J'ai rencontré un ami de longue date. Je l'ai connu pendant les années 60, il était un collègue à l'usine d'Elhadjar. C'est un kabyle. Il est tout vieux maintenant. Figurez-vous que je l'ai rencontré à Paris. Il sortait d'une vidéothèque. Il a loué une cassette vidéo. Il a une barbe très longue grise à certains endroits. En me voyant, il n'a pu me dissimuler sa tentative de cacher son acquisition. Je l'ai tout de suite mis à l'aise malgré mon accoutrement, tout ce qui a de plus guindé: une veste, une chemise bleu ciel, une cravate rouge avec des rayures transversales blanches. Bien sûr qu'on s'est vu après les années à Lalla Bouna. Sinon, je ne l'aurais pas reconnu. Mais ce qui a changé chez lui depuis la dernière fois, c'est sa longue barbe. La dernière fois, il m'a parlé, je me rappelle, à Alger, de nos origines, les Numides, il n'aimait pas le mot berbère. Lui, il se considère numide. Il est kabyle d'Aokas. Pour lui, les kabyles du Djurdjura sont des Maures. Il se sentait, me disait-il, plus proche de moi, qui suis de la Hodna que des Kabyles du Djurdjura. A l'époque, moi, j'étais musulman. Ces considérations, je les trouvais d'une futilité pathologique. A Paris, les rôles ont changé. Il m'a invité à une table, dans un bistrot, dans la rue Traversière, dans le 12ème. Il a commandé un café, moi une bière. Il m'a foudroyé d'un regard terroriste. J'ai du décommandé. Vous vous rendez compte, perdre un ami de longue date. J'ai commandé aussi un café, un expresso.
J'ai passé deux heures quarante quatre minutes et 23 secondes à l'écouter me parler de la débauche, du complot juif, des Américains, des éradicateurs, des généraux, de Mohamed six, de Hachemi cherif, de Malek Bennabi...je l'ai écouté avec la patience d'un commercial. Il faut satisfaire le client, et lui donner l'impression qu'il mène le débat. C'est réussi.
Mais pourquoi ai-je commandé une bière ? Je ne suis plus musulman.
Ce n'est pas possible. Cela ne peut exister. C'est très grave. Je mérite la peine capitale si les lois de l'islam sont appliquées et que les conditions m'aient été réellement données de faire un choix librement. Je ne serais qu'une victime du système instauré par la pègre. Donc je suis pardonnable. Mon Dieu ! J'avais des sueurs froides. Il m'a parlé de son fils. Il vit à Rouen. Il a un pit-bull qui a massacré un de ses voisins. Il est maintenant en prison son fils. Heureusement qu'il a rencontré des frères en prison. Ils le soutiennent, et il a appris beaucoup de choses d'eux sur l'islam et sur la conduite du dernier prophète de tous les temps. Heureusement. il m'a dit qu'il est heureux comme tout. Il m'a demandé des nouvelles sur mon fils, le plus grand, je lui ai dit qu'il a pris la nationalité américaine, et je ne l'ai pas vu depuis 15 ans. Je l'appelle de temps à autre. Il va bien. Son épouse est koweitienne. Il voulait savoir s'il est lui, au moins, resté dans le giron d'Allah. Je lui ai dit que je ne le sais pas. Je ne lui demande pas ce genre de choses. Il est libre d'être ce qu'il veut.
Si l'un de ses fils quitte la religion musulmane, il le tuerait, me dit-il. Sa fille, la plus jeune, est mariée à un garçon de Sarcelles. D'ailleurs, c'est grâce à elle qu'il a pu venir en France. Il est fier d'elle. Elle travaille chez Auchan comme chef de rayon. Malgré sa fierté pour sa réussite sociale, ayant un job, un appartement, une voiture, un portable, il n'est pas d'accord avec elle sur tout. Son mari est un kabyle du Djurdjura. Il est militant pour l'indépendance des Kabyles. Il a planté un drapeau sur son balcon, me dit-il, avec le symbole de la double fourche kabyle. Il réciterait "le verset de la chaise" à chaque fois qu'il voit le foutu drapeau, me dit-il. Son beau fils l'aime bien. Il boirait du vin mais il le fait jamais en sa présence.
Ayant oublié qu'il avait essayé de la dissimuler, je lui ai demandé c'était quoi la cassette vidéo qu'il avait louée. Quelle cassette ? Contrarié mais il l'a posée sur la table, c'était "Basic instinct". Il a ajouté: "c'est un film policier...c'est pour me divertir quand ma fille et mon beau fils sont au boulot.
J'ai passé deux heures quarante quatre minutes et 23 secondes à l'écouter me parler de la débauche, du complot juif, des Américains, des éradicateurs, des généraux, de Mohamed six, de Hachemi cherif, de Malek Bennabi...je l'ai écouté avec la patience d'un commercial. Il faut satisfaire le client, et lui donner l'impression qu'il mène le débat. C'est réussi.
Mais pourquoi ai-je commandé une bière ? Je ne suis plus musulman.
Ce n'est pas possible. Cela ne peut exister. C'est très grave. Je mérite la peine capitale si les lois de l'islam sont appliquées et que les conditions m'aient été réellement données de faire un choix librement. Je ne serais qu'une victime du système instauré par la pègre. Donc je suis pardonnable. Mon Dieu ! J'avais des sueurs froides. Il m'a parlé de son fils. Il vit à Rouen. Il a un pit-bull qui a massacré un de ses voisins. Il est maintenant en prison son fils. Heureusement qu'il a rencontré des frères en prison. Ils le soutiennent, et il a appris beaucoup de choses d'eux sur l'islam et sur la conduite du dernier prophète de tous les temps. Heureusement. il m'a dit qu'il est heureux comme tout. Il m'a demandé des nouvelles sur mon fils, le plus grand, je lui ai dit qu'il a pris la nationalité américaine, et je ne l'ai pas vu depuis 15 ans. Je l'appelle de temps à autre. Il va bien. Son épouse est koweitienne. Il voulait savoir s'il est lui, au moins, resté dans le giron d'Allah. Je lui ai dit que je ne le sais pas. Je ne lui demande pas ce genre de choses. Il est libre d'être ce qu'il veut.
Si l'un de ses fils quitte la religion musulmane, il le tuerait, me dit-il. Sa fille, la plus jeune, est mariée à un garçon de Sarcelles. D'ailleurs, c'est grâce à elle qu'il a pu venir en France. Il est fier d'elle. Elle travaille chez Auchan comme chef de rayon. Malgré sa fierté pour sa réussite sociale, ayant un job, un appartement, une voiture, un portable, il n'est pas d'accord avec elle sur tout. Son mari est un kabyle du Djurdjura. Il est militant pour l'indépendance des Kabyles. Il a planté un drapeau sur son balcon, me dit-il, avec le symbole de la double fourche kabyle. Il réciterait "le verset de la chaise" à chaque fois qu'il voit le foutu drapeau, me dit-il. Son beau fils l'aime bien. Il boirait du vin mais il le fait jamais en sa présence.
Ayant oublié qu'il avait essayé de la dissimuler, je lui ai demandé c'était quoi la cassette vidéo qu'il avait louée. Quelle cassette ? Contrarié mais il l'a posée sur la table, c'était "Basic instinct". Il a ajouté: "c'est un film policier...c'est pour me divertir quand ma fille et mon beau fils sont au boulot.
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