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Tunisie : Une vision à long terme

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  • Tunisie : Une vision à long terme

    La Tunisie peut dire merci à Bourguiba.
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    Les points de vue occidentaux sur la Tunisie divergent, mais le pays est bel et bien sur la voie d’un développement économique et humain assez rare au sein des sociétés arabes et maghrébines.

    Lorsque l’on souhaite porter un jugement sur un pays ou sur une personne, il est nécessaire de ne pas se départir d’une certaine honnêteté intellectuelle, voire morale, et de ne pas oublier qu’avant de juger quiconque, il faut apprendre à balayer devant sa propre porte et se dire que nous autres Occidentaux, qui avons souvent la fâcheuse tendance à vouloir imposer nos valeurs et notre vision des choses aux autres, ne détenons pas la vérité. Personne ne la détient. Lors de sa visite d’état en Tunisie, le président français Nicolas Sarkozy, très attendu par plusieurs organisations françaises non gouvernementales sur le dossier des droits de l’homme et des libertés politiques, a souhaité, comme il l’a dit, « ne pas s’ériger en donneur de leçon ».

    A la différence de nombre de nos intellectuels de gauche ou de droite qui se croient détenteurs de la vérité ou de la pensée unique, Nicolas Sarkozy n’a pas voulu voir la Tunisie par le petit bout de la lorgnette et par l’unique prisme des libertés politiques. Même le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, qui se montre souvent critique vis-à-vis de la Tunisie, a reconnu le 7 mai dernier sur France Inter : « Les atteintes aux droits de l’homme en Tunisie sont des péchés véniels comparés à l’état du monde. » Et d’ajouter « Comparé aux autres pays, en particulier dans la région, ça va bien mieux en Tunisie. »
    Qui peut se targuer d’être parfait ? Personne. Si dans le monde arabo-musulman, avec le Liban et la Jordanie, il y a un pays qui a connu des progrès substantiels, en ce qui concerne l’égalité entre hommes et femmes, c’est bien la Tunisie.
    Le président de la Tunisie, que j’ai eu l’occasion de rencontrer à deux reprises, est quelqu’un à la fois de timide, réservé et chaleureux avec un réel franc-parler.

    Lorsque l’on aborde avec lui le sujet des droits de l’homme et des libertés politiques, il admet qu’en tant qu’être humain lui comme d’autres politiciens peuvent commettre parfois des erreurs. Alors que son pays, qui n’a ni pétrole ni gaz, a une économie florissante et jouit d’une réelle stabilité politique qui repose sur une vraie classe moyenne – c’est-à-dire 8 des 10 millions de Tunisiens –, il souhaite pouvoir pratiquer davantage l’ouverture politique.
    Une menace pesante. Le problème, c’est la menace Al-Qaïda au Maghreb islamique, qui continue de peser sur la Tunisie, comme elle pèse sur le Maroc et sur l’Algérie – d’où viennent les terroristes les plus dangereux. Zine el-Abidine Ben Ali qui, durant l’ère Bourguiba, a passé de nombreuses années à la tête de la Sûreté nationale a vu, comme il le dit « venir les islamistes », dès la fin des années 1970. Aujourd’hui, beaucoup de Tunisiens, y compris ceux qui ne sont pas d’accord avec sa politique, reconnaissent qu’il a évité au pays une situation semblable à celle de l’Algérie avec le Front islamique du salut (FIS), dans les années 1990 et 1991.

    Le 30 avril dernier, devant les jeunes et bouillonnants étudiants de l’Institut national des sciences appliquées et de technologies de Tunis (Insat), Nicolas Sarkozy a déclaré : « Tout n’est pas parfait en Tunisie, comme ailleurs. Beaucoup de choses restent à accomplir ou à améliorer. » Mais, ajoutait-il avec conviction, « le Code du statut personnel, l’éducation, la formation ont été sous Habib Bourguiba les moyens de l’émancipation juridique, économique, sociale et intellectuelle par laquelle le peuple tunisien est devenu un peuple libre ». Le président français a ajouté : « C’est le grand mérite du président Ben Ali d’avoir continué dans cette voie sans se laisser décourager par les obstacles de toutes sortes, sans se laisser intimider par tous les fondamentalismes, tous les obscurantismes, tous les fanatiques qui rêvent d’un retour en arrière où l’homme serait privé de son libre-arbitre et la femme asservie. »
    Nicolas Sarkozy, comme de nombreux observateurs, sait que « les réformes en Tunisie, comme dans le reste du Maghreb et du monde arabe, s’inscrivent sur un chemin étroit et difficile, mais essentiel : celui de la liberté et du respect de l’individu. » Aujourd’hui, la Tunisie dispose d’atouts considérables pour aller dans ce sens. Elle est passée du stade de pays en voie de développement à celui de nation émergente.
    Classée 1re en Afrique et 29e à l’échelle mondiale, en termes de compétitivité, elle se place parmi les 80 pays les plus avancés de la planète. Aujourd’hui, seuls 3,8 % des 10 millions de Tunisiens vivent au-dessous du seuil de pauvreté. Au fil du temps, depuis 1956, les femmes sont devenues un pilier incontournable de la société.

    Participation active. Les femmes constituent 25 % de la population active, représentent 23 % du Parlement, 27 % des conseils municipaux, 14 % des cabinets ministériels. En outre, 10 % des P-DG de compagnies sont des femmes – soit 10 000 personnes. Une situation que la France pourrait envier à la Tunisie. Laquelle obtient régulièrement la satisfaction de tous ses bailleurs de fonds : la Banque mondiale, la Banque européenne d’investissements.
    D’ici à 2011, le rythme de croissance prévu dépassera 6 %. Tous les investisseurs s’y précipitent, à commencer par l’émir de Dubaï, qui vient de signer des contrats évalués à près de 15 milliards de dollars. La Tunisie peut atteindre le niveau de prospérité des pays de l’OCDE. Il ne faut pas se méprendre : à la différence d’autres pays du monde arabe, la Tunisie est stable, l’idéologie salafiste n’y a aucune assise sociale. La vague de religiosité que l’on peut y déceler, avec une plus grande fréquentation des mosquées et le retour du hijad (le foulard que portent de nombreuses étudiantes), n’a rien de politique. Elle se greffe davantage sur des frustrations sociales.
    La croissance économique, qui est pour l’instant supérieure à 6,3 %, n’a pas encore permis de résorber le chômage qui frappe essentiellement les jeunes. Mais l’avenir est porteur d’espoir. Non seulement à l’intérieur du pays mais aussi dans la région avec l’Union pour la Méditerranée (UM) qui devrait, si tout va bien, prendre son envol le 13 juillet prochain, à Paris, lors de sa première réunion et qui devrait permettre aussi à la Tunisie de démontrer qu’elle dispose de tous les atouts pour que le secrétariat général de l’institution soit ancré à Tunis.

    Par Christian malar
    source Arabies
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin
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