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L'Algerie est un des pays les plus vulnérables au monde

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  • L'Algerie est un des pays les plus vulnérables au monde

    Les experts, qui se sont succédé hier à la tribune des IVes journées d’études parlementaires sur la défense nationale, ont démontré la vulnérabilité de l’Algérie sur les plans économique et alimentaire. Les professeurs Mouhoubi et Aït Amara ont souligné l’ur - gence de l’élaboration et de la mise en œuvre d’un programme de développement à moyen terme pour assurer la survie de l’Algérie.
    Tarek Hafid - Alger (Le Soir) - Conseiller à la présidence de la République et membre du Conseil national économique et social (Cnes), le professeur Salah Mouhoubi a présenté, hier, une communication sur «les vulnérabilités de l’Algérie». Sa conclusion est sans appel : «L’Algérie est l’un des pays les plus vulnérables au monde.» «Selon le dictionnaire Larousse, l’adjectif vulnérable signifie “susceptible d’être attaqué, battu” ou “qui donne prise aux attaques morales” ou encore “faible qui donne prise à la critique”». Ces définitions renvoient à plusieurs concepts. L’un est lié à la sécurité nationale : lorsqu’on est vulnérable, on est susceptible d’être attaqué et même d’être battu. L’autre est lié à la faiblesse, ce qui veut dire qu’être vulnérable, c’est être faible économiquement surtout et disposer d’un territoire et d’une position géopolitique qui posent des problèmes. C’est à partir de ces définitions, et de leurs implications, que l’Algérie peut être considérée comme l’un des pays les plus vulnérables au monde. Sans les hydrocarbures, elle figurerait sur la liste des PMA. La structure du PIB, des échanges extérieurs et des recettes budgétaires fait apparaître la part disproportionnée des hydrocarbures.
    Six étapes inachevées
    Ainsi, «l’économie et l’Etat ne fonctionne que grâce à la manne pétrolière», a expliqué le Dr Salah Mouhoubi. Selon lui, l’Algérie est passée par six étapes dans sa tentative de concevoir et de mettre en œuvre une politique de développement. Il précisera toutefois qu’aucun de ces programmes n’a été mené à terme. «De 1962 à nos jours, le pays s’est échiné à atteindre des objectifs dans le cadre d’un développement inachevé. On constate donc que l’Algérie n’a pas connu une période continue en matière de développement.» Le conférencier finit par poser la question suivante : «L’Algérie a-t-elle les moyens de vaincre ses vulnérabilités ?» Il estime que oui, mais à condition «d’y mettre de la bonne volonté» et de la doter «d’une feuille de route de 20 ans pour vaincre et s’imposer sur la scène internationale comme un acteur important pour assurer sa survie ».
    Le mythe et la blague
    Le professeur Hamid Aït Amara a lui aussi appelé à l’élaboration d’un programme de développement à moyen terme. Dans son intervention consacrée à «la sécurité alimentaire en Algérie», l’économiste s’est surtout évertué à briser des mythes. «L’Algérie grenier de Rome ? C’est une blague !» a-t-il lancé à l’assistance. «On nous a fait vivre avec ce mythe qui, semble-t-il, a été inventé par les Français pour légitimer l’occupation de l’Algérie. En 1830, la France, comme l’ensemble de l’Europe, subissait une disette. Cette histoire de grenier de Rome a été trouvée pour justifier l’extension de l’Empire dans le but de nourrir la métropole.» Déficit en terre arable, morcellement, désertification, manque en eau… le secteur de l’agriculture est en pleine faillite. Afin d’assurer sa sécurité alimentaire, Hamid Aït Amara propose de changer de stratégie. «Il est avant tout nécessaire de supprimer la jachère. Nous devons faire en sorte d’utiliser les terres pour plusieurs cultures. L’Etat devra par la suite identifier des zones agricoles et signer des contrats de culture avec les agriculteurs. Ces opérations, qui pourraient débuter avec 2 000 à 3 000 contrats la première année, pourront être étendues progressivement. Sur le plan financier, il sera plus intéressant à l’Etat de mettre de l’argent dans ce genre d’opération plutôt que de le placer à l’étranger, comme c’est le cas actuellement», soulignera- t-il.
    Vulnérabilité - sécurité
    Le concept de défense économique a été longuement débattu au cours de ces deux journées. Bien qu’incontournable, cette notion reste un élément inscrit dans le cadre global de défense nationale. Dans sa communication intitulée «résilience ou résistance ? Retour aux fondamentaux de la sécurité et de la défense nationale», le colonel Djamel- Eddine Bouzghaïa a présenté ce qui pourrait être «la quintessence du concept national de sécurité et de défense» à «l’âge de la raison de la nation algérienne renaissante ». «Le logiciel vulnérabilité-sécurité semble être le mieux adapté à notre être, à nos besoins et à nos moyens ainsi qu’à l’évolution générale partout dans le monde dans ce domaine. Il faut se garder, cependant, de passer par pertes et profits l’approche par la défense et par les menaces, celles dites nouvelles comme celles plus traditionnelles comme l'agression». Au titre des menaces, le colonel Bouzghaïa semble partager les mêmes inquiétudes que les experts qui se sont succédé à la tribune de ces IVes journées d’études parlementaires. «La politique de la canonnière n’appartient pas à un passé révolu, elle est encore pratiquée non seulement par les puissances impériales ou à prétention sinon réminiscence impériale, mais même par certains pays eux-mêmes anciennes victimes du colonialisme. Elle pourrait même être remise au goût du jour si le négoce et la négociation venaient à échouer pour réguler la distribution des ressources rares, l’énergie et l’eau principalement ». L’officier supérieur de l’ANP, qui a participé activement à toutes les journées d’études parlementaires sur la défense nationale, résumera ainsi les travaux des quatre éditions : «Ce débat a le premier mérite d’exister en soi. Le deuxième est d’aborder des questions jusque-là taboues ou réservées aux seuls initiés. Le troisième est de réunir des participants de sensibilités différentes et venus d’horizons différents. Le quatrième est d’être à chaque fois suivi de la publication des actes, offrant ainsi de la matière nationale à tous ceux qui s’intéressent à ces questions. Le cinquième, et certainement pas le dernier, est de poser les jalons, du moins quelques repères, pour l’action législative future dans ce domaine. » Feu Abdelhamid Latrèche ne disait-il pas que «la défense et la sécurité sont des questions qui concernent tous les citoyens. Le débat sur la défense est en fait un débat sur la citoyenneté».


    T. H.( Le Soir d'Algérie)
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