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Le rêve loin de l'Algérie.
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L'immense écran de télévision diffuse en boucle des images de synthèse présentant des marinas où tanguent des bateaux de plaisance, des gratte-ciel futuristes, des centres commerciaux standardisés, des piscines désertes et des intérieurs au design sobre.
Tout cela n'existe pas encore, mais on devine, en toile de fond, les plages de sable blanc qui bordent le golfe arabo-persique. Bienvenue à Ajman, minuscule émirat frontalier de celui de Dubaï, en proie à une fièvre immobilière sans précédent.
Entre les stands de vêtements ou de littérature islamiques et ceux des associations musulmanes en quête de budget pour construire une mosquée, le promoteur immobilier Dubaimmo est, pour la première fois cette année, présent au salon commercial du 25e rassemblement de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), qui s'est tenu du 8 au 11 mai. Un public exclusivement musulman défile, intéressé par ce nouveau venu qui vend sur plans studios et appartements dans des tours de quarante étages minimum.
"J'ai des amis qui sont allés en vacances dans ces pays-là. Ils sont revenus ravis", témoigne Lotfi Teriki, un restaurateur marseillais, d'origine algérienne, venu se renseigner. "Pour moi, le critère numéro un, c'est la sécurité", explique-t-il, évoquant les "problèmes" rencontrés dans des pays arabes, "notamment en Algérie".
Pour Abdel, qui travaille dans un bureau d'études en région parisienne, l'achat d'un bien immobilier à cet endroit permet de réaliser un investissement dans un pays arabe, sur un marché plutôt porteur. Mais le jeune homme, qui porte barbe et kamis (longue chemise) noires, à la manière des partisans d'un islam rigoriste, reconnaît aussi que le mélange de cultures existant dans les émirats peut séduire des musulmans français qui "ne se sentent pas très à l'aise" lorsqu'ils retournent en vacances au bled.
"Nos produits correspondent aux besoins des jeunes cadres supérieurs ou commerçants, attirés par le melting-pot, la qualité des infrastructures et le civisme de ces pays : une génération qui ne pense pas trop retourner dans son pays d'origine même pour les vacances", confirme Iliès Deraoui, l'un des responsables de la filiale française du groupe. Barbe "islamique", cravate et bagout commercial de rigueur, le jeune homme explique encore qu'Ajman, où "92 tours sont en construction", reste, "pour l'instant", plus accessible que les émirats voisins et insiste sur son produit d'appel : un studio de 40 m2 vendu 60 000 euros, payables en trois ou quatre ans ; le tout sans intérêt, loi islamique oblige.
Apparemment conquise, une famille d'origine algérienne, qui ne possède de pied-à-terre "nulle part", laisse ses coordonnées. Mais, jure le couple, dont la femme est strictement voilée, il n'y a rien d'islamique dans cette démarche. "Les mêmes opportunités existeraient en Californie, on prendrait aussi !"
Stéphanie Le Bars
Le Monde
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L'immense écran de télévision diffuse en boucle des images de synthèse présentant des marinas où tanguent des bateaux de plaisance, des gratte-ciel futuristes, des centres commerciaux standardisés, des piscines désertes et des intérieurs au design sobre.
Tout cela n'existe pas encore, mais on devine, en toile de fond, les plages de sable blanc qui bordent le golfe arabo-persique. Bienvenue à Ajman, minuscule émirat frontalier de celui de Dubaï, en proie à une fièvre immobilière sans précédent.
Entre les stands de vêtements ou de littérature islamiques et ceux des associations musulmanes en quête de budget pour construire une mosquée, le promoteur immobilier Dubaimmo est, pour la première fois cette année, présent au salon commercial du 25e rassemblement de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), qui s'est tenu du 8 au 11 mai. Un public exclusivement musulman défile, intéressé par ce nouveau venu qui vend sur plans studios et appartements dans des tours de quarante étages minimum.
"J'ai des amis qui sont allés en vacances dans ces pays-là. Ils sont revenus ravis", témoigne Lotfi Teriki, un restaurateur marseillais, d'origine algérienne, venu se renseigner. "Pour moi, le critère numéro un, c'est la sécurité", explique-t-il, évoquant les "problèmes" rencontrés dans des pays arabes, "notamment en Algérie".
Pour Abdel, qui travaille dans un bureau d'études en région parisienne, l'achat d'un bien immobilier à cet endroit permet de réaliser un investissement dans un pays arabe, sur un marché plutôt porteur. Mais le jeune homme, qui porte barbe et kamis (longue chemise) noires, à la manière des partisans d'un islam rigoriste, reconnaît aussi que le mélange de cultures existant dans les émirats peut séduire des musulmans français qui "ne se sentent pas très à l'aise" lorsqu'ils retournent en vacances au bled.
"Nos produits correspondent aux besoins des jeunes cadres supérieurs ou commerçants, attirés par le melting-pot, la qualité des infrastructures et le civisme de ces pays : une génération qui ne pense pas trop retourner dans son pays d'origine même pour les vacances", confirme Iliès Deraoui, l'un des responsables de la filiale française du groupe. Barbe "islamique", cravate et bagout commercial de rigueur, le jeune homme explique encore qu'Ajman, où "92 tours sont en construction", reste, "pour l'instant", plus accessible que les émirats voisins et insiste sur son produit d'appel : un studio de 40 m2 vendu 60 000 euros, payables en trois ou quatre ans ; le tout sans intérêt, loi islamique oblige.
Apparemment conquise, une famille d'origine algérienne, qui ne possède de pied-à-terre "nulle part", laisse ses coordonnées. Mais, jure le couple, dont la femme est strictement voilée, il n'y a rien d'islamique dans cette démarche. "Les mêmes opportunités existeraient en Californie, on prendrait aussi !"
Stéphanie Le Bars
Le Monde