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Le Japon veut séduire l'Afrique

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  • Le Japon veut séduire l'Afrique

    Presque tous les pays africains sont présents au sommet Japon-Afrique qui se tient depuis le 28 mai à Yokohama, sur le thème "Vers une Afrique dynamique : un continent d'espoir et d'opportunités". Le quotidien burkinabé L'Observateur Paalga ironise sur ces sommets qui ne sortent pas l'Afrique du sous-développement.

    Les objectifs affichés de cette rencontre de trois jours sont plus que nobles : soutenir la croissance en Afrique via la construction d'infrastructures ; réduire la pauvreté sur un continent frappé de plein fouet par la crise alimentaire ; participer à la lutte contre le réchauffement climatique.

    Le Japon, qui octroie une aide de près de 600 millions d'euros à l'Afrique, pense la doubler d'ici à 2012. Promesse a été aussi faite, crise alimentaire oblige, d'aider à accroître substantiellement la production de riz sous nos tropiques. Avec la 4e Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique (TICAD), le pays du Soleil-Levant espère réussir une percée sur le continent en encourageant les entrepreneurs nippons à investir en Afrique, "cet endroit sûr, prometteur et lucratif", selon les propos de Yasuo Fukuda, le Premier ministre japonais.

    Comme on le voit, ces dernières années, le berceau de l'humanité, malgré les maladies, les guerres et les crises sociales de tout genre qui y sévissent, suscite un regain d'intérêt de la part des pays développés. Et les initiatives foisonnent pour courtiser l'Afrique, comme une jeune fille dont tous veulent s'attirer les faveurs, à savoir les matières premières (minerais, café, cacao, coton, bois, etc.) et les sources d'énergie (pétrole et gaz naturel). Et de fait, de nombreuses études montrent que la dépendance des pays développés vis-à-vis du pétrole africain va aller croissante. C'est ce qui explique les multiples sollicitations dont notre continent fait l'objet.

    Les sommets France-Afrique, Union européenne-Afrique, Chine-Afrique, Inde-Afrique, Japon-Afrique, et nous en oublions, sont autant de cadres de rencontres pour charmer un continent très riche en ressources naturelles mais qui, malheureusement, peine et traîne les pieds sur le chemin du développement.
    Comme une fille frivole, les pays africains sont toujours prompts à répondre à ces rendez-vous galants, où leurs dirigeants se bousculent. Actuellement à Yokohama, on dénombre 44 de nos chefs d'Etat. Alors que ces mêmes chefs rechignent à participer aux différents sommets de l'Union africaine, où on compte rarement une trentaine de présidents.

    On comprend que l'Afrique a de plus en plus besoin d'ouvrir ses portes à ces partenaires des autres continents. Mais il faut remarquer que ceux-ci sont très gloutons en ressources naturelles. Et pour obtenir satisfaction, ils sont prêts à tout. Rappelons-nous le scandale, encore récent, des contrats miniers entre la Chine et la république démocratique du Congo (RDC). C'est pour tout cela qu'il est légitime de se demander si ces foires au sommet ne sont pas de véritables marchés de dupes. Car, depuis des décennies, malgré la tenue régulière de ces jamborees et les milliards de dollars déversés sur le continent, l'Afrique patauge dans la fange du sous-développement.

    Nos dirigeants, en se rendant à Tokyo, devraient en profiter pour en prendre de la graine car le Japon, il y a quelques décennies de cela, était au même niveau de développement que l'Afrique. Et malgré la guerre qu'il a connue, le pays du Soleil-Levant a réussi à se propulser dans le peloton de tête des pays les plus riches du monde. Pourtant, il ne dispose de ressources ni minières ni énergétiques. Mais en misant sur son atout majeur, le génie de ses fils, ce pays a pu venir à bout de la misère.

    C'est dire que l'Afrique, qui est très riche en ressources naturelles, a, en réalité, toutes les cartes en main pour réussir son développement. Mais le continent reste miné par des divisions intestines, des guerres fratricides et la mauvaise gestion. Dans ces conditions, la priorité de toute personne qui parvient au pouvoir est de se constituer très rapidement une poire pour la soif au cas où elle quitterait les affaires. Et donc, de détournement de fonds en détournement de fonds, les pays stagnent dans les abîmes de la faim et de la pauvreté tandis qu'une minorité d'individus est repue. C'est dire que ces différents sommets ont encore de beaux jours devant eux, car ce n'est pas bientôt que l'Afrique, avec cette triste mentalité, pourra se sortir du sous-développement.

    San Evariste Barro, L'Observateur Paalga, Courrier International
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