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La mort des langues

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  • La mort des langues

    Des langues en plein expansion, d’autres disparaissent…..Certains disent qu’il faut évoluer avec ce qui évolue…….d’autres disent qu’il faut s’inquiéter car il s’agit bien du patrimoine linguistique du monde...


    La mort des langues n’est pas un phénomène nouveau. Depuis au moins 5000 ans, les linguistes estiment qu’au moins 30 000 langues sont nées et disparues, généralement sans laisser de trace. Avec le temps, on constate que le rythme de la mortalité des langues s’est singulièrement accéléré, surtout depuis les conquêtes colonialistes européennes. Au cours des trois dernières siècles, pendant que l’Europe perdait une bonne dizaine de langues, l’Australie et le Brésil, par exemple, en perdaient plusieurs centaines. En Afrique, plus de 200 langues comptent déjà moins de 500 locuteurs, sans parler de la liquidation de très nombreuses langues amérindiennes et de plusieurs petits peuples ayant vécu sous l’ancienne URSS ou en Chine (Ingouches, Kalmouts, Mekhétiens, Nus, Achangs, etc.).

    Le linguiste français Claude Hagège estime, pour sa part, qu'une langue disparaît «tous les quinze jours», c'est-à-dire 25 annuellement. Autrement dit, à ce rythme, si rien n'est fait, le monde aura perdu dans un siècle la moitié de son patrimoine linguistique, et sans doute davantage à cause de l'accélération due aux prodigieux moyens de communication. Ce phénomène touche particulièrement les langues indonésiennes (plus de la moitié des 600 langues serait moribonde), néo-guinéennes (plus de la moitié des 860 langues de Papouasie-Nouvelle-Guinée serait en voie d'extinction) et africaines, mais il concerne aussi de nombreuses autres langues menacées par l'anglo-américain ou d'autres grandes langues de communication. Par exemple, en Inde et en Afrique, beaucoup de nombre de langues qui avaient pourtant résisté à la colonisation sont aujourd'hui menacées par les grandes langues indiennes (hindi et ourdou) ou africaines telles que le swahili (en Afrique orientale), le peul (en Afrique centrale), le haoussa (au Niger et au Cameroun) ou le wolof (au Sénégal); ces langue sont tout aussi dangereuses que l'anglais ou le français, car elles ne sont pas considérées comme des «langues étrangères» et possèdent le prestige des grandes langues africaines. Le rythme d’extinction des langues, qui s’était déjà accéléré au cours du XXe, va atteindre des proportions sans précédent au cours du prochain siècle.

    Certains experts prévoient qu’au cours du présent siècle de 50 % à 90 % des langues parlées actuelles disparaîtront, c’est-à-dire de 3000 à 4000 langues. En Europe, sur 123 langues recensées — le continent le moins menacé —, on compte 9 langues «moribondes», 26 «proches de l’extinction» et 38 «en danger». Selon une étude de l’UNESCO (commencée en 1997 et dont le rapport devrait être diffusé en 2002), pas moins de 5500 langues sur 6000 disparaîtront d'ici un siècle et seront devenues des langues mortes au même titre que le latin et le grec ancien.

    Cela signifie que 90 % des langues actuelles seront liquidées au cours de ce siècle. Un «massacre», estime l'UNESCO. Le pire, c’est qu’on ne le remarquera peut-être même pas, car la disparition d'une langue ne représente jamais un événement bien spectaculaire. Pourtant, on peut parler d'un véritable «cataclysme» qui se produira dans l'indifférence générale.



    Évidemment, il y a des gens qui croient que la disparition des langues est un événement normal dont il ne faut pas s'inquiéter. Par exemple, le chroniqueur américain du National Review, John J. Miller, ne voit pas en quoi, par exemple, les quelque 800 langues de la Papouasie-Nouvele-Guinée puissent constituer un «modèle» auquel d'autres devraient se plier; il ne voit pas non plus pourquoi nous devrions nous alarmer, car ces populations n'auraient rien à donner aux autres, si ce n'est quelques babioles artisanales.

    La mort des langues est une conséquence inévitable de la suprématie des langues fortes dans l'arène linguistique. De façon générale, on peut dire qu'une langue est menacée dans sa survie dès qu'elle n'est plus en état d'expansion, dès qu'elle perd de ses fonctions de communication dans la vie sociale ou n'est plus pratiquée quotidiennement pour les besoins usuels de la vie, dès qu'elle n'est plus rentable sur le plan économique, ou dès qu'il n'y a plus suffisamment de locuteurs pour en assurer la diffusion.
    On estime qu’une langue ne peut survivre qu’à la condition de compter au moins 100 000 locuteurs. Or, sur les 6700 langues actuelles, la moitié compte moins de 10 000 locuteurs...

    Les causes de la disparition des langues demeurent multiples et complexes, mais elles sont plus ou moins circonscrites, comme pour les facteurs d'expansion, à des facteurs d'ordre militaire, démographique, géographique, économique, politique et culturel. Ces facteurs s'imbriquent souvent les uns dans les autres, sans qu'il soit toujours aisé d'identifier lequel d'entre eux joue un rôle prépondérant.




    -Source: tlfq.ulaval
    Dernière modification par Thirga.ounevdhou, 10 juin 2008, 15h47.
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