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L’Algérie s’intéresse a investir plus dans le capital humain

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  • L’Algérie s’intéresse a investir plus dans le capital humain

    «L’esprit, s’il est en bonne santé, ne prend plaisir que dans la Science» Emir Abd el-Kader (1808-1883)

    L’Algérie a commencé à investir plus tardivement dans le capital humain que ceux d’autres régions du monde. Mais une fois commencé, l’Algérie a de manière générale dépensé un important pourcentage de son PIB à l’éducation et a rapidement augmenté le niveau de scolarisation au sein de sa population.

    Au cours des dernières 30 années, l’Algérie a consacré en moyenne 5 % de son PIB à l’éducation, c’est-à-dire plus que d’autres pays en développement à revenu similaire par tête. Ainsi, l’Algérie a été capable d’améliorer l’accès équitable à l’éducation à tous les niveaux d’instruction.

    Il s’agit de réalisations impressionnantes, tenant compte que notre pays, au cours des années 60, a commencé avec des indicateurs éducatifs parmi les plus bas au monde. La parité entre garçons et filles dans l’enseignement des deux premiers paliers est pratiquement achevée.

    Le taux d’analphabétisme a diminué de moitié au cours des dernières 20 années et l’écart absolu entre le taux d’alphabétisation des hommes et des femmes a diminué rapidement. L’Algérie fait partie de certains pays du monde arabe, où environ deux tiers de ses étudiants se spécialisent dans les sciences sociales et humaines plutôt que dans les sciences et les mathématiques.

    Cette tendance est contraire à ce qui se passe en Asie de l’Est. Etant donné que l’innovation et l’adaptation technologiques jouent un rôle de plus en plus dominant dans le processus de développement. L’Algérie, comme d’autres pays du Maghreb et du Moyen-Orient, n’a pas encore atteint le niveau quantitatif et qualitatif du capital humain des économies les plus dynamiques du monde en développement.

    Ce que produit l’université est nécessaire mais seule ne suffit pas pour générer la croissance économique. La croissance économique par tête au cours des 20 dernières années a été relativement limitée malgré les améliorations survenues dans les résultats éducatifs. Curieusement, une plus forte croissance économique a été accompagnée de faibles niveaux d’éducation dans les années 70.

    De même, la productivité totale des facteurs mesurant l’impact des facteurs autres que le capital physique et humain a été faible ou négative au cours des années 80 et 90, période au cours de laquelle les résultats éducatifs s’amélioraient. Cela donne à penser que le niveau universitaire n’a pas contribué de façon significative à la croissance économique ou à la productivité en Algérie.

    Il y a des explications plausibles de la faible relation entre l’éducation et particulièrement l’université, d’une part, et la croissance économique dans notre pays, d’autre part. L’une d’entre elles est que la qualité de la transmission du savoir reste encore faible pour que nos universités puissent contribuer à la croissance et à la productivité. L’investissement étranger direct, par exemple, est plutôt orienté vers les pays ayant de meilleurs résultats éducatifs.

    Le manque de pôles de compétences au sein des universités algériennes est une forte entrave à la motivation des enseignants et des étudiants à fournir plus d’efforts et par conséquent l’imperfection s’installe dans la culture des Algériens, à un niveau plus élevé de la société. L’Algérie dépense moins de 0,30 % de son PIB pour la recherche, ce qui reste beaucoup plus faible, en comparaison avec des pays qui avaient le même niveau de croissance durant les années 70.

    En Algérie, les initiatives sont pleines de bonnes intentions, mais les résultats sont trop souvent décevants. Jusqu’ici, aucune initiative n’a mené aux actions concrètes espérées par tous. Une part des revenus croissants de la production pétrolière devrait être employée pour la placer dans le développement de la science et de la technologie. Le développement économique d’un pays s’étalonne par la capacité scientifique et technologique de ses chercheurs à intégrer la sphère des décideurs politiques.

    Au contraire, en Algérie, et dans le monde musulman en général, cette matière grise se trouve marginalisée, se trouvant parfois dans une situation à produire des analphabètes de haut niveau. Mais la crise de développement en Algérie est si aiguë, complexe et à plusieurs facettes qu’une régénération du savoir ne peut pas être construite en isolation, et sera impossible en l’absence de plus larges réformes touchant presque tous les aspects de la société.

