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Au sein du « Mouvement des Nigériens pour la Justice » Une rébellion en marche

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  • Au sein du « Mouvement des Nigériens pour la Justice » Une rébellion en marche

    22 mai 2008. Retour de Tamgak : des monts denses, au nord Niger, en plein cœur de l’Aïr, siège du MNJ, le Mouvement des Nigériens pour la justice.

    Une rébellion née en février 2007, avec une attaque contre une caserne militaire à Iferouane, à l’ouest de l’Aïr. L’assaut qui se solde par des prises d’armes et de véhicules militaires de l’armée nigérienne est signé Aghali Ag Alambo, un ancien de la rébellion des années 1990.

    Avec ses compagnons, son frère Boubacar Ag Alambo et Amoumène Kalakoua, ils fondent le MN pour se soulever contre le gouvernement du président Mamadou Tandja. Avec l’assaut d’Iferouane, Aghali Ag Alambo entendait riposter contre les exactions perpétrées par l’armée nigérienne contre les villageois. Et Iferouane sera le prélude à une série d’autres attaques du MNJ, comme à Tizerzit, le 22 juin dernier, où trois vieillards, Imolène Kalakoua (père d’Amoumène Kalakoua), Abtchaw et Abbey Koufi, tous deux frères, furent affreusement torturés, puis massacrés par les soldats de l’armée nigérienne : c’était le fameux « vendredi noir de Tizerzit ».

    Les massacres, en avril 1990, de Tchin Tabaradène sur enfants, femmes et vieillards, à l’origine de la rébellion d’alors, et qui avaient fait 900 morts sous le régime de Ali Seybou, restent vivaces dans la mémoire des Touareg du Niger. Et si les mêmes causes de marginalisation sociale, économique et politique créent les mêmes effets de rébellion, pour le MNJ, cette deuxième insurrection dans l’histoire du Niger est en ce sens différente dans la mesure où elle réunit pour la première fois toutes les ethnies touareg (celles-ci plus nombreuses au sein de la rébellion), peuhls, maures, germas, haoussas et toubous qui constituent le Niger. Des tribus en mal de vie, dont les combattants qui ont souvent déserté l’armée nigérienne, se reconnaissent, aujourd’hui, en le MNJ qu’elles rejoignent, de plus en plus, pour former une force composée, actuellement, de plus de 3000 hommes.

    VIRÉE JOURNALISTIQUE EN PLEIN CŒUR DU MNJ ET DES VILLAGES DE L’AÏR

    C’est au bout d’une semaine, d’une tournée effectuée à travers les monts de Tamgak, que nous avons pu rapporter cette réalité d’un mouvement multi-ethnique, se rebellant contre un gouvernement, celui de Mamadou Tandja, contre lequel de nombreux griefs d’« injustice » et de « marginalisation » sont portés.

    Des griefs que nous rapporterons, également, auprès des populations nomades, victimes de terribles exactions et que nous avons rencontrées dans tout l’Aïr, jadis région d’un nomadisme tranquille, aujourd’hui enjeu important pour de grandes sociétés qui exploitent ses richesses souterraines (uranium, charbon, sel…) au détriment de populations complètement ignorées.C’est là pour nous l’occasion d’une série de témoignages que nous publierons dans nos éditions à venir, alors que combattants du MNJ et population regrettent l’« embargo » médiatique qui « s’abat » sur eux : « Vous êtes la première journaliste à parcourir tout l’Aïr et nous comptons sur vous pour rapporter notre réalité de militants du MNJ, nous qui sommes trompeusement affublés de qualificatifs comme ‘’bandits’’, et ‘’trafiquants de drogue’’ par le gouvernement et par l’armée de notre pays, qui veulent tromper l’opinion internationale ».

    EN QUITTANT TEDEK…

    Comme les autres, Tedek, village nomade du nord de l’Aïr, se trouve protégé par les combattants du MNJ, après que ses habitants aient subi, comme les autres villageois, de multiples exactions de la part de l’armée nigérienne qui s’en prend même, en les abattant, aux troupeaux de chameaux et de moutons qui viennent s’abreuver aux puits.

    Tedek est aussi une base militaire avancée du MNJ et le quartier général du mouvement rebelle. Nous la quitterons le 22 mai, en laissant ses occupants dans leurs activités militaires ou sociales… Voilà Tamanrasset retrouvée, le lendemain, avec une nouvelle surprenante : dans l’après-midi Tamgak est l’objet de tirs de roquettes lancées à 3 km du village par l’armée nigérienne.

    Le village est brûlé. L’on déplore 2 enfants et 2 vieillards tués. Des échanges de tirs entre le MNJ et l’armée nigérienne se poursuivent encore à l’heure où nous rédigeons. Les quelques habitants qui fuyaient sont déplacés par les combattants du MNJ pour être protégés derrière la base militaire de Aghali ag Alambo et l’armée nigérienne qui a lancé l’assaut depuis sa base d’Iferouane, est repoussée jusqu’à à 10 km à l’ouest de Tedek, en direction d’Iferouane, bilan : 2 combattants du MNJ blessés tandis que Haroune, un combattant maure, avec lequel nous nous sommes entretenus, est décédé.

    Sept éléments des forces d’intervention de sécurité saharienne (force de l’armée nigérienne constituée de Touareg méharistes), sont exécutés à Iferouane par les militaires de l’armée nigérienne. Leur « tort » : avoir prié l’armée nigérienne de ne pas abattre les chameaux, éléments de vie importants pour les nomades. Hier, c’était « un autre vendredi noir » pour le MNJ et les nomades qu’il protège, après le « vendredi noir de Tizerzit »… Par devoir humanitaire, Tamanrasset, la voisine, reçoit les blessés du niger, comme ceux du Mali, pour être soignés.

    Naima Chekchak (El Watan)
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