Si la formation continue devient une nécessité absolue pour toute personne assumant une responsabilité au sein de la santé publique, en particulier, la formation des cadres au niveau de l’université doit elle-même évoluer, afin qu’elle s’adapte aux besoins de la société. En ce qui concerne l’Algérie, je peux dire que les professions pharmaceutiques ont pleinement joué leur rôle au service de la Santé et de l’économie. Elles ont suivi le rythme du développement rapide qu’a connu le pays depuis l’indépendance.
Pour situer le problème de la formation du pharmacien dans ce contexte, permettez-moi de donner un aperçu de la situation de la pharmacie et des pharmaciens en Algérie.
Actuellement, plus d’un millier de pharmaciens exercent en Algérie.
Leur répartition par secteur d’activité est la suivante :
- Pharmaciens «Officines».
- Pharmaciens grossistes répartiteurs.
- Pharmaciens biologistes privés.
- Pharmaciens assurant la représentation scientifique des laboratoires.
- Pharmaciens exerçant une activité technico-administrative.
- Pharmaciens des hôpitaux.
- Pharmaciens biologistes hospitaliers
- Pharmaciens résidents en biologie clinique.
- Pharmaciens exerçant à la Pharmacie centrale des hôpitaux (importations, distribution, production, contrôle..).
- Pharmaciens exerçant des fonctions diverses dans le secteur public ou semi-étatique.
- Cadres de la Faculté de Pharmacie algérienne.
Des textes législatifs font de notre profession une des plus réglementées en Algérie.
Ainsi, chaque confrère exerce dans un cadre juridique bien défini.
La formation des pharmaciens exerçant en Algérie a été assurée traditionnellement, et pour des raisons historiques, en France. Cependant, après l’indépendance, cette formation s’est quelque peu diversifiée. Des pharmaciens, quoiqu’en petit nombre, ont été formés dans les autres pays francophones, essentiellement en Belgique et surtout à la Faculté de Pharmacie d’Alger centre.
Cette faculté algéroise de pharmacie dépasse de 15 ans la pharmacie parisienne.
Il faudrait ajouter qu’un certain nombre de pharmaciens ont été formés en Algérie, et quelques rares autres dans les pays du Moyen-Orient, notamment en Egypte, Syrie et Irak.
L’enseignement de la pharmacie en Algérie, et plus précisément à la Faculté d’Alger centre, a débuté durant la période coloniale.
Cette faculté a déjà sorti des promotions de pharmaciens militants et responsables politiques.
L’enseignement prodigué est fortement inspiré des programmes des Facultés françaises.
La question qui se pose à nous, et qui est à l’ordre du jour dans notre pays, est la suivante :
* La formation de nos pharmaciens répond-elle à nos besoins, tant sur le plan qualitatif que quantitatif ?
- Dans quel sens, cette formation doit-elle évoluer pour permettre aux professions pharmaceutiques de jouer pleinement leur rôle au service de la Société algérienne ?
Les problèmes
On peut dire, sans risque de se tromper, que le pharmacien sortant de la faculté trouve des difficultés énormes pour assumer ses responsabilités, quel que soit le domaine d’activité qu’il a choisi pour faire sa carrière. Ce qui montre, qu’actuellement, les études en pharmacie n’ont pas pour finalité de donner aux étudiants un métier, mais plutôt une formation de base qui est supposée suffisante pour permettre au futur diplômé d’exercer son art, dans les différents domaines où il est réputé apte à exercer. Cette situation est le résultat du fait que, formés à l’étranger, ou dans notre pays, selon un modèle étranger, nos jeunes confrères acquièrent une formation qui, le moins que l’on puisse dire, ne répond pas à nos besoins. J’irai même jusqu’à dire qu’elle ne répond plus aux besoins du pays que nous avons pris pour modèle, car ce pays est en train d’étudier la réforme de ses propres études en pharmacie. Historiquement, les pharmaciens de ma génération ont été formés à la Faculté de pharmacie et de médecine d’Alger selon un modèle qui a été, depuis, modifié voilà plus d’une vingtaine d’années.
Le Cursus des études en pharmacie commençait par une année de stage obligatoire dans une Officine, sous la responsabilité d’un Maître de stage. La dernière année des études devait permettre à la faculté de juger à travers les 4 examens définitifs de l’aptitude de l’étudiant de 5ème année, à exercer sa profession de pharmacien, et ce, en s’assurant de ses niveaux de connaissances, tant sur le plan théorique que pratique.
