L’EMIR ABDELKADER
Du Traité de la Tafna à l’exil
Par Boukherissa KHEIREDINE
L’Emir n’a été ni le premier ni le dernier révolté depuis l’invasion française à avoir défendu le sol de ses aïeux et à accepter, après un parcours de 17 ans de lutte acharnée, la reddition.
L’Emir Abdelkader est un enfant de zaouïa, il doit son éducation et son érudition aux fondements de l’Islam, et particulièrement à la tarîqa Quadiriya très proche du soufisme, ainsi qu’aux velléités de la vie du moment; aux oppositions et frictions entretenues bien avant sa maturité, entre le pouvoir turc disloqué du dey et de ses beyliks, par leurs impositions, semble-t-il, dictatoriales qui modelèrent leur composante sociale et sociologique, basée essentiellement sur un système strictement tribal de l’époque, mais en aucune manière l’émanation d’une quelconque construction, même fictive, d’un Etat ou d’une nation, comme cela se propage dans l’esprit de certains de ses disciples.
L’Emir Abdelkader n’a été ni le premier ni le dernier révolté depuis l’invasion française à avoir défendu le sol, celui de ses aïeux les plus proches, les Hachem en particulier, et à accepter, après un parcours de 17 ans de lutte acharnée, la reddition. Ferhat Abbas a souhaité l’assimilation et, avant lui, l’Emir Khaled, l’égalité des droits et devoirs entre les communautés belligérantes.
A chaque temporalité, des hommes et des styles. Toutes les issues furent obturées et sous leurs étendards «l’Algérie», baptisée par la colonisation, est restée malheureusement sous scellés sous la domination coloniale, quels que soient les faits d’armes des uns et des autres, jusqu’aux années décisives qui verront naître une nouvelle génération d’hommes, abreuvés de la douleur de leurs semblables, de l’injustice et des inégalités instaurées par un pouvoir qui a survécu à l’Emir, aux Bou Amama, aux Boumezrag et à bien d’autres vaillants défenseurs de cette «identité nationale». L’Algérie, Etat et nation, est née de cette volonté complexe, pétrie d’abnégation et de lutte acharnée, irréversible, pour l’indépendance totale, pour que les droits de l’homme s’épanouissent dans la liberté et l’égalité, une liberté qui devait s’arracher, sachant pertinemment qu’elle ne se donnait pas. Des hommes à l’esprit collectif d’abord et aux valeurs et convictions inébranlables ont décidé en leur âme et conscience de lutter jusqu’au martyre, non à la capitulation. Le cas de Abdelkader est certes atypique. Un cas d’école, cependant, il ne manque pas d’ouvrir des voies de convergence, et également de discordance sur le foisonnement iconographique construit autour de lui, non seulement par les Occidentaux, mais un peu plus tard aussi par les Orientaux. Deux éléments majeurs segmentent pourtant toute l’oeuvre dualiste «esprit et corps» d’Abdelkader Nasr-Eddine Ben Mohieddine El Hassani, de son vrai nom.
Elles sont d’ailleurs, on ne peut plus explicites et résumées par feu Jacques Berque dans ses déclarations qui expriment fort bien les deux segments de la vie de l’Emir. Il dit dans la première que l’Emir: «C’est un grand homme, qui réunit des qualités guerrières et politiques, un général de cavalerie reconnu par ses ennemis. Il dut abandonner le combat sous certaines conditions. Mais on lui a répondu en le mettant en prison. Durant les dernières années de résistance, la plupart des tribus engagées dans le combat furent complètement razziées. Abdelkader, qui est un homme de religion, après avoir consulté les ouléma, a donc décidé d’abandonner une guerre qui devenait de plus en plus meurtrière et de plus en plus nocive».
