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Il reçoit tous les invités étrangers de l’Algérie : quand l’hyperprésidence Bouteflika ravale la condition de ministre
Par hayet zitouni le 27/05/2008 à 13:56
En cinq jours, début mai, le président Abdelaziz Bouteflika aura reçu successivement Michèle Alliot-Marie et Bernard Kouchner, les deux ministres français venus à Alger plaider la cause de l’Union pour la Méditerranée (UPM). Une exception dans un agenda présidentiel ? Pas du tout ; tous les ministres étrangers qui arrivent à Alger passent par El Mouradia et le président Bouteflika les reçoit un par un sous l’œil des caméras de télévision. Hier, lundi 26 mai, la il a reçu ministre québécoise des relations internationales et ministre responsable de la Francophonie, Monique Gagnon Tremblay. « C’est très simple, le président Bouteflika reçoit tout le monde : ministres, secrétaires d’Etat, ambassadeurs, envoyés spéciaux… », souligne un diplomate algérien.
Pour la présidence, cela a un avantage : montrer que le président travaille, pouvoir faire de belles images du début de l’entretien et à la fin sur le perron de la présidence, les journalistes recueillent l’avis de l’invité, et Bouteflika, un pas en arrière, observe silencieux. C’est devenu un quasi rituel désormais. Mais cela pose bien des questions. Et en particulier, la place et le rôle des ministres.
Quelle peut être en effet leur crédibilité quand le président s’arroge tout le pouvoir de décision lors ces entretiens ? Les ministres du gouvernement, quand ils accueillent leurs homologues ou des investisseurs potentiels, savent que le président les recevra et qu’il risque de ne pas forcément avoir les mêmes vues qu’eux. On a déjà vu un ministre dire blanc à son homologue, lequel reçu ensuite à El Mouradia se sera entendu dire noir. En fait Bouteflika agit à sa guise et les ministres sont une fois encore ravalés au rang de faire valoir ou de technicien.
Quel crédit faut-il alors porter aux ministres algériens ? La question se pose à l’étranger. A tel point que le ministère des Affaires étrangères français vient de publier un appel d’offre surréaliste, « pour comprendre le fonctionnement de l’Etat algérien » selon la lettre d’informations Maghreb Confidentiel. Si pareil appel d’offre est destiné à faire le point sur les soi-disant centres de décisions occultes qui gouvernent le pays, il devrait aussi éclairer sur le fonctionnement gouvernemental et l’articulation avec le pouvoir présidentiel.
Quel intérêt y aurait-il à comparer avec la situation qui prévaut dans les pays voisins, mais enfin a-t-on jamais vu le roi du Maroc ou le président tunisien recevoir indifféremment tout invité étranger en son palais ? Et en douze ans de présidence Chirac aucun ministre n’a eu le privilège d’être invité à l’Elysée. Même constat pour le président Sarkozy : un an après son arrivé au pouvoir, il n’a reçu aucun ministre algérien quand une bonne partie des ministres de son gouvernement ont eu droit aux honneurs présidentiels à Alger. Un tel fonctionnement irrite en secret bien des ministres algériens, mais que peuvent-ils face à l’appétit présidentiel d’Abdelaziz Bouteflika, sa volonté de tout contrôler et son goût pour les caméras de télévision ?
Par hayet zitouni le 27/05/2008 à 13:56
En cinq jours, début mai, le président Abdelaziz Bouteflika aura reçu successivement Michèle Alliot-Marie et Bernard Kouchner, les deux ministres français venus à Alger plaider la cause de l’Union pour la Méditerranée (UPM). Une exception dans un agenda présidentiel ? Pas du tout ; tous les ministres étrangers qui arrivent à Alger passent par El Mouradia et le président Bouteflika les reçoit un par un sous l’œil des caméras de télévision. Hier, lundi 26 mai, la il a reçu ministre québécoise des relations internationales et ministre responsable de la Francophonie, Monique Gagnon Tremblay. « C’est très simple, le président Bouteflika reçoit tout le monde : ministres, secrétaires d’Etat, ambassadeurs, envoyés spéciaux… », souligne un diplomate algérien.
Pour la présidence, cela a un avantage : montrer que le président travaille, pouvoir faire de belles images du début de l’entretien et à la fin sur le perron de la présidence, les journalistes recueillent l’avis de l’invité, et Bouteflika, un pas en arrière, observe silencieux. C’est devenu un quasi rituel désormais. Mais cela pose bien des questions. Et en particulier, la place et le rôle des ministres.
Quelle peut être en effet leur crédibilité quand le président s’arroge tout le pouvoir de décision lors ces entretiens ? Les ministres du gouvernement, quand ils accueillent leurs homologues ou des investisseurs potentiels, savent que le président les recevra et qu’il risque de ne pas forcément avoir les mêmes vues qu’eux. On a déjà vu un ministre dire blanc à son homologue, lequel reçu ensuite à El Mouradia se sera entendu dire noir. En fait Bouteflika agit à sa guise et les ministres sont une fois encore ravalés au rang de faire valoir ou de technicien.
Quel crédit faut-il alors porter aux ministres algériens ? La question se pose à l’étranger. A tel point que le ministère des Affaires étrangères français vient de publier un appel d’offre surréaliste, « pour comprendre le fonctionnement de l’Etat algérien » selon la lettre d’informations Maghreb Confidentiel. Si pareil appel d’offre est destiné à faire le point sur les soi-disant centres de décisions occultes qui gouvernent le pays, il devrait aussi éclairer sur le fonctionnement gouvernemental et l’articulation avec le pouvoir présidentiel.
Quel intérêt y aurait-il à comparer avec la situation qui prévaut dans les pays voisins, mais enfin a-t-on jamais vu le roi du Maroc ou le président tunisien recevoir indifféremment tout invité étranger en son palais ? Et en douze ans de présidence Chirac aucun ministre n’a eu le privilège d’être invité à l’Elysée. Même constat pour le président Sarkozy : un an après son arrivé au pouvoir, il n’a reçu aucun ministre algérien quand une bonne partie des ministres de son gouvernement ont eu droit aux honneurs présidentiels à Alger. Un tel fonctionnement irrite en secret bien des ministres algériens, mais que peuvent-ils face à l’appétit présidentiel d’Abdelaziz Bouteflika, sa volonté de tout contrôler et son goût pour les caméras de télévision ?
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