Le développement extraordinaire des connaissances scientifiques et la nécessité d’inclure dans les programmes d’enseignement, d’une manière continue, les nouvelles acquisitions scientifiques et techniques, faisait obligation comme c’est le cas de nos jours, aux autorités administratives et universitaires de mettre au point des réformes touchant aux études de pharmacie. Il est bien clair que la réforme qui a été adoptée en France a sacrifié le côté «formation professionnelle du pharmacien», au profit de sa formation scientifique, car elle avait pour objectif de préparer les futurs diplômés à une carrière des spécialistes, qui, en fait, n’était l’apanage que d’un nombre relativement restreint de diplômés. La majorité de nos jeunes confrères, surtout dans nos pays, se destinait à exercer dans l’Officine, qui se trouve être la première priorité pouvant répondre aux besoins de nos populations. Il est, en effet, indéniable que dans les 20 premières années d’indépendance, c’est l’activité de pharmacien d’officine qui a absorbé l’écrasante majorité des pharmaciens.
Les difficultés
Je citerai quelques exemples pour illustrer les difficultés qui existent actuellement pour les jeunes confrères, pour affronter leur métier.
Un diplôme unique
Dans le cas de l’Officine :
Le jeune diplômé n’est pas suffisamment formé pour affronter les difficultés d’installation, car il ignore tout des problèmes financiers et de gestion qu’il est obligé de résoudre pour pouvoir s’installer. Il se trouve complètement désorienté par des informations souvent contradictoires qu’il recueille auprès de différentes personnes : confrères aînés, banques, grossistes, administration... De plus, ignorant en général les notions inhérentes à la gestion des stocks des médicaments, il se trouve contraint de chercher un collaborateur qualifié pour l’aider dans cette tâche, ce qui est de nature à lui créer des difficultés, du reste, légitimes avec un confrère aîné, qui voit d’un mauvais oeil qu’un jeune pharmacien vienne lui débaucher son personnel en infraction aux règles de déontologie pharmaceutique.
Le problème le plus grave résulte incontestablement du fait, que les facultés délivrent un diplôme unique pour des étudiants qui n’ont pas suivi le même cursus des études dans certaines nouvelles et récentes facultés de médecine en Algérie. En effet, si on considère le cas d’un étudiant qui a choisi de suivre l’option biologie clinique, il suit en 5 années des cours et des stages qui l’éloignent complètement de ses camarades qui ont opté pour la filière «Officine». La réglementation en vigueur fait que les diplômés quelle que soit leur «pré-spécialité» ont les mêmes droits, et en particulier, celui d’exercer en Officine.
Or, pour celui qui a choisi la filière biologie clinique, sa formation le rend inapte à exercer en Officine.
Nous touchons là le problème de l’unicité du diplôme.
Peut-on dire, que trois pharmaciens, formés chacun dans l’une des trois filières : Officine, Biologie clinique et Industrie pharmaceutique, ont une formation les habilitant à exercer à leur sortie de la faculté, dans l’une des trois branches d’activité mentionnées ? - ll est évident que la réponse est : Non. L’unicité du diplôme devra en réalité correspondre à une unicité de formation, chose qui n’existe pas dans les départements de pharmacie implantés récemment.
Le deuxième exemple que je citerai est celui des jeunes confrères qui s’orientent vers la carrière de la pharmacie hospitalière que nous devons, pour beaucoup de raisons, développer pour la rendre de plus en plus attrayante pour les jeunes diplômés.
Malheureusement, le pharmacien diplômé sortant de la faculté se trouve complètement désorienté lorsqu’il est affecté dans un poste hospitalier.
Il se trouve à l’hôpital comme «un corps étranger». Ce problème n’existe pas pour les jeunes médecins qui ont été placés en stage en milieu hospitalier à partir des dernières années d’études du cursus.
Si, on examine la situation des confrères étrangers qui ont suivi les mêmes études, on s’aperçoit qu’ils ont l’obligation pour suivre la carrière hospitalière, de passer par l’Internat, ce qui leur permet d’apprendre leur métier à l’hôpital.
Par ailleurs, les Facultés de pharmacie en Algérie ont déjà corrigé cette insuffisance de la formation en instituant depuis quelques années, un stage hospitalier obligatoire pour tous les étudiants en pharmacie sauf certains nouveaux départements implantés récemment ! Enfin, pour ce qui est de l’ouverture de l’enseignement pharmaceutique sur l’industrie, il faut aussi constater que la réforme n’a pas donné les résultats escomptés, et ce, pour deux raisons essentielles qui sont inhérentes à l’industrie.