Et il poursuit pour conclure: «La seconde partie de sa vie, Abdelkader la consacre à une autre "espèce de djihad". Celui de la réflexion, le djihad philosophique. C’est aussi à ce niveau que séduit la personnalité d’Abdelkader. Car on imagine mal un Bugeaud en retraite, consacrant le restant de sa vie à la mystique.» «Dans sa retraite à Damas, Abdelkader consacra une partie de sa vie à approfondir la lecture du Coran. Les écrits d’Abdelkader nous incitent à poser une question sur l’histoire littéraire et sur la renaissance arabo-musulmane et répondre qu’Abdelkader fut le précurseur de la "Nahdha".»
Le Traité de la Tafna
Chaque fois que le nom de l’Emir Abdelkader est évoqué, il me vient directement à l’esprit le Traité de la Tafna ´´Siga´´. Bien qu’il y eut un traité dit «secret» entre Abdelkader et le général Desmichels précédant ce dernier, régissant en catimini les transactions commerciales entre l’armée coloniale et les tribus alliées à l’émir, lui concédant à ce titre le port d’Arzew, celui de la Tafna reste fondamental. Il prête à une analyse beaucoup plus approfondie des tenants et aboutissants de tous le parcours de l’émir. Loin de moi l’idée d’une relecture partisane de l’histoire qui pourrait effleurer certains esprits malveillants, l’histoire parle d’elle-même. Elle nous renseigne, au-delà de nos préjugés, sur l’homme et ses réalisations, sur des vérités incommensurables. Intronisé malgré lui à la fleur de l’âge, le 25 novembre 1832, «sultan des Arabes» à la faveur semble-t-il, d’une prophétie qu’aurait accueillie son père dans un rêve, il ne sera reconnu dans cette distinction que par trois tribus. Modestement,Abdelkader, ayant mesuré ses capacités intrinsèques, avait préféré le titre d’émir à celui, plus encombrant et compromettant, de sultan. Ce qui ne l’empêchera pas de structurer son pouvoir sur la même typologie que l’empire ottoman, l’émir et ses khalifes.
Vers le 30 mai 1837, l’Emir Abdelkader, affaibli par des incursions successives, et malgré tout ce qu’on peut lui prêter comme valeur guerrière, acceptera sa défaite et s’assied à la table des négociations. Bugeaud l’avait déjà annoncé comme hypothèse: «Abdelkader est le seul chef arabe qui puisse nous offrir des garanties de paix et de commerce; il a de la grandeur dans les idées et des vues de civilisation; il conduira les Arabes dans le progrès des arts et de l’industrie et nous ouvrira ainsi les sources de nombreuses relations commerciales [...].Je pense qu’il est plus sage d’exploiter le pays commercialement, en ayant une petite zone pour essayer la colonisation et la culture, qui ne peuvent pas nuire à l’industrie agricole de la France.»1 Les négociations se poursuivront dans l’esprit du rétablissement de la paix, jusqu’au jour où l’émir reconnaîtra à la France le droit du sol «Article 1: L’Emir Abdelkader reconnaît la souveraineté de la France»2. N’étant pas lui-même souverain sur l’Algérie, il acceptera le partage du territoire, pourvu qu’il puisse régner sur une parcelle de ce pays. «Article 2: La France se réserve, dans la province d’Oran, Mostaganem, Mazagran, et leurs territoires, Oran Arzew, et un territoire, limité comme suit: à l’Est par la rivière Macta, et les marais dont elle sort; au Sud, par une ligne partant des marais précités, passant par les rives sud du lac, et se prolongeant jusqu’à l’oued Maleh dans la direction de Sidi Saïd; et de cette rivière jusqu’à la mer, appartiendra aux Français. Dans la province d’Alger, Alger, le Sahel, la plaine de la Metidja - limitée à l’Est par l’oued Khuddra, en aval; au Sud par la crête de la première chaîne du Petit Atlas, jusqu’à la Chiffa jusq’au saillant de Mazafran, et de là par une ligne directe jusqu’à la mer, y compris Coleah et son territoire - seront français.»
Ainsi, les deux tiers de «l’Algérie» sont remis à l’Emir stipulés dans l’article 3. La France conservera ainsi une position stratégique en s’appuyant sur les points forts du territoire situés pour la plupart sur le littoral.
