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Laïnser Aberkane, trésor des entrailles du Djurdjura

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  • Laïnser Aberkane, trésor des entrailles du Djurdjura

    S’il y a bien un site qui confirme l’affirmation qui dit que ‘’le Djurdjura est un château d’eau naturel’’ c’est bien Laînser Aberkane (la Source noire ), située sur le versant sud de la chaîne de montagne kabyle, dans la commune de Saharidj. Elle est la troisième grande source qui sort des entrailles de cette montagne à côté de la Source d’Ath Ouabane et de celle d’Agouni Gueghrane, sur le versant nord, dans la wilaya de Tizi Ouzou. Ce patrimoine hydrique est l’une des rares merveilles dont la nature a doté la wilaya de Bouira. En effet, comme résurgence naturelle que les hommes n’ont qu’à bien exploiter pour servir la communauté, il n’en existe à Bouira que de rares spécimens que nous avons aussi rencontrés à Dechmia (source de Sidi Brada) et Taguedite (source de Aïn Ghorab). D’autres sources de moindre importance parsèment bien sûr le territoire, à l’exemple de Aïn Zebda (Aghbalou).

    Mais, la qualité irréprochable de l’eau de la Source Noire et son débit unique sur tout le territoire de la wilaya de Bouira font de ce don de la nature une convoitise de toutes les régions limitrophes pour s’en approvisionner et de certains investisseurs en eaux minérales, comme le groupe Cevital, pour l’exploiter.

    Dans la haute saison pluviale, entre novembre et avril, le débit de cette source tourne autour de 170 litres par seconde. En saison sèche, le débit ne régresse que de quelques litres. Mieux, un jaugeage du débit effectué en plein été, le 26 juillet 2003, a donné 170 l/s.

    Un trésor sorti des entrailles du Djurdjura


    Laînser Aberkane est situé au pied du pic de Lalla Kehdidja. Son point de résurgence est à une altitude de 1 200 m , entre le village de M’zarir (Imesdourar) et les maquis de chêne vert du canton Timerkoumine relevant du Parc national du Djurdjura.

    Il constitue un prolongement de la confluence d’Ighzer n’Tizi Kouilal avec Tassift Azrou Bou Djane. C’est l’une des résurgences les plus connues du réseau souterrain caractérisant le relief karstique du Djurdjura. La grande majorité des couches géologiques de la chaîne de montagne remonte aux étages du trias et du jurassique (plus de 160 millions d’années).

    Dès que les masses calcaires se trouvent en saillie au-dessus du niveau des rivières principales, les eaux de pluie s’infiltrent en profondeur. Elles taraudent les masses calcaires en utilisant les zones de faiblesse appelées “diaclases”. Elles élargissent ces joints en organisant un véritable réseau souterrain comportant des puits verticaux qui crèvent la surface du plateau de gouffres profonds appelés “avens” (comme celui d’Assoual) et de multiples galeries qui s’agrandissent en vastes cavernes reliées par des boyaux étranglés.

    Ces cavernes, qui prennent parfois des dimensions énormes (à l’exemple de la grotte du Macchabée de Aïn El Hammam), sont splendidement ornées par des dépôts de carbonate de chaux, concrétions calcaires qui pendent des plafonds des grottes (stalactites) ou montent du sol (stalagmites).

    Ce réseau souterrain s’établit de plus en plus profondément à mesure du calcaire mis en saillie et que les vallées principales se creusent.

    Les eaux infiltrées dans la masse calcaire se rassemblent en véritables cours souterrains qui creusent leur lit comme le feraient des rivières superficielles, travaillent à réduire les ruptures de pente (cascades) et s’étalent en lacs. Au-dessus, elles circulent sous pression dans les chenaux qui sont tous saturés, et finalement toute la base de la masse calcaire imbibée d’eau devient imperméable. Les eaux ressortent en grosses sources appelées résurgences. La résurgence de Laînser Aberkane alimente une grande partie des villages de la daïra de M’chedallalh situés en aval. L’alimentation en eau potable à partir de cette source doit par la suite toucher les villages situés sur la RN 5 (Ahnif et Taourirt) ainsi que la vallée de l’Oued Sahel (Raffour et Chorfa).

    Ce bassin d’alimentation en eau potable fera, à moyen terme, la jonction avec le barrage de Tilesdit (Bachloul) et le réseau qui prendra le départ du barrage de Tichy-Haf (sur le Bousellam, dans la wilaya de Bejaia).

    Une chaîne hydrique sera ainsi installée au Nord-Est de la wilaya de Bouira, ce qui ne manquera pas de propulser le secteur de l’agriculture vers d’autres cultures où seront combinés le caractère intensif et la diversification des spéculations.

