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    La politique de voisinage de l’Union européenne

    par Béatrice Leveillé
    Article publié le 27/05/2008 Dernière mise à jour le 27/05/2008 à 19:46 TU

    L’Union pour la Méditerranée, qui doit voir le jour au sommet de Paris, le 13 juillet 2008, ne concurrencera pas la politique européenne de voisinage, cet échange « bilatéral »entre les 27 et leurs pays voisins qui devrait même se trouver renforcé. Le Maroc est un des pays qui va en tirer le plus de profit.

    En 2003, à la veille de l’élargissement, l’Union européenne s’est dotée d’une politique européenne de voisinage : une nouvelle politique étrangère qui facilite les relations de l’UE avec ses nouveaux voisins. 16 pays sont concernés : à l’Est, l’Arménie, l’Azerbaïdjan, la Biélorussie, la Géorgie, la Moldavie et l’Ukraine ; au sud, l’Algérie, le Maroc, l’Egypte, Israël, la Jordanie, le Liban, la Libye, l’Autorité palestinienne, la Syrie et la Tunisie.
    La stabilité et le développement de ces pays sont une priorité pour l’Union européenne qui veut garantir sa propre sécurité et sa prospérité. Pour mener une politique régionale ambitieuse, l’Union européenne manque souvent d’interlocuteurs. Face au manque de volonté ou à la désorganisation de certains pays, le processus de Barcelone piétine depuis 13 ans. L’Union pour la Méditerranée doit relancer la politique régionale de l’Union européenne en se focalisant sur des projets très concrets : la dépollution de la Méditerranée, des infrastructures comme l’autoroute qui relierait les différents pays du Maghreb - un projet d’autant plus ambitieux que la frontière entre l’Algérie et le Maroc est officiellement fermée - ou encore le dessalement de l’eau de mer avec l’énergie solaire.
    En attendant, l’Union européenne a développé, avec la politique européenne de voisinage, un instrument qui permet d’avancer sur le terrain de l’intégration. La différenciation permet à chaque pays d’avancer à sa propre vitesse.

    Cette politique européenne, qui se focalise sur des projets concrets, donne des résultats inégaux. Elle n’est qu’un instrument au service des Etats. Certains s’en servent pour appuyer leurs politiques de réformes et de développement, d’autres comme la Biélorussie ou l’Algérie la rejette ou s’en désintéresse.

    Le Maroc, meilleur partenaire de l’Union européenne

    Sa stratégie d’arrimage à l’Europe est déjà ancienne et la politique européenne vient soutenir la volonté de modernisation initié par le roi et le gouvernement. Pour Bruno Dethomas, ambassadeur de l’Union européenne au Maroc, « Le Maroc est un partenaire privilégié de l’Union européenne ». Le diplomate considère que ce pays est plutôt bien géré même si l’administration locale n’est pas encore très convaincante. Entendez : peu compétente et souvent corrompue. Robert Soltyk, qui coordonne à Bruxelles la politique européenne de voisinage, pense que le Maroc est le plus intéressé de tous les pays concerné par cette politique de voisinage.

    Le Maroc en tire déjà profit. Il est le deuxième pays après les Etats Unis à bénéficier d’un accord « à ciel ouvert » avec l’Union européenne. Accord qui facilite le transport aérien et permet de développer les vols à bas coût entre les pays de l’Union européenne et le Maroc.

    Avec une croissance soutenue, en moyenne 5% par an, le Maroc se développe à belle allure malgré les dérèglements climatiques qui affectent le secteur agricole. La sécheresse de l’année dernière a coûté 4 milliard d’euros au Maroc à cause du renchérissement des produits agricoles importés.

    4 milliards d’euros, c’est justement le montant des transferts d’argent que les Marocains de l’extérieur investissent chaque année dans leur pays d’origine. Une manne qui dope surtout le secteur de la construction et que le gouvernement marocain voudrait orienter vers des secteurs économiques à plus fort développement. La libéralisation des échanges est au premier plan des discussions entre Rabat et Bruxelles. Les deux tiers des échanges agricoles devraient être libéralisés avant la fin de l’année. L’Union européenne a engagé plus d’un million 600 000 euros au Maroc depuis le lancement du processus de Barcelone. Une aide qui croît de 20% par an depuis la mise en œuvre de la politique européenne de voisinage en 2004. Cette aide s’élève à près de 200 millions d’euros chaque année.
    En échange, l’Union européenne, attend de ses voisins qu’ils adoptent de bonnes pratiques en matière de droits de l’homme, d’égalité homme femme, d’éducation et de démocratie. Le Maroc est l’un des rares pays du Sud qui accepte de parler de ces questions. Rabat a créé un Conseil consultatif des droits de l’homme et adopté un nouveau code de la famille. Une loi sur la presse encore dépassée et le conservatisme des magistrats assombrissent un peu le tableau malgré des élections législatives en 2007 considérées comme les plus transparentes de l’histoire, au sud de la Méditerranée.

    Le plus gros handicap du Maroc est l’analphabétisme qui touche près de la moitié de la population surtout dans le secteur rural. La pauvreté affecte 14% de la population. Un facteur de déstabilisation car la pauvreté est le terreau du terrorisme dans ce pays. Le Maroc s’est doté d’une politique « des villes sans bidonvilles » qui a pour ambition d’éradiquer ces poches d’extrême pauvreté à l’horizon 2012. Dans la lutte contre la pauvreté, le désenclavement de régions rurales comme le Rif, au nord du pays, une montagne qui tombe dans la mer, une région sauvage et très belle délaissée par le roi Hassan II parce que c’était une région rebelle, est essentiel. Le développement des autoroutes qui doivent d’ici à 2012 relier toutes les régions du Maroc va jouer un grand rôle dans cette politique de désenclavement. L’Union européenne finance la construction d’un kilomètre d’autoroute sur 4.

    Le Maroc revendique un statut avancé qui serait l’avant-garde de cette ambitieuse politique de voisinage. « On devrait être capable de donner au Maroc un statut qui montrera aux pays du Sud que lorsque l’ambition est là, l’Europe suit » dit Bruno Dethomas, ambassadeur de l’Union européenne au Maroc.

    RFI - http://www.rfi.fr/actufr/articles/101/article_66772.asp
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