Elle concrétisera ainsi le but recherché, celui de fructifier son commerce en Méditerranée. Ce qui poussera un peu plus tard l’économiste et historien Alfred Sauvy à écrire à ce propos: «Le responsable de la conquête n’est pas Bugeaud, mais Abd el-Kader. Les pouvoirs publics français étaient prêts à se contenter de quelques ports marchands, quand la révolte a obligé l’armée à rétablir l’ordre et le Parlement à voter les crédits nécessaires.» Comment peut-on apprécier ce commentaire si poignant et si compromettant? A-t-on, depuis, répondu à cette approche historique des faits? L’élévation de cet homme au statut d’homme d’Etat demeure problématique.
Certes, il a été un résistant farouche et un homme d’une grande érudition, poète et humaniste à la fois dont les qualités sont indéniables, mais comme stratège, les fruits de sa chute nous les avons amèrement avalés depuis des lustres. Il n’a pas, pour autant, hésité à user de pratiques exterminatoires à l’égard de ses opposants pourtant de la même confession et de la même race pour asseoir son autorité et se positionner en seul interlocuteur des Français. Il s’en repentira dans l’exil. La suite du texte relatif au traité est plus qu’explicite quant à l’étendue de l’autorité coloniale et au rétrécissement de celle de l’Emir. Il n’avait même pas droit de regard sur les musulmans qui vivaient dans les territoires occupés. Des impositions des Turcs, il se soumettra à celle de la colonisation, il avait pour obligation de verser: «30.000 mesures de blé, 30.000 mesures d’orge et 5000 boeufs.» Piégé par une stratégie coloniale machiavélique, «La paix avec l’émir leur permet de concentrer leurs forces pour conquérir la province orientale»4. Plus de 14.000 hommes se préparaient aux combats depuis plus de quatre mois pour détrôner Ahmed Bey. L’expédition, la seconde depuis 1837, réussira à déloger le bey de sa citadelle pour le voir fuir vers le Sud et essayer à son tour de réunir les tribus avoisinantes. Des rivalités entre les beys et les Emirs, dans une Algérie orpheline livrée à la convoitise.
Du Traité de la Tafna à l’exil
Par Boukherissa KHEIREDINE
L’Emir n’a été ni le premier ni le dernier révolté depuis l’invasion française à avoir défendu le sol de ses aïeux et à accepter, après un parcours de 17 ans de lutte acharnée, la reddition.
L’Emir Abdelkader est un enfant de zaouïa, il doit son éducation et son érudition aux fondements de l’Islam, et particulièrement à la tarîqa Quadiriya très proche du soufisme, ainsi qu’aux velléités de la vie du moment; aux oppositions et frictions entretenues bien avant sa maturité, entre le pouvoir turc disloqué du dey et de ses beyliks, par leurs impositions, semble-t-il, dictatoriales qui modelèrent leur composante sociale et sociologique, basée essentiellement sur un système strictement tribal de l’époque, mais en aucune manière l’émanation d’une quelconque construction, même fictive, d’un Etat ou d’une nation, comme cela se propage dans l’esprit de certains de ses disciples.
L’Emir Abdelkader n’a été ni le premier ni le dernier révolté depuis l’invasion française à avoir défendu le sol, celui de ses aïeux les plus proches, les Hachem en particulier, et à accepter, après un parcours de 17 ans de lutte acharnée, la reddition. Ferhat Abbas a souhaité l’assimilation et, avant lui, l’Emir Khaled, l’égalité des droits et devoirs entre les communautés belligérantes.
