protestants évangéliques attendus, samedi 24 mai, dans les rues de Paris, Lille et Bordeaux pour clamer "leur foi, leur joie de vivre et leur attachement aux valeurs chrétiennes" veulent attester qu'après "quarante ans de désert spirituel, l'espérance a de nouveau sa place dans la société".
A Paris, une quinzaine de chars sonorisés déverseront les chants de "groupes de louanges" venus d'une soixantaine d'Eglises évangéliques ; des ballons et des T-shirts marqués de versets de la Bible seront vendus au badaud : la "Christian Pride" à la française, inspirée des marches anglo-saxonnes, prend chaque année un peu plus d'ampleur, reflétant la croissance du protestantisme évangélique en France, où l'on estime à plus de 400 000 le nombre de fidèles, en grande partie d'origine afro-antillaise.
"On ne jette pas de pavés, on ne revendique rien, on vient juste pour bénir la ville, semer le bien et la réconciliation", explique le responsable de la Marche pour Jésus, Dominique Leuliet, un "born again" de 48 ans, happé par la foi il y a une vingtaine d'années. "On croit profondément que notre parole transforme les lieux que nous traversons et crée une atmosphère positive."
Loin de "la désespérance, de la logique d'assistanat, de dénigrement et de contestation systématique" instaurées, selon eux, par mai 1968, les "marcheurs" souhaitent aussi rappeler leur "attachement à la cellule familiale traditionnelle, à la défense de la vie, à la moralité, à la promotion individuelle".
Cet affichage public et démonstratif de la foi, qui rompt avec la pratique privée de la religion ancrée dans la tradition chrétienne en Europe, éveille des soupçons de prosélytisme que M. Leuliet balaie : "A part le judaïsme, toutes les religions sont prosélytes. Nous, nous faisons la promotion de la parole de Dieu, nous ne demandons pas aux gens de rejoindre nos Eglises."
"Mai 1968 a jeté sur la France un manteau de réticences à confesser publiquement sa foi", juge François Célier, pasteur et écrivain qui participe pour la première fois à la Marche pour Jésus. "Les évangéliques n'ont pas honte de dire qu'ils croient en Dieu. Ce mouvement va s'amplifier et Nicolas Sarkozy (par ses déclarations sur la religion) y contribue." Un phénomène d'autant plus urgent à ses yeux que "les musulmans radicaux, eux, n'ont pas peur d'afficher leurs croyances".
Investir ainsi l'espace public compense aussi une absence du mouvement évangélique, au développement récent, dans les "sphères décisionnaires". L'éparpillement des Eglises évangéliques, fondées pour beaucoup d'entre elles sur le charisme personnel d'un pasteur ou une coloration spirituelle particulière (guérison, évangélisation...), explique que seule une minorité d'entre elles soient membres d'une fédération reconnue au niveau national.
Or, M. Leuliet l'affirme : "Aujourd'hui, n'existe que ce qui se montre. La culture évangélique doit sortir des lieux de culte et impacter toutes les sphères de la société. Cette marche nous permet de lever les préjugés, et de montrer au monde que nous ne sommes ni des adeptes de sectes ni des agents américains !"
Stéphanie Le Bars - Le Monde
A Paris, une quinzaine de chars sonorisés déverseront les chants de "groupes de louanges" venus d'une soixantaine d'Eglises évangéliques ; des ballons et des T-shirts marqués de versets de la Bible seront vendus au badaud : la "Christian Pride" à la française, inspirée des marches anglo-saxonnes, prend chaque année un peu plus d'ampleur, reflétant la croissance du protestantisme évangélique en France, où l'on estime à plus de 400 000 le nombre de fidèles, en grande partie d'origine afro-antillaise.
"On ne jette pas de pavés, on ne revendique rien, on vient juste pour bénir la ville, semer le bien et la réconciliation", explique le responsable de la Marche pour Jésus, Dominique Leuliet, un "born again" de 48 ans, happé par la foi il y a une vingtaine d'années. "On croit profondément que notre parole transforme les lieux que nous traversons et crée une atmosphère positive."
Loin de "la désespérance, de la logique d'assistanat, de dénigrement et de contestation systématique" instaurées, selon eux, par mai 1968, les "marcheurs" souhaitent aussi rappeler leur "attachement à la cellule familiale traditionnelle, à la défense de la vie, à la moralité, à la promotion individuelle".
Cet affichage public et démonstratif de la foi, qui rompt avec la pratique privée de la religion ancrée dans la tradition chrétienne en Europe, éveille des soupçons de prosélytisme que M. Leuliet balaie : "A part le judaïsme, toutes les religions sont prosélytes. Nous, nous faisons la promotion de la parole de Dieu, nous ne demandons pas aux gens de rejoindre nos Eglises."
"Mai 1968 a jeté sur la France un manteau de réticences à confesser publiquement sa foi", juge François Célier, pasteur et écrivain qui participe pour la première fois à la Marche pour Jésus. "Les évangéliques n'ont pas honte de dire qu'ils croient en Dieu. Ce mouvement va s'amplifier et Nicolas Sarkozy (par ses déclarations sur la religion) y contribue." Un phénomène d'autant plus urgent à ses yeux que "les musulmans radicaux, eux, n'ont pas peur d'afficher leurs croyances".
Investir ainsi l'espace public compense aussi une absence du mouvement évangélique, au développement récent, dans les "sphères décisionnaires". L'éparpillement des Eglises évangéliques, fondées pour beaucoup d'entre elles sur le charisme personnel d'un pasteur ou une coloration spirituelle particulière (guérison, évangélisation...), explique que seule une minorité d'entre elles soient membres d'une fédération reconnue au niveau national.
Or, M. Leuliet l'affirme : "Aujourd'hui, n'existe que ce qui se montre. La culture évangélique doit sortir des lieux de culte et impacter toutes les sphères de la société. Cette marche nous permet de lever les préjugés, et de montrer au monde que nous ne sommes ni des adeptes de sectes ni des agents américains !"
Stéphanie Le Bars - Le Monde
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