En effet, les sociétés qui fabriquent des médicaments répugnent, en général, à recevoir des stagiaires, ou si elles les reçoivent, les cantonnent dans des activités de recherche, qui leur sont en «général inutiles»; sauf s’ils ont la chance d’être recrutés par ces mêmes entreprises.
Pour situer le problème de la formation du pharmacien dans ce contexte, permettez-moi de donner un aperçu de la situation de la pharmacie et des pharmaciens en Algérie.
Actuellement, plus d’un millier de pharmaciens exercent en Algérie.
Leur répartition par secteur d’activité est la suivante :
- Pharmaciens «Officines».
- Pharmaciens grossistes répartiteurs.
- Pharmaciens biologistes privés.
- Pharmaciens assurant la représentation scientifique des laboratoires.
- Pharmaciens exerçant une activité technico-administrative.
- Pharmaciens des hôpitaux.
- Pharmaciens biologistes hospitaliers
- Pharmaciens résidents en biologie clinique.
- Pharmaciens exerçant à la Pharmacie centrale des hôpitaux (importations, distribution, production, contrôle..).
- Pharmaciens exerçant des fonctions diverses dans le secteur public ou semi-étatique.
- Cadres de la Faculté de Pharmacie algérienne.
Des textes législatifs font de notre profession une des plus réglementées en Algérie.
Ainsi, chaque confrère exerce dans un cadre juridique bien défini.
La formation des pharmaciens exerçant en Algérie a été assurée traditionnellement, et pour des raisons historiques, en France. Cependant, après l’indépendance, cette formation s’est quelque peu diversifiée. Des pharmaciens, quoiqu’en petit nombre, ont été formés dans les autres pays francophones, essentiellement en Belgique et surtout à la Faculté de Pharmacie d’Alger centre.
Cette faculté algéroise de pharmacie dépasse de 15 ans la pharmacie parisienne.
Il faudrait ajouter qu’un certain nombre de pharmaciens ont été formés en Algérie, et quelques rares autres dans les pays du Moyen-Orient, notamment en Egypte, Syrie et Irak.
L’enseignement de la pharmacie en Algérie, et plus précisément à la Faculté d’Alger centre, a débuté durant la période coloniale.
Cette faculté a déjà sorti des promotions de pharmaciens militants et responsables politiques.
L’enseignement prodigué est fortement inspiré des programmes des Facultés françaises.
La question qui se pose à nous, et qui est à l’ordre du jour dans notre pays, est la suivante :
* La formation de nos pharmaciens répond-elle à nos besoins, tant sur le plan qualitatif que quantitatif ?
- Dans quel sens, cette formation doit-elle évoluer pour permettre aux professions pharmaceutiques de jouer pleinement leur rôle au service de la Société algérienne ?
Les problèmes
On peut dire, sans risque de se tromper, que le pharmacien sortant de la faculté trouve des difficultés énormes pour assumer ses responsabilités, quel que soit le domaine d’activité qu’il a choisi pour faire sa carrière. Ce qui montre, qu’actuellement, les études en pharmacie n’ont pas pour finalité de donner aux étudiants un métier, mais plutôt une formation de base qui est supposée suffisante pour permettre au futur diplômé d’exercer son art, dans les différents domaines où il est réputé apte à exercer. Cette situation est le résultat du fait que, formés à l’étranger, ou dans notre pays, selon un modèle étranger, nos jeunes confrères acquièrent une formation qui, le moins que l’on puisse dire, ne répond pas à nos besoins. J’irai même jusqu’à dire qu’elle ne répond plus aux besoins du pays que nous avons pris pour modèle, car ce pays est en train d’étudier la réforme de ses propres études en pharmacie. Historiquement, les pharmaciens de ma génération ont été formés à la Faculté de pharmacie et de médecine d’Alger selon un modèle qui a été, depuis, modifié voilà plus d’une vingtaine d’années.
Le Cursus des études en pharmacie commençait par une année de stage obligatoire dans une Officine, sous la responsabilité d’un Maître de stage. La dernière année des études devait permettre à la faculté de juger à travers les 4 examens définitifs de l’aptitude de l’étudiant de 5ème année, à exercer sa profession de pharmacien, et ce, en s’assurant de ses niveaux de connaissances, tant sur le plan théorique que pratique.