A chaque temporalité, des hommes et des styles. Toutes les issues furent obturées et sous leurs étendards «l’Algérie», baptisée par la colonisation, est restée malheureusement sous scellés sous la domination coloniale, quels que soient les faits d’armes des uns et des autres, jusqu’aux années décisives qui verront naître une nouvelle génération d’hommes, abreuvés de la douleur de leurs semblables, de l’injustice et des inégalités instaurées par un pouvoir qui a survécu à l’Emir, aux Bou Amama, aux Boumezrag et à bien d’autres vaillants défenseurs de cette «identité nationale». L’Algérie, Etat et nation, est née de cette volonté complexe, pétrie d’abnégation et de lutte acharnée, irréversible, pour l’indépendance totale, pour que les droits de l’homme s’épanouissent dans la liberté et l’égalité, une liberté qui devait s’arracher, sachant pertinemment qu’elle ne se donnait pas. Des hommes à l’esprit collectif d’abord et aux valeurs et convictions inébranlables ont décidé en leur âme et conscience de lutter jusqu’au martyre, non à la capitulation. Le cas de Abdelkader est certes atypique. Un cas d’école, cependant, il ne manque pas d’ouvrir des voies de convergence, et également de discordance sur le foisonnement iconographique construit autour de lui, non seulement par les Occidentaux, mais un peu plus tard aussi par les Orientaux. Deux éléments majeurs segmentent pourtant toute l’oeuvre dualiste «esprit et corps» d’Abdelkader Nasr-Eddine Ben Mohieddine El Hassani, de son vrai nom.
Elles sont d’ailleurs, on ne peut plus explicites et résumées par feu Jacques Berque dans ses déclarations qui expriment fort bien les deux segments de la vie de l’Emir. Il dit dans la première que l’Emir: «C’est un grand homme, qui réunit des qualités guerrières et politiques, un général de cavalerie reconnu par ses ennemis. Il dut abandonner le combat sous certaines conditions. Mais on lui a répondu en le mettant en prison. Durant les dernières années de résistance, la plupart des tribus engagées dans le combat furent complètement razziées. Abdelkader, qui est un homme de religion, après avoir consulté les ouléma, a donc décidé d’abandonner une guerre qui devenait de plus en plus meurtrière et de plus en plus nocive».
Et il poursuit pour conclure: «La seconde partie de sa vie, Abdelkader la consacre à une autre "espèce de djihad". Celui de la réflexion, le djihad philosophique. C’est aussi à ce niveau que séduit la personnalité d’Abdelkader. Car on imagine mal un Bugeaud en retraite, consacrant le restant de sa vie à la mystique.» «Dans sa retraite à Damas, Abdelkader consacra une partie de sa vie à approfondir la lecture du Coran. Les écrits d’Abdelkader nous incitent à poser une question sur l’histoire littéraire et sur la renaissance arabo-musulmane et répondre qu’Abdelkader fut le précurseur de la "Nahdha".»
Le Traité de la Tafna
Chaque fois que le nom de l’Emir Abdelkader est évoqué, il me vient directement à l’esprit le Traité de la Tafna ´´Siga´´. Bien qu’il y eut un traité dit «secret» entre Abdelkader et le général Desmichels précédant ce dernier, régissant en catimini les transactions commerciales entre l’armée coloniale et les tribus alliées à l’émir, lui concédant à ce titre le port d’Arzew, celui de la Tafna reste fondamental. Il prête à une analyse beaucoup plus approfondie des tenants et aboutissants de tous le parcours de l’émir. Loin de moi l’idée d’une relecture partisane de l’histoire qui pourrait effleurer certains esprits malveillants, l’histoire parle d’elle-même. Elle nous renseigne, au-delà de nos préjugés, sur l’homme et ses réalisations, sur des vérités incommensurables. Intronisé malgré lui à la fleur de l’âge, le 25 novembre 1832, «sultan des Arabes» à la faveur semble-t-il, d’une prophétie qu’aurait accueillie son père dans un rêve, il ne sera reconnu dans cette distinction que par trois tribus. Modestement,Abdelkader, ayant mesuré ses capacités intrinsèques, avait préféré le titre d’émir à celui, plus encombrant et compromettant, de sultan. Ce qui ne l’empêchera pas de structurer son pouvoir sur la même typologie que l’empire ottoman, l’émir et ses khalifes.
