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Les pays du Golfe veulent sortir de l'économie de rente

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  • Les pays du Golfe veulent sortir de l'économie de rente

    Quelque soit les critiques de cette diversification, je dis au moins qu'il y a un réel effort des autorités.
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    Si le prix du baril, qui a atteint un nouveau record en dépassant les 135 dollars jeudi 22 mai, étrangle les marins pêcheurs français, il fait le bonheur des descendants des pêcheurs de perles du Golfe, premiers exportateurs mondiaux de pétrole et de gaz. Selon une étude du cabinet McKinsey, les revenus pétroliers des six pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) - Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït, Oman, Qatar -, d'un montant de 300 milliards de dollars en 2007 (pour un produit intérieur brut, le PIB, de 800 milliards), atteindraient, avec un baril à 100 dollars en moyenne, 1 100 milliards en 2008 et 8 800 milliards cumulés d'ici à 2020...

    La nouveauté, dissimulée par les spectaculaires entrées des fonds souverains au capital d'entreprises occidentales, c'est que ces "pétro-milliards" sont de plus en plus investis sur place. Toujours selon McKinsey, 3 200 milliards de dollars seront placés dans le Golfe d'ici à 2020, à hauteur de 230 milliards par an. "Contrairement aux années 1970, on voit se déployer des politiques économiques mieux conçues, mieux appliquées, qui fixent de réels objectifs stratégiques", remarque Denis Bauchard, conseiller à l'Institut français des relations internationales (IFRI).

    Ces politiques visent à diversifier l'économie, en prévision du moment où les puits de pétrole se tariront. Dans les années 1970, l'Arabie saoudite avait investi dans la pétrochimie et l'agriculture. Aujourd'hui, elle mise sur la sidérurgie et l'aluminium - même stratégie à Bahreïn et à Abou Dhabi, où se construisent la plus grande usine d'aluminium du monde et des zones industrielles spécialisées comme Metals Park, Polymers Park ou Chemicals City.

    UNE ILLUSION MARKETING ?

    Dubaï a choisi depuis 2000 d'investir dans les services : finances, transport, tourisme, éducation et recherche. Une stratégie plus récemment imitée par Oman et le Qatar, engendrant un boom de la construction. Dans les treize pays du Moyen-Orient, 3 630 milliards de dollars d'investissements dans le tourisme et le transport aérien sont programmés pour les douze ans à venir : 900 hôtels, 750 000 chambres, 875 avions gros porteurs...

    Mais les chiffres et les gratte-ciel vertigineux cachent mal quelques réalités. La prospérité repose sur le faible coût d'une main-d'oeuvre immigrée asiatique dont les conditions de travail sont parmi les plus médiocres au monde. Or, la flambée des prix a eu raison de la paix sociale : sous la pression des grèves, les salaires augmentent, le droit évolue. D'autant que si construire des usines et des hôtels nécessite une main-d'oeuvre peu qualifiée, les faire fonctionner exige des compétences qu'il faut attirer par des salaires élevés.

    La ruée des investisseurs, consultants, banquiers et touristes occidentaux vers cet eldorado heurte les règles locales de "gouvernance", caractérisées par le partage du pouvoir entre la famille régnante et les familles héritières de la tradition marchande locale. "Les Arabes aiment consommer à l'occidentale, mais sitôt rentrés chez eux, tout se recentre autour du clan", observe Fatiha Dazi-Héni, auteur de Monarchies et sociétés d'Arabie (Presses de Sciences Po, 2006), qui estime qu'un repli identitaire mettrait à mal la modernisation.

    Enfin, le risque politique dans cette région du globe n'est pas mince. Certes, le fait que les places financières, en particulier Dubaï, soient une plaque tournante du blanchiment de l"argent sale" moyen-oriental, asiatique et russe, l'a mise à l'abri des attentats, et les émirs s'opposent prudemment à toute action contre l'Iran. Mais une seule attaque mettrait à mal l'image paradisiaque que les promoteurs essaient de vendre.

    Surtout, l'absence de coordination entre ces familles-Etats concurrentes produit une bulle financière : est-il bien raisonnable de construire trois aéroports internationaux géants distants de quelques centaines de kilomètres, onze usines d'aluminium, des centaines de milliers de chambres d'hôtel et de résidences de luxe dans une région aux faibles attraits climatiques, sociaux et culturels ? Faut-il voir dans ce pari sorti des sables, à l'instar du journaliste américain Mike Davis, une gigantesque illusion marketing ? L'acharnement des milieux financiers occidentaux à démentir cette assertion à coups de chiffres mirobolants suffit à la rendre plausible. D'ailleurs, la rente pétrolière reste, et de loin, la principale composante du revenu régional.

    "L'argent peut changer beaucoup de choses, mais pas la géographie, observe Nicolas Sarkis, directeur de la revue Pétrole et gaz arabes. Ces pays ne disposent pas sur place (sauf peut-être l'Arabie saoudite) des ressources permettant un développement équilibré : population nombreuse, terres arables, minerais, savoir-faire industriels." En revanche, dit-il, "ces ressources existent au Moyen-Orient avec l'Egypte, la Syrie, l'Irak. Une réelle politique de développement n'a de sens qu'à cette échelle, comme l'Europe l'a fait. Mais elle a d'abord su éteindre les conflits politiques qui l'ont si longtemps secouée..."

    Antoine Reverchon
    Le Monde
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin

  • #2
    comme l'Europe l'a fait. Mais elle a d'abord su éteindre les conflits politiques qui l'ont si longtemps secouée..."


    ...... et que d'autres tentent inlassablement de rallumer , et ils y arrivent.
    " Je me rend souvent dans les Mosquées, Ou l'ombre est propice au sommeil " O.Khayaâm

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