LES élus qui se trouvaient au parlement, ce jour-là, en sont restés cois. Le ministre des Affaires générales, Nizar Baraka qui devait leur donner quelques éclaircissements sur la situation économique et la conjoncture est allé au-delà de tous leurs espoirs (et des nôtres, par la même occasion). Le parler vrai qu’il leur a tenu - assez inhabituel, il faut le dire, mais cela montre dans quels retranchements il est lui-même poussé - n’a pas fini de nous ébranler tous.
Nizar Baraka qui expliquait donc aux élus l’impact de la flambée des prix du pétrole sur les comptes de la nation et la lourde facture qui en résulte pour le Maroc, plombant la Caisse de compensation qui est obligée de débourser plus de 30 milliards de Dirhams pour sauvegarder le pouvoir d’achat des citoyens, a annoncé que le pays pouvait tenir seulement tant que le prix du baril de pétrole n’aura pas dépassé les 150 dollars.
Le propos est clair : avec un baril à plus de 150 dollars, le Maroc ne tiendra plus.
Or, au train où vont les choses, le baril qui a déjà dépassé les 130 dollars pourrait atteindre le pic des 150 dollars cette année même (2008) et, selon des analystes américains, notamment ceux de la banque d’investissement Goldman Sachs, un sommet de 200 dollars dans les 6 à 24 mois prochains.
Force donc est de le reconnaître que ces échéances - de toute évidence dramatiques pour le Maroc - sont... Pour ainsi dire... A nos portes !
Un miracle pourrait encore nous tomber du ciel - qui sait ? - mais pour l’heure, tout ce qui tombe, ce sont les mauvaises nouvelles dont on n’aurait jamais soupçonné qu’elles auraient un jour un quelconque impact sur notre vie et qui confirment la poursuite de l’envolée des prix du brut.
Quelle ménagère marocaine aurait pensé en effet que la baisse du dollar (une baisse de 1% du dollar provoque une hausse de 4 dollars par baril, selon le Président de l’OPEP, l’Algérien Chakib Khelil), les tensions autour du programme nucléaire iranien, la poursuite des troubles en Irak, les mouvements de rébellion au sud du Nigeria et/ou autre faible extraction au Venezuela, au Mexique ou en Russie, auraient un impact sur son panier ? La question maintenant est de savoir ce qu’il va advenir de nous ?
Pour le moment, le gouvernement continue de payer le différentiel entre le prix réel -toujours en augmentation- et celui que paie le citoyen à la pompe -toujours inchangé. C’est le fardeau de la Caisse de compensation. Mais jusqu’à quand cela peut-il durer ?
L’inquiétude est réelle, cela est indéniable... Et au plus haut niveau de l’Etat... Au point que le Roi, dans un geste de prévoyance bien compréhensible, ait fait appel à ses pairs des pétromonarchies du Golf. Deux dons s’en sont suivis. L’un d’Arabie Saoudite : 500 millions de dollars ; l’autre des Emirats Arabes Unis : 300 millions de dollars. Il a immédiatement été annoncé qu’ils serviront à la création d’un Fonds spécial dédié à l’atténuation de l’impact de la facture énergétique sur l’économie du pays. Toute aide de cet ordre, dans la conjoncture actuelle, est la bienvenue, bien sûr.... Et l’on ne peut s’empêcher d’avoir une petite pensée pour l’Algérie voisine, grosse productrice de pétrole et de gaz. Non pas pour un don au Maroc. On voit bien, hélas, qu’au moment où les généraux et leurs affidés engrangent les plus fortes recettes, le peuple algérien lui-même manque de tout, y compris de lait en poudre. Une politique qui fait, entre autres, exploser de colère Oran, cette semaine... Ce qui aurait pu se faire entre le Maroc et l’Algérie, ce sont juste des échanges commerciaux intelligents qui soulageraient les uns et les autres, chacun vendant à l’autre ce qu’il a et lui achetant ce qu’il n’a pas (une sorte de pétrole contre nourriture inter-maghébin qui ignorerait les petits calculs politiciens des dirigeants et servirait les peuples). Malheureusement, il semble encore loin le jour où prévaudra cette sagesse-là...
Il reste que les Marocains sont appelés à affronter la réalité. La réalité des prix, la réalité tout court ! Et c’est cela que le gouvernement ne prépare pas assez. A force de répéter qu’il veut préserver le pouvoir d’achat, il a donné de fausses assurances que la conjoncture internationale ne lui permet plus d’honorer. Il est urgent, non seulement de chercher de possibles sorties du « *** de sac », mais aussi d’expliquer ce qui se passe. C’est encore le seul moyen d’atténuer le choc.