    Depuis son indépendance, notre pays est resté beaucoup dépendant de ses revenus pétroliers. Les décideurs de notre pays devront prendre l’exemple sur l’agriculteur qui, après sa récolte, garde une part de sa moisson pour sa prochaine semence. Faisons de telle sorte qu’une part des revenus pétroliers servira de semence, pour que les Algériens puissent cultiver dans les prochaines décennies: savoir, recherche et développement économique.

    L’Indonésie, qui exportait du pétrole durant les années 70, importe aujourd’hui 900 mille barils de pétrole par jour pour les besoins de sa population, et elle ne fait plus partie des pays membres de l’OPEP. Mais ce pays depuis quelques années est devenu un pays exportateur de pointe, dépassant ainsi de 17 % du volume global mondial. Nous trouvons que le constat est amer, mais la réalité ne peut être cachée par un tamis.

    La plupart des décideurs de notre pays sont trop faibles pour connaître le plaisir de la science, il s’explique par la corruption de leur tempérament, par la maladie de leur esprit, par leur tendance à céder aux passions, laissant celles-ci prendre le pas sur ce qui reste de leur intelligence. Si l’excellence de la science est donc chose certaine, le mieux que l’on puisse faire est de se mettre à apprendre et insistons sur le respect que l’on devra porter au savant.

    Actuellement, le système éducatif n’est pas prêt à affronter les nouveaux défis économiques, démographiques et financiers. Dans le monde d’aujourd’hui, la compétitivité dépend des entreprises qui emploient une main-d’oeuvre éduquée, qualifiée sur le plan technique, et capable d’adopter de nouvelles technologies et de vendre des biens et services sophistiqués.

    Lors d’une comparaison avec d’autres pays et régions sur l’indice de l’économie du savoir (Knowledge Economy Index ou KEI), qui mesure le degré auquel les différents pays participent à l’économie du savoir, l’Algérie se place en dessous de la moyenne de la distribution. De manière générale, l’Algérie enregistre des résultats inférieurs à ceux obtenus par les pays de l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE), par la plupart des économies en transition ainsi que par certains pays de l’Asie de l’Est.

    Le système éducatif algérien ainsi que celui d’autres pays de la région devra effectuer des changements afin de s’adapter aux nouvelles demandes présentes sur le marché du travail et au nombre croissant de jeunes. Cependant, les ressources peuvent être limitées et des alternatives financières peuvent s’avérer nécessaires. Par manque d’une meilleure sécurité - dans les travaux, les salaires et les pensions - tous les ans, des médecins, des ingénieurs et des scientifiques, fraîchement qualifiés, quittent leur pays pour aller s’installer principalement en France, au Canada, aux USA.

    Les milliers d’étudiants algériens poursuivant leurs études à l’étranger ne reviennent plus en Algérie, après avoir reçu un diplôme. Malgré l’amendement de nouveaux statuts pour les enseignants et les chercheurs, les salaires restent si bas que les chercheurs et les enseignants doivent trouver un revenu supplémentaire. Un système excessivement bureaucratique suffoque souvent l’innovation. Les promotions dans les établissements sont souvent basées sur la fidélité plutôt que le mérite. Les décideurs politiques de notre pays doivent fournir les ressources suffisantes pour la recherche, qui devraient être considérées comme investissements plutôt que dépenses.

    Une étude faite par d’éminents experts a montré que le budget annuel qui devra être accordé à la recherche en Algérie nécessite une enveloppe financière de 3 % du PIB, et ceci afin que le chercheur algérien espère arriver au même niveau que celui de l’Espagne du début des années 80. Au fil des derniers siècles, l’Algérie a contribué aussi à la civilisation humaine, et doit maintenant recouvrer l’honneur de contribuer efficacement à cette civilisation. L’isolationnisme peut mener seulement à la stagnation et à l’impuissance.

    L’Algérie a également besoin de manière indiscutable de faire des réformes pour réduire les inégalités, l’injustice et l’oppression. Les réformes imposées de l’extérieur de l’Algérie ne peuvent pas réaliser le changement social acceptable, car finalement elles serviront aux intérêts de ceux qui les imposent, et non pas les intérêts du peuple algérien.


    - Le Quotidien d'Oran
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