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Un étudiant algérien pris pour un terroriste risque l'expulsion de Grande-Bretagne

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  • Un étudiant algérien pris pour un terroriste risque l'expulsion de Grande-Bretagne

    Jamais Hicham Yezza, étudiant à l'université de Nottingham où il a obtenu sa licence d'informatique, puis sa maîtrise et son doctorat, n'aurait pu imaginer qu'il allait se retrouver embarqué dans une histoire pareille. Le 14 mai, cet Algérien de 30 ans est arrêté par la police britannique. Hicham Yezza est "un dangereux terroriste". On a retrouvé dans son ordinateur "de la littérature extrémiste". Et pas n'importe laquelle : un manuel d'entraînement d'Al-Qaida !

    Le jeune homme est placé en garde à vue et interrogé vingt heures durant. Il ne retrouvera la liberté que six jours plus tard. "Au début, j'ai cru que c'était une blague. Du moins que ça allait se régler en un rien de temps. Mais on m'a embarqué sans même me donner une chance de me défendre. Après, c'était trop tard, la machine était lancée !", lâche-t-il d'un ton las, par téléphone.
    La réalité, il est vrai, est si simple qu'elle en a paru suspecte aux enquêteurs. Un étudiant en sciences politiques de l'université de Nottingham, Rizwan Sabir, 22 ans, avait besoin de tirer sur papier un guide d'Al-Qaida pour son mémoire de maîtrise sur les mouvements islamiques terroristes. Ne disposant pas d'imprimante, il envoie à Hicham Yezza, par Internet, le manuel en question (accessible à tous sur le Web, via le moteur de recherche Google). "Imprime-le pour moi", lui demande-t-il par courrier électronique.
    Hicham Yezza n'en a pas le temps. L'un de ses collègues passe par là, découvre le document, s'en alarme, prévient les services de sécurité de l'université, qui, à leur tour, avertissent la police. La suite, on la connaît.


    "FAUT PAS NOUS EN VOULOIR"

    Six jours plus tard, après que les enquêteurs eurent fouillé son domicile, ses activités, sa vie, et épluché tous ses écrits, en particulier la revue politique pacifiste, Ceasefire, dont il est le rédacteur en chef, Hicham Yezza est remis en liberté. "Les policiers étaient un peu gênés. Ils me disaient : faut pas nous en vouloir, on fait notre métier !" se souvient-il.
    Le jeune Algérien croit l'histoire terminée. Il se trompe. Le voilà emmené manu militari dans un centre de détention pour immigrés clandestins, en attendant d'être expulsé vers l'Algérie. Stupeur. Hicham Yezza vit et étudie en Grande-Bretagne depuis treize ans. Il occupe même un petit job rémunéré à la faculté des langues de Nottingham. C'est la première fois que les services de l'immigration le déclarent en situation irrégulière.
    Voilà trois semaines qu'Hicham Yezza est trimballé d'un centre de détention à un autre. S'il n'a pas encore été expulsé, c'est grâce à la mobilisation de ses collègues de l'université. Pétitions, rassemblements, articles... L'histoire se répand, et elle émeut. Le ministère britannique de l'intérieur tente, semble-t-il, de trouver une issue. Hicham Yezza, lui, est amer. "C'est la parano en Grande-Bretagne, ces dernières années. On voit du terrorisme partout, déplore-t-il. A l'université, on encourage les profs et les étudiants à se dénoncer. Dans ce climat malsain, mon histoire n'est qu'un révélateur."

    LE MONDE
    Florence Beaugé
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