L’intégrité territoriale” ? Parlons-en… Sur le terrain, les véritables frontières du Maroc n’ont rien à voir avec celles qu’on nous présente officiellement comme “intangibles” et même “sacrées”.
L’intégrité territoriale est, paraît-il, la priorité numéro 1 du royaume. C'est du moins ce qu'on nous martèle à longueur de discours et de journaux télévisés, depuis notre naissance. Jusqu'à présent, le débat s'est focalisé sur une unique question : “le Sahara est-il marocain ?”. C'est un faux débat. Hormis quelques rares marginaux ou utopistes (il en faut bien), les Marocains considèrent aujourd'hui que le Sahara est le leur, et qu'il ne saurait en être autrement. Parce que la guerre est finie depuis 15 ans et que, quoi qu'en dise le monde entier, nous occupons le terrain depuis trop longtemps pour envisager d'en repartir un jour. Tout le reste n'est que politique, et la politique, surtout concernant cette question saharienne mille fois rabâchée, n'est qu'une succession de discours vains qui ne changent rien à la réalité du terrain. Depuis 1975, le terrain a tué le débat. Il pourrait pourtant le réveiller.
“Le Maroc, de Tanger à Lagouira” ? Il suffit de vérifier sur place pour constater, de visu, que c'est un gros mensonge. Depuis 1989, Lagouira est en territoire mauritanien, et aucun drapeau marocain n'y flotte. Pire, l'armée mauritanienne y a installé une caserne !
Marocain, le Sahara ? On aimerait bien. Sauf qu'un bon tiers de ce gigantesque territoire est, dans les faits, sous contrôle du Polisario. A l'Est du mur, les séparatistes se paient même le luxe d'organiser des défilés militaires et de signer des contrats de prospection pétrolière. Et que fait-on, à Rabat ? On envoie, dans le meilleur des cas, de molles lettres d'indignation à l'ONU. Tout en continuant à affirmer, pour la consommation locale, que “nous ne céderons jamais un pouce de notre territoire”. Dans les faits, on en a déjà cédé un bras !
Quant au tracé frontalier avec l'Algérie… il n'existe tout simplement pas. Entre Saidia et Figuig, sur près de 500 kilomètres, d'innombrables villages se posent des questions sur leur réelle nationalité. Depuis des années, l'Algérie avance et grignote du terrain sur le Maroc en menaçant les autochtones, parfois même en leur tirant dessus. Là encore, que fait-on, à Rabat ? On se mure dans le silence, en promettant de très improbables “négociations frontalières”. En attendant, chaque année, nous perdons des oasis, des plantations, et même des mines (!!) sans que le gouvernement juge utile de s'en émouvoir.
Quand on examine la carte du “Maroc réel” - celui sur lequel on trouve des symboles de souveraineté - on se rend compte de cette vérité effarante : les seules frontières dont nous soyons sûrs sont les côtes Atlantique et Méditerranéenne (quoique, l'humiliation de l'îlot Leila est encore fraîche dans nos mémoires). Pour le reste, c'est comme si le Maroc avait choisi de régler la bataille frontalière… en déclarant forfait.
Il ne s'agit pas, ici, de réclamer une guerre pour récupérer nos “territoires spoliés”. Le patriotisme a ses limites, et TelQuel ne franchira pas celle-là. Mais notre diplomatie timorée n'est plus acceptable. Si on veut se faire respecter dans le concert des nations, il faut savoir frapper du poing sur la table quand c'est nécessaire. Ou alors, si de quelconques considérations stratégiques nous en empêchent, qu'on ne demande plus à 30 millions de personnes de chanter en chœur que “l'intégrité territoriale est une cause sacrée”. Soutenir l'Etat, on veut bien. Mais qu'il cesse, au moins, de nous prendre pour des idiots.
L’intégrité territoriale est, paraît-il, la priorité numéro 1 du royaume. C'est du moins ce qu'on nous martèle à longueur de discours et de journaux télévisés, depuis notre naissance. Jusqu'à présent, le débat s'est focalisé sur une unique question : “le Sahara est-il marocain ?”. C'est un faux débat. Hormis quelques rares marginaux ou utopistes (il en faut bien), les Marocains considèrent aujourd'hui que le Sahara est le leur, et qu'il ne saurait en être autrement. Parce que la guerre est finie depuis 15 ans et que, quoi qu'en dise le monde entier, nous occupons le terrain depuis trop longtemps pour envisager d'en repartir un jour. Tout le reste n'est que politique, et la politique, surtout concernant cette question saharienne mille fois rabâchée, n'est qu'une succession de discours vains qui ne changent rien à la réalité du terrain. Depuis 1975, le terrain a tué le débat. Il pourrait pourtant le réveiller.
“Le Maroc, de Tanger à Lagouira” ? Il suffit de vérifier sur place pour constater, de visu, que c'est un gros mensonge. Depuis 1989, Lagouira est en territoire mauritanien, et aucun drapeau marocain n'y flotte. Pire, l'armée mauritanienne y a installé une caserne !
Marocain, le Sahara ? On aimerait bien. Sauf qu'un bon tiers de ce gigantesque territoire est, dans les faits, sous contrôle du Polisario. A l'Est du mur, les séparatistes se paient même le luxe d'organiser des défilés militaires et de signer des contrats de prospection pétrolière. Et que fait-on, à Rabat ? On envoie, dans le meilleur des cas, de molles lettres d'indignation à l'ONU. Tout en continuant à affirmer, pour la consommation locale, que “nous ne céderons jamais un pouce de notre territoire”. Dans les faits, on en a déjà cédé un bras !
Quant au tracé frontalier avec l'Algérie… il n'existe tout simplement pas. Entre Saidia et Figuig, sur près de 500 kilomètres, d'innombrables villages se posent des questions sur leur réelle nationalité. Depuis des années, l'Algérie avance et grignote du terrain sur le Maroc en menaçant les autochtones, parfois même en leur tirant dessus. Là encore, que fait-on, à Rabat ? On se mure dans le silence, en promettant de très improbables “négociations frontalières”. En attendant, chaque année, nous perdons des oasis, des plantations, et même des mines (!!) sans que le gouvernement juge utile de s'en émouvoir.
Quand on examine la carte du “Maroc réel” - celui sur lequel on trouve des symboles de souveraineté - on se rend compte de cette vérité effarante : les seules frontières dont nous soyons sûrs sont les côtes Atlantique et Méditerranéenne (quoique, l'humiliation de l'îlot Leila est encore fraîche dans nos mémoires). Pour le reste, c'est comme si le Maroc avait choisi de régler la bataille frontalière… en déclarant forfait.
Il ne s'agit pas, ici, de réclamer une guerre pour récupérer nos “territoires spoliés”. Le patriotisme a ses limites, et TelQuel ne franchira pas celle-là. Mais notre diplomatie timorée n'est plus acceptable. Si on veut se faire respecter dans le concert des nations, il faut savoir frapper du poing sur la table quand c'est nécessaire. Ou alors, si de quelconques considérations stratégiques nous en empêchent, qu'on ne demande plus à 30 millions de personnes de chanter en chœur que “l'intégrité territoriale est une cause sacrée”. Soutenir l'Etat, on veut bien. Mais qu'il cesse, au moins, de nous prendre pour des idiots.
Ahmed R. Benchemsi
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