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Manifestations contre la malvie au Maroc, en Algérie et en Tunisie

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  • Manifestations contre la malvie au Maroc, en Algérie et en Tunisie

    Le recours à la violence pour se faire entendre inquiète les autorités.

    Le Maghreb va-t-il flamber? Hantise des régimes locaux et de leurs soutiens européens, cette perspective n'a plus rien d'une hypothèse d'école. Les derniers événements, en Tunisie et au Maroc, en attestent, alors que les émeutes locales ponctuelles font partie depuis des années du paysage algérien.

    En Tunisie, des informations sur les troubles sociaux dans le bassin minier de Gafsa (350 km au sud-ouest de Tunis) circulaient depuis le mois de janvier dernier. Vendredi, il y a eu mort d'homme. Un manifestant de 25 ans, un «élément perturbateur», dit le régime, a en effet été abattu à Redeyef, 30000 habitants, dans le même secteur riche en phosphates, lors d'affrontements avec les forces de l'ordre qui ont aussi fait 8 blessés (28 de sources syndicales). L'armée tunisienne a été déployée samedi dans la ville, imposant le retour au calme. Pillages et saccages avaient accompagné les incidents.

    Les autorités tunisiennes ont contredit ceux qui leur reprochaient un recours exclusif à l'option sécuritaire bien dans le style d'un régime connu pour sa poigne de fer. Mais «nous ne tolérerons aucun recours à la violence et refusons qu'un point de vue quelconque soit imposé à l'Etat par la force», a précisé le ministre tunisien de la Justice et des droits de l'homme, Bechir Tekkari.

    «Diplômés-chômeurs»

    Toujours bien informé depuis Paris, le Comité pour le respect des libertés et des droits de l'homme en Tunisie signale plus de trente arrestations et de nombreuses condamnations, stigmatisant «une escalade violente» et saluant «ce formidable combat pour la dignité [...] de ceux qui ne demandent qu'à vivre dignement et librement».

    Au Maroc, où l'actualité sociale est souvent émaillée par les manifestations pathétiques de «diplômés-chômeurs» à Rabat ou à Casablanca, c'est une petite ville du sud qui fait parler d'elle. Depuis le 30mai, le port de Sidi Ifni, une cité de 20000 habitants à 200km au sud d'Agadir, était bloqué par des manifestants qui protestaient notamment contre le chômage et l'absence d'investissement public. Samedi, les forces de l'ordre déployées de manière massive - des milliers d'hommes - sont intervenues de manière violente. Bilan: 44 blessés, selon les autorités.

    Mais des témoignages impossibles à confirmer font état de deux viols et de plusieurs morts - la télévision qatarie par satellite Al-Jazira a relayé cette information, déclenchant l'ire du régime, qui parle d'une «désinformation dans toute sa grossièreté». Ce qui semble moins contestable, ce sont les exactions: de nombreux domiciles ont été le théâtre de violences policières. Même une partie de la presse proche du gouvernement a osé mettre «les brutalités policières» en cause: ainsi El Bayane, organe du PPS (ex-communiste), signale des «exactions» et des «bavures policières»; Le Soir (indépendant) annonce «des maisons saccagées» et «des centaines de blessés».

    Colère et frustration

    Mais c'est peut-être en Algérie que la situation devient la plus inquiétante. Comme l'écrivait récemment notre confrère Le Soir d'Algérie, «il ne se passe plus un mois sans qu'une émeute n'éclate. La colère monte dans plusieurs régions. Les manifestations violentes deviennent l'ultime recours pour exprimer colère et frustration. Face à des autorités locales qui font la sourde oreille, les populations ne trouvent plus d'autres moyens que de tout saccager pour attirer l'attention sur leur vécu.»

    Pourtant, l'Algérie bénéficie d'une rente imposante liée à la poussée inflationniste des prix pétroliers. Mais rien n'y fait, écrit Le Quotidien d'Oran, ville de l'ouest où des violentes émeutes viennent d'avoir lieu: «Le revers de la médaille est terrifiant. De nombreuses familles ne sont pas logées, les jeunes ne trouvent pas d'emploi, les ménages peinent à acheter leur lait, leur viande et même leur pain...»

    La malvie frappe les Maghrébins de plein fouet. Dans une région où les façades démocratiques ne trompent plus personne, comme en atteste le désintérêt massif pour les consultations électorales, les citoyens tentent d'abord d'échapper aux griffes de la pauvreté. Mais, entre corruption, inégalités sociales, clientélisme, vie chère et chômage, les voies du salut paraissent hors de portée. Alors la tentation du recours à la violence, à l'émeute, peut se faire forte. Même dans des pays dominés par des régimes policiers aux méthodes radicales. Les signaux, en tout cas, sont au rouge.
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin
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