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Le rapport Demarolle veut attirer les fonds souverains en France

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  • Le rapport Demarolle veut attirer les fonds souverains en France

    L'inspecteur des Finances, Alain Demarolle, a remis hier à la ministre de l'Économie, Christine Lagarde, son rapport sur le rôle et la place des fonds souverains en France. L'occasion de faire le point sur ces actifs colossaux mais mal connus, que les États investissent au gré de leur stratégie. Et qui font peur.
    Qu'est-ce qu'un fond souverain ?
    Un fond souverain est un fonds créé par l'État (et non des actionnaires privés) pour gérer l'épargne nationale et les excédents de sa balance des paiements. On dit aussi fonds d'État, fonds gouvernementaux, fonds publics. Ou, pour les initiés, forcément anglophiles, "Sovereign Wealth Funds" soit "SWFs"
    Que représentent les fonds souverains dans le monde ?
    Ils gèrent 3 500 milliards de $ en 2008 (1). C'est plus que les "hedge funds" (fonds spéculatifs), environ 2000 Mds$, mais 10 fois moins que les actifs sous gestion privée (53000 Mds$). Vu leur progression, les fonds d'État représenteront quelque 12000 $ en 2015. Et dépasseront le PIB des États-Unis ou de l'Europe en 2016.
    Qui sont les plus gros ?
    Il existe une quarantaine de fonds souverains dans le monde mais les cinq plus gros détiennent 70% du total (2). Les Émirats Arabes, la Norvège, le Koweit et la Chine figurent en tête (3).
    Quels sont leurs avantages ?
    Les fonds souverains ont des liquidités en pagaille alors que, crise des subprimes oblige, les banques ou fonds privés sont toujours plus frileux. Ils investissent à long terme contrairement à des fonds privés. Et ne recherchent pas forcément un rendement maximal.
    Dans quels secteurs investissent-ils ?
    Tout dépend de leur objectif. Les fonds chinois ont commencé par l'industrie pour accélérer, via des partenariats technologiques, la modernisation de leur économie. Puis ils ont sécurisé leurs approvisionnements énergétiques et en matières premières. Aujourd'hui, ils débarquent dans la finance (celle-ci a accaparé 93% des investissements des fonds souverains en 2007). Or, via une banque comme Blackstone par exemple, les Chinois sont entrés au capital de Vivendi ou Chrysler.
    Pourquoi font-ils peur ?
    Pour la même raison qu'ils attirent : ces fonds très riches peuvent contrôler des pans entiers de notre économie. On leur prête des mauvaises intentions car ils représentent des États, qui plus est du Proche Orient ou de l'ancien Bloc communiste. Qui a dit que l'argent n'a pas d'odeur ? L'opacité de leur gestion rajoute aux craintes.
    Va-t-on vers davantage d'ouverture ou de régulation ?
    Insistant sur l'opportunité que constituent ces fonds, par exemple pour les PME, le rapport d'Alain Demarolle, repris par Christine Lagarde, refuse "tout traitement discriminatoire". Il prône un "dialogue confiant" basé sur "l'ouverture et la réciprocité". Première étape : une rencontre à Paris au second semestre avec tous les fonds souverains... A l'automne également, un code de bonne conduite sera édicté par un groupe de travail du FMI.
    (1) Selon des sources concordantes : Morgan Stanley et Mc Kinsey cités par Trésor Eco ainsi que Global Insight.
    (2) Source Deutsche Bank.
    (3) Selon qu'on considère les actifs investis ou en réserve.
    Stéphène JOURDAIN
    Paru dans l'édition 38H du 23/05/2008 -le dauphiné libéré-
    Dernière modification par zmigri, 26 mai 2008, 10h54.

  • #2
    suite de l'article:
    FONDS SOUVERAINS
    "La France a adopté l'attitude conciliante"


    Catherine Sifakis, spécialiste de la finance à l'Université Pierre Mendès-France à Grenoble, analyse la position de la France vis-à-vis des fonds souverains.
    Les fonds souverains font peur. Pourquoi ?

    Cette peur est récente. Quand l'Arabie saoudite investissait dans les bons du trésor américain, on s'en moquait. Mais depuis 2007, les Chinois et les Russes ont leurs fonds. Et investissent dans des actions ou des obligations privées, en Europe. On redoute qu'ils ne mettent la main sur nos technologies de pointe.
    Le rapport Demarolle ne considère pas les fonds comme une menace, au contraire. Et ce, bien que ces pays ont toujours plus de liquidités et préfèrent désormais investir en euros plutôt qu'en dollars.

    C'est vrai. Le rapport opte pour une attitude conciliante, conforme à celle des Américains, du FMI, ou de la commission Européenne. On préconise de la transparence, une meilleure gouvernance, une réciprocité des échanges... Mais on évite tout ce qui pourrait ressembler à du protectionnisme.
    Pourtant, Nicolas Sarkozy a eu quelques élans patriotiques...

    Lors de son discours du 8 janvier, en effet, il voulait faire de la Caisse des dépôts, dernier gros établissement bancaire et financier public, "l'instrument d'une politique de défense et de promotion des intérêts économiques de la Nation". A l'automne dernier, Hervé Novelli, secrétaire d'État au commerce extérieur, a aussi envisagé de réglementer les fonds, soutenu par l'Allemagne et les Pays Bas...
    Pourquoi la France n'a-t-elle pas de fonds souverains ?

    Très bonne question ! Peut-être serait-ce une rupture trop importante après la libéralisation des échanges dans les années 1980, puis la privatisation des banques ensuite ? Mais l'Allemagne, elle, réfléchit à créer un contre-fond souverain.

    Propos recueillis par St. J.

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