Vers le 30 mai 1837, l’Emir Abdelkader, affaibli par des incursions successives, et malgré tout ce qu’on peut lui prêter comme valeur guerrière, acceptera sa défaite et s’assied à la table des négociations. Bugeaud l’avait déjà annoncé comme hypothèse: «Abdelkader est le seul chef arabe qui puisse nous offrir des garanties de paix et de commerce; il a de la grandeur dans les idées et des vues de civilisation; il conduira les Arabes dans le progrès des arts et de l’industrie et nous ouvrira ainsi les sources de nombreuses relations commerciales [...].Je pense qu’il est plus sage d’exploiter le pays commercialement, en ayant une petite zone pour essayer la colonisation et la culture, qui ne peuvent pas nuire à l’industrie agricole de la France.»1 Les négociations se poursuivront dans l’esprit du rétablissement de la paix, jusqu’au jour où l’émir reconnaîtra à la France le droit du sol «Article 1: L’Emir Abdelkader reconnaît la souveraineté de la France»2. N’étant pas lui-même souverain sur l’Algérie, il acceptera le partage du territoire, pourvu qu’il puisse régner sur une parcelle de ce pays. «Article 2: La France se réserve, dans la province d’Oran, Mostaganem, Mazagran, et leurs territoires, Oran Arzew, et un territoire, limité comme suit: à l’Est par la rivière Macta, et les marais dont elle sort; au Sud, par une ligne partant des marais précités, passant par les rives sud du lac, et se prolongeant jusqu’à l’oued Maleh dans la direction de Sidi Saïd; et de cette rivière jusqu’à la mer, appartiendra aux Français. Dans la province d’Alger, Alger, le Sahel, la plaine de la Metidja - limitée à l’Est par l’oued Khuddra, en aval; au Sud par la crête de la première chaîne du Petit Atlas, jusqu’à la Chiffa jusq’au saillant de Mazafran, et de là par une ligne directe jusqu’à la mer, y compris Coleah et son territoire - seront français.»
Ainsi, les deux tiers de «l’Algérie» sont remis à l’Emir stipulés dans l’article 3. La France conservera ainsi une position stratégique en s’appuyant sur les points forts du territoire situés pour la plupart sur le littoral.
Elle concrétisera ainsi le but recherché, celui de fructifier son commerce en Méditerranée. Ce qui poussera un peu plus tard l’économiste et historien Alfred Sauvy à écrire à ce propos: «Le responsable de la conquête n’est pas Bugeaud, mais Abd el-Kader. Les pouvoirs publics français étaient prêts à se contenter de quelques ports marchands, quand la révolte a obligé l’armée à rétablir l’ordre et le Parlement à voter les crédits nécessaires.» Comment peut-on apprécier ce commentaire si poignant et si compromettant? A-t-on, depuis, répondu à cette approche historique des faits? L’élévation de cet homme au statut d’homme d’Etat demeure problématique.
Certes, il a été un résistant farouche et un homme d’une grande érudition, poète et humaniste à la fois dont les qualités sont indéniables, mais comme stratège, les fruits de sa chute nous les avons amèrement avalés depuis des lustres. Il n’a pas, pour autant, hésité à user de pratiques exterminatoires à l’égard de ses opposants pourtant de la même confession et de la même race pour asseoir son autorité et se positionner en seul interlocuteur des Français. Il s’en repentira dans l’exil. La suite du texte relatif au traité est plus qu’explicite quant à l’étendue de l’autorité coloniale et au rétrécissement de celle de l’Emir. Il n’avait même pas droit de regard sur les musulmans qui vivaient dans les territoires occupés. Des impositions des Turcs, il se soumettra à celle de la colonisation, il avait pour obligation de verser: «30.000 mesures de blé, 30.000 mesures d’orge et 5000 boeufs.» Piégé par une stratégie coloniale machiavélique, «La paix avec l’émir leur permet de concentrer leurs forces pour conquérir la province orientale»4. Plus de 14.000 hommes se préparaient aux combats depuis plus de quatre mois pour détrôner Ahmed Bey. L’expédition, la seconde depuis 1837, réussira à déloger le bey de sa citadelle pour le voir fuir vers le Sud et essayer à son tour de réunir les tribus avoisinantes. Des rivalités entre les beys et les Emirs, dans une Algérie orpheline livrée à la convoitise.
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