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L' emir chanté par les poetes.

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  • L' emir chanté par les poetes.

    Le poète a toujours raison/Il voit plus haut que l’horizon/ Et le futur est son royaume » écrivait Louis Aragon(1897/1982). Arthur Rimbaud(1854/1891), enfant terrible de la poésie française, illustre à merveille ces vers du poète considéré comme la mémoire du siècle. A 14 ans, alors qu’il est encore collégien, il écrit en latin un poème sur l’émir Abdelkader en lequel son génie précoce pressent déjà l’avenir de l’Algérie.
    «Il est né sur les monts d’Algérie un enfant peu commun» prophétise celui qui voit en Abdelkader l’héritier de Jugurtha et qui réduit ainsi en cendres la thèse de l’Afrique romaine et latine revenant de droit aux Français. «Et la brise légère l’a dit / Jugurtha nous revient…» annonce-t-il. «Depuis peu s’est levé celui/ Qui bientôt deviendrait /Pour le peuple arabe et sa patrie un nouveau Jugurtha/ Quand l’ombre de Jugurtha lui-même aux parents stupéfaits / Apparut, penché sur leur enfant et l’ombre rapporta /L’histoire de sa vie et se mit à conter / Ô patrie, Ô terre défendue par ma seule vigueur». Inutile de souligner que ce poème découvert et traduit du latin par Jules Monquet en 1932 est royalement « ignoré » par les rimbaldiens. Tout comme le poème écrit par Victor-Hugo (1802/1885), sur le même sujet ne figure pas au programme d’enseignement des établissements français. Dans ce poème l’auteur des Misérables fait un parallèle entre Napoléon III, brocardé comme «l’homme louche de l’Elysée» et l’Emir. Les deux hommes ont le même âge et c’est la visite que Napoléon III rend à Abdelkader sur les lieux mêmes de sa captivité qui inspire Victor-Hugo qui qualifiait la colonisation de «civilisation de la guillotine». «Lui, l’homme fauve du désert/ Lui, le sultan né sous les palmes/ Le compagnon des lions roux/ Le hadj farouche aux yeux calmes/ L’Emir pensif, féroce et doux.» écrit Victor-Hugo qui met en valeur «Le beau soldat, Le beau prêtre» et rabaisse Napoléon III, dernier monarque et le premier président des Français. Clichés orientalistes mis à part, la personnalité de l’émir que l’historien Benjamin Stora qualifie d’ «homme de la synthèse» a profondément impressionné le plus grand des écrivains français.
    Un autre adolescent, bien algérien celui-là, tiendra une conférence sur ce sujet décidément inépuisable. Nous sommes en mai 1947 à Paris et Kateb Yacine, marqué au fer des évènements du 8 mai 1945, prononce à la Salle des Sociétés savantes une véritable profession de foi qui annonce l’homme de conviction et l’écrivain génial qu’il restera toute sa vie. Ainsi bien avant que le louent ses propres ennemis et que ne le «redécouvrent» les politiques de son pays celui qui se prévalait du hadith bien connu «L’encre des savants est plus précieuse que le sang des martyrs» était chanté par les hommes de plume dont il fût. Ne disait-il pas : «Le Kalam – la plume – depuis qu’il a été taillé a pour esclave le sabre depuis qu’il a été effilé».
    Par : Karimène Toubbiya
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