Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Nora honorée par les siens

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Nora honorée par les siens

    Après une très longue absence...Nora honorée par les siens

    Vêtue d’une robe aux couleurs chatoyantes, la diva a fait une entrée triomphale à la salle de cinéma de la maison de jeunes, sous des applaudissements nourris du public et des youyous stridents. Soutenue par le wali, Nora la grande diva a été longuement applaudie par une assistance dont l’âge varie entre 25 et 70 ans. Beaucoup de spectateurs sont venus rendre hommage à cette chanteuse, native de Sidi Amar et non de Cherchell comme certains le prétendent.

    C’est ainsi qu’au début de la cérémonie, un responsable a commis une véritable bourde sur le lieu de naissance de Nora. Pour l’histoire et la géographie, c’est bel et bien à Sidi Amar que cette chanteuse est née, dans ce petit village non loin de Cherchell. Ce qui a provoqué un tollé parmi les fans de cette artiste. Cette femme qui a fait le bonheur de plusieurs générations se trouve, aujourd’hui, affaiblie par la maladie. Mais elle a tenu à répondre à l’invite des organisateurs de cet hommage et se ressourcer auprès des siens qu’elle a quittés à l’âge de 7 ans.


    Noura, de son vrai nom Fatima-Zohra Badji, née en 1942 à Sidi-Amar, (ex-Zurich), près de Cherchell, en Algérie, est une chanteuse algérienne. Elle est la première chanteuse au statut de star, tout en se voulant être l’artiste proche de tous les Algériens. Elle a interprété aussi bien l’exil avec Gal el Menfi (le banni), que l’amour avec Houa, houa (lui lui) et les différents registres des folklores régionaux. Elle est la première chanteuse maghrébine à obtenir un disque d’or au début des années 1970. Nora a, à son actif, 600 chansons dans tous les genres musicaux algériens (chaâbi, andalou, chaoui, sahraoui, kabyle, ainsi que dans la langue de Molière).
    Fatima est née au sein d’une famille nombreuse, attachée aux valeurs familiales traditionnelles. Elle a dû, cependant, être confrontée très tôt à la séparation de ses parents, abandonner sa scolarité qu’elle suivait en français et en arabe pour se lancer dans la vie active.


    Dans les années 1950, Fatima est engagée à Radio Alger pour animer une émission destinée aux enfants et se fait repérer en interprétant des pièces de théâtre et des opérettes. Amari Maâmar lui offre également à cette époque la chanson El ouarda souda écrite par Saïd Hayef. Elle chantera, notamment, sous la direction de cheikh Mustapha Skandrani dont on retient également de lui sa virtuosité au pianoriental. Elle tient un rôle dans une opérette intitulée Ana el warqa el meskina (Je suis une pauvre feuille) écrite par Mustapha Kechkoul, discothécaire de Radio Alger, bien introduit dans le cercle musical algérois et composée par Skandrani. Cette chanson éponyme sera reprise, plus tard, par Lili Boniche en France et plus tard par Hamidou. Le poète Sid Ahmed Lakehal, ravi par sa prestation, dit spontanément : «Nora, vous avez été magnifique ! », le pseudonyme est né. Encadrée par Mohamed Jamoussi qui occupait la fonction de directeur artistique de l’Opéra d’Alger et le grand parolier musicien Mahboub Bati, Nora s’imposera très vite comme l’une des plus grandes chanteuses algériennes de l’époque.


    En compagnie de nombreux artistes et à l’invitation de la maison de disque Topaz, elle part pour Paris en 1959 pour une série d’enregistrements. Elle épouse la même année l’auteur compositeur et interprète Kamel Hamadi, rencontré à Radio Alger. C’est un nouveau tournant pour Nora qui commence sa collaboration avec, entre autres, El Habib Hachelaf. Celui-ci adaptera pour elle la chanson traditionnelle, Ya rabi Sidi (Oh Mon dieu), dont Kamel Hamadi compose la musique. Cette chanson devenue célèbre, comme d’autres de son répertoire, qui répercute les préoccupations des femmes algériennes : ici, c’est une mère qui se plaint du mariage de son fils avec une «roumia » (Française).


    Nora s’intéressera également aux thèmes traditionnels comme le mariage avec Mebrouk el aêrs (félicitations pour le mariage) et Ya Bnet el Houa (les filles du quartier), ou encore l’amour d’une mère pour son fils avec Ya bni (Mon fils). Cheikh Ahmed Wahby lui composera du asri (style moderne oranais) et son époux, Kamel Hamadi, des chansons kabyles comme Rebbi ad isahel (Dieu nous aidera), qu’ils chanteront ensemble. Elle incarnera avec son mari, à la ville comme à la scène, le duo de la chanson algérienne des années 1960. En 1965, elle fera également un album tout en français où elle interprète Une vie, écrite par Michel Berger et Paris dans mon sac de Kamel Hamadi. Après 1962, elle retourne vivre en Algérie, mais continue de faire la navette entre son appartement d’Alger et celui de Saint-Michel où elle fréquente de nombreux artistes français de l’époque comme Juliette Greco. En 1971, c’est en compagnie du chanteur kabyle Slimane Azem qu’elle reçoit son disque d’or pour plus d’un million de disques vendus chez Pathé Marconi. C’est la première fois que des artistes maghrébins sont distingués pour leur vente en France.


    Nora, en se confiant à la Nouvelle République, s’est dite très heureuse de se retrouver dans sa wilaya d’origine et d’ajouter : «Je suis revenue en Algérie pour mourir dans ce pays qui m’a vu naître et grandir et pour lequel je dois tout.» Bienvenue, Nora, dans ton pays et restes y autant que Dieu le veut.


    - Nouvelle Republique
Chargement...
X