Bahia Amrani
Mis en ligne le 2 juin 2008
Nizar Baraka qui expliquait donc aux élus l’impact de la flambée des prix du pétrole sur les comptes de la nation et la lourde facture qui en résulte pour le Maroc, plombant la Caisse de compensation qui est obligée de débourser plus de 30 milliards de Dirhams pour sauvegarder le pouvoir d’achat des citoyens, a annoncé que le pays pouvait tenir seulement tant que le prix du baril de pétrole n’aura pas dépassé les 150 dollars.
Le propos est clair : avec un baril à plus de 150 dollars, le Maroc ne tiendra plus.
Or, au train où vont les choses, le baril qui a déjà dépassé les 130 dollars pourrait atteindre le pic des 150 dollars cette année même (2008) et, selon des analystes américains, notamment ceux de la banque d’investissement Goldman Sachs, un sommet de 200 dollars dans les 6 à 24 mois prochains.
Force donc est de le reconnaître que ces échéances - de toute évidence dramatiques pour le Maroc - sont... Pour ainsi dire... A nos portes !
Un miracle pourrait encore nous tomber du ciel - qui sait ? - mais pour l’heure, tout ce qui tombe, ce sont les mauvaises nouvelles dont on n’aurait jamais soupçonné qu’elles auraient un jour un quelconque impact sur notre vie et qui confirment la poursuite de l’envolée des prix du brut.
Quelle ménagère marocaine aurait pensé en effet que la baisse du dollar (une baisse de 1% du dollar provoque une hausse de 4 dollars par baril, selon le Président de l’OPEP, l’Algérien Chakib Khelil), les tensions autour du programme nucléaire iranien, la poursuite des troubles en Irak, les mouvements de rébellion au sud du Nigeria et/ou autre faible extraction au Venezuela, au Mexique ou en Russie, auraient un impact sur son panier ? La question maintenant est de savoir ce qu’il va advenir de nous ?
Pour le moment, le gouvernement continue de payer le différentiel entre le prix réel -toujours en augmentation- et celui que paie le citoyen à la pompe -toujours inchangé. C’est le fardeau de la Caisse de compensation. Mais jusqu’à quand cela peut-il durer ?
L’inquiétude est réelle, cela est indéniable... Et au plus haut niveau de l’Etat... Au point que le Roi, dans un geste de prévoyance bien compréhensible, ait fait appel à ses pairs des pétromonarchies du Golf. Deux dons s’en sont suivis. L’un d’Arabie Saoudite : 500 millions de dollars ; l’autre des Emirats Arabes Unis : 300 millions de dollars. Il a immédiatement été annoncé qu’ils serviront à la création d’un Fonds spécial dédié à l’atténuation de l’impact de la facture énergétique sur l’économie du pays. Toute aide de cet ordre, dans la conjoncture actuelle, est la bienvenue, bien sûr.... Et l’on ne peut s’empêcher d’avoir une petite pensée pour l’Algérie voisine, grosse productrice de pétrole et de gaz. Non pas pour un don au Maroc. On voit bien, hélas, qu’au moment où les généraux et leurs affidés engrangent les plus fortes recettes, le peuple algérien lui-même manque de tout, y compris de lait en poudre. Une politique qui fait, entre autres, exploser de colère Oran, cette semaine... Ce qui aurait pu se faire entre le Maroc et l’Algérie, ce sont juste des échanges commerciaux intelligents qui soulageraient les uns et les autres, chacun vendant à l’autre ce qu’il a et lui achetant ce qu’il n’a pas (une sorte de pétrole contre nourriture inter-maghébin qui ignorerait les petits calculs politiciens des dirigeants et servirait les peuples). Malheureusement, il semble encore loin le jour où prévaudra cette sagesse-là...
Il reste que les Marocains sont appelés à affronter la réalité. La réalité des prix, la réalité tout court ! Et c’est cela que le gouvernement ne prépare pas assez. A force de répéter qu’il veut préserver le pouvoir d’achat, il a donné de fausses assurances que la conjoncture internationale ne lui permet plus d’honorer. Il est urgent, non seulement de chercher de possibles sorties du « *** de sac », mais aussi d’expliquer ce qui se passe. C’est encore le seul moyen d’atténuer le choc.
Bahia Amrani
Mis en ligne le 2 juin 2008
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