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La chute de la maison Espagne

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  • La chute de la maison Espagne

    LIBERATION QUOTIDIEN : lundi 16 juin 2008

    Cette histoire insolite a fait le tour de la presse espagnole. Pris à la gorge par les remboursements de son prêt immobilier, un chômeur ne réussissant pas à vendre sa maison a eu l’idée, pour y parvenir, de monter une loterie. Au chômage depuis peu, Manuel Marina a mis en vente sa propriété en la divisant en 64 000 bons de cinq euros chacun. Il en aurait déjà vendu 1 800, notamment via Internet. La récompense (l’acquisition de sa maison), a-t-il précisé, ne sera tirée au sort que lorsque la totalité des coupons aura trouvé acquéreur. Les autorités notariales de la région de Madrid ont fait savoir que ces bons émis n’ont aucune valeur légale et «ne constituent en rien une garantie». Manuel Marina perçoit 900 euros d’indemnités chômage et doit rembourser chaque mois 1 500 euros de prêts. Intenable. Il lui faut donc vendre coûte que coûte.

    «Récession». Le cas «Marina» illustre un drame qui touche des dizaines de milliers de familles. Dans un pays où 98 % des prêts sont fixés à taux variable, la cherté de la vie et la hausse des taux d’intérêt (une montée qui oblige Marina à débourser 636 euros de plus sur un an) étouffent une bonne partie des ménages. On parlait jusqu’alors de crise. Les autorités lâchent désormais le terme de «récession» pour décrire la situation de l’une des économies les plus florissantes de l’Union européenne depuis le milieu des années 90 - l’Espagne a longtemps flirté, voire dépassé, la barre des 4 % de croissance annuelle. Le principal responsable de cette descente aux enfers est ce qui a servi de moteur à la prospérité espagnole pendant des années : l’immobilier. En légère baisse depuis quelques mois, le nombre de transactions s’est effondré totalement en mars : - 40% en glissement annuel. Si l’on se réfère à la vente de logements anciens, la chute s’étend à 46 % ! La baisse du BTP est dix fois supérieure en Espagne que dans le reste de l’UE. Il faut remonter à une quinzaine d’années pour enregistrer pareille déconfiture.

    L’ampleur de l’éclatement de la bulle immobilière a pris par surprise le ministre des Finances Pedro Solbes, passé de «