    Une merveilleuse source en friche

    Des sources existent aussi en grand nombre dans les hautes collines du Titteri qui se couvrent de neige de la même façon que les piémonts du Djurdjura.

    Ahmed, habitant de Ben Sehaba a tenu à évoquer le travail réalisé par l’ancien exécutif de la commune de Dechmia au début des années 90. Il s’agit de la source appelée Guelt Rrouss. “C’est un véritable sabotage. Une source géante, à débit extraordinaire, a été dilapidée par un entrepreneur. Mal captée, anarchiquement aménagée, elle est réduite à un filet d’eau’’. Il nous a aussi indiqué une source plus importante “laissée, Dieu merci, à l’état sauvage !.” Nous avons tenu à la visiter. Il s’agit de la source de Sidi Brada située sur la rive droite d’un cours d’eau du même nom. Nous prenons par la droite une piste rocailleuse surmontée d’escarpements hauts de quelque soixante mètres, une ambiance d’ombre et d’humidité enveloppe les lieux malgré une chaleur qui commençait à montrer ses dards en ce milieu du mois de mai.

    Un couvert végétal au feuillage luisant, constitué de maquis et de taillis de chêne-vert, ajoute une note bucolique à ce décor d’eau, de galets et de troupeaux de chèvres.

    Nous sommes sur le col de Ben Sehaba (commune de Dechmia, daïra de Sour El Ghozlane), à quelque 5 km de la ville de Djouab relevant de wilaya de Médéa.

    A l’entrée de la piste, un décor de lumière filtrée par les frondaisons du chêne-vert s’installe brusquement. On nous y apprend que la rosée et le givre des nuits claires du mois de janvier ne s’estompent qu’au début de l’après-midi lorsque le soleil parvient à l’horizon occidental. Les troupeaux d’ovins et de caprins occupent pratiquement toute la largeur de la piste. Aucun véhicule ne risque de casser ce silence olympien si ce n’est, deux à trois fois dans la journée, le passage houleux d’un tracteur marquant nettement ses roulis sur une chaussée raboteuse. Après mille cinq cent mètres de marche dans la piste, nous entendons sur notre droite des gargouillements dont il est difficile de situer la provenance. Notre guide nous conduisit jusqu’au lieu du jaillissement de la source de Sidi Brada. Sur une dalle rocheuse pentue et à fleur du sol, jaillit avec une étonnante pression une eau cristalline sortie des entrailles de la terre par la voie de crevasses naturelles.

    On dirait que le liquide est actionné par des asperseurs. Toute la masse rocheuse résonne d’un bruit intérieur et d’éclats extérieurs qui transmettent au visiteur un sentiment de beauté mystérieuse. Les enfants de Ben Sehaba, montés sur leurs baudets, viennent s’approvisionner ici en eau potable. L’éventualité d’un aménagement de cette source est évoquée avec les habitants.

    Mais, disent-ils, la somme réservée par les projets traditionnels à l’aménagement des sources, soit cinq cent mille dinars en général, ne pourra pas suffire pour valoriser un tel potentiel. En effet, la source de Sidi Brada, une fois bien captée et construite, pourra alimenter plusieurs hameaux bien au-delà de Ben Sehaba. Pour l’instant, on n’en est pas là; la population continue à vivre le calvaire de l’approvisionnement en eau. En été, pour sauver certaines jeunes plantations fruitières réalisées dans le cadre du Projet d’emploi rural, certains n’ont pas hésité à acheter l’eau par citernes auprès de vendeurs occasionnels qui font monter les enchères à cette occasion jusqu’à faire atteindre à la citerne la somme de mille dinars.

    C’est le prix à payer pour assurer la pérennité de l’investissement. Pendant ce temps, Sidi Brada continue à glouglouter et à donner de l’eau à la bouche.

    Par la Dépêche de Kabylie

  • #2
    Bonjour

    Les capacités et potentiels de la région restent inexploités. Les nappes phréatiques de la Kabylie restent très peu connues, de plus il y a plus d'un danger qui les menace.

    La région est d'une beauté féérique, et d'une richesse rare, mais sans protection il y a vraiment péril en la demeure, l'incivisme risque d'en venir à bout, car sans une véritable politique de protection, je ne vois pas comment faire durer ce que la nature nous offre.

    En tous cas il faut en prendre conscience.
    “La vérité est rarement enterrée, elle est juste embusquée derrière des voiles de pudeur, de douleur, ou d’indifférence; encore faut-il que l’on désire passionnément écarter ces voiles” Amin Maalouf

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