Le développement extraordinaire des connaissances scientifiques et la nécessité d’inclure dans les programmes d’enseignement, d’une manière continue, les nouvelles acquisitions scientifiques et techniques, faisait obligation comme c’est le cas de nos jours, aux autorités administratives et universitaires de mettre au point des réformes touchant aux études de pharmacie. Il est bien clair que la réforme qui a été adoptée en France a sacrifié le côté «formation professionnelle du pharmacien», au profit de sa formation scientifique, car elle avait pour objectif de préparer les futurs diplômés à une carrière des spécialistes, qui, en fait, n’était l’apanage que d’un nombre relativement restreint de diplômés. La majorité de nos jeunes confrères, surtout dans nos pays, se destinait à exercer dans l’Officine, qui se trouve être la première priorité pouvant répondre aux besoins de nos populations. Il est, en effet, indéniable que dans les 20 premières années d’indépendance, c’est l’activité de pharmacien d’officine qui a absorbé l’écrasante majorité des pharmaciens.
Les difficultés
Je citerai quelques exemples pour illustrer les difficultés qui existent actuellement pour les jeunes confrères, pour affronter leur métier.
Un diplôme unique
Dans le cas de l’Officine :
Le jeune diplômé n’est pas suffisamment formé pour affronter les difficultés d’installation, car il ignore tout des problèmes financiers et de gestion qu’il est obligé de résoudre pour pouvoir s’installer. Il se trouve complètement désorienté par des informations souvent contradictoires qu’il recueille auprès de différentes personnes : confrères aînés, banques, grossistes, administration... De plus, ignorant en général les notions inhérentes à la gestion des stocks des médicaments, il se trouve contraint de chercher un collaborateur qualifié pour l’aider dans cette tâche, ce qui est de nature à lui créer des difficultés, du reste, légitimes avec un confrère aîné, qui voit d’un mauvais oeil qu’un jeune pharmacien vienne lui débaucher son personnel en infraction aux règles de déontologie pharmaceutique.
Le problème le plus grave résulte incontestablement du fait, que les facultés délivrent un diplôme unique pour des étudiants qui n’ont pas suivi le même cursus des études dans certaines nouvelles et récentes facultés de médecine en Algérie. En effet, si on considère le cas d’un étudiant qui a choisi de suivre l’option biologie clinique, il suit en 5 années des cours et des stages qui l’éloignent complètement de ses camarades qui ont opté pour la filière «Officine». La réglementation en vigueur fait que les diplômés quelle que soit leur «pré-spécialité» ont les mêmes droits, et en particulier, celui d’exercer en Officine.
Or, pour celui qui a choisi la filière biologie clinique, sa formation le rend inapte à exercer en Officine.
Nous touchons là le problème de l’unicité du diplôme.
Peut-on dire, que trois pharmaciens, formés chacun dans l’une des trois filières : Officine, Biologie clinique et Industrie pharmaceutique, ont une formation les habilitant à exercer à leur sortie de la faculté, dans l’une des trois branches d’activité mentionnées ? - ll est évident que la réponse est : Non. L’unicité du diplôme devra en réalité correspondre à une unicité de formation, chose qui n’existe pas dans les départements de pharmacie implantés récemment.
Le deuxième exemple que je citerai est celui des jeunes confrères qui s’orientent vers la carrière de la pharmacie hospitalière que nous devons, pour beaucoup de raisons, développer pour la rendre de plus en plus attrayante pour les jeunes diplômés.
Malheureusement, le pharmacien diplômé sortant de la faculté se trouve complètement désorienté lorsqu’il est affecté dans un poste hospitalier.
Il se trouve à l’hôpital comme «un corps étranger». Ce problème n’existe pas pour les jeunes médecins qui ont été placés en stage en milieu hospitalier à partir des dernières années d’études du cursus.
Si, on examine la situation des confrères étrangers qui ont suivi les mêmes études, on s’aperçoit qu’ils ont l’obligation pour suivre la carrière hospitalière, de passer par l’Internat, ce qui leur permet d’apprendre leur métier à l’hôpital.
Par ailleurs, les Facultés de pharmacie en Algérie ont déjà corrigé cette insuffisance de la formation en instituant depuis quelques années, un stage hospitalier obligatoire pour tous les étudiants en pharmacie sauf certains nouveaux départements implantés récemment ! Enfin, pour ce qui est de l’ouverture de l’enseignement pharmaceutique sur l’industrie, il faut aussi constater que la réforme n’a pas donné les résultats escomptés, et ce, pour deux raisons essentielles qui sont inhérentes à l’industrie.
En effet, les sociétés qui fabriquent des médicaments répugnent, en général, à recevoir des stagiaires, ou si elles les reçoivent, les cantonnent dans des activités de recherche, qui leur sont en «général inutiles»; sauf s’ils ont la chance d’être recrutés par ces mêmes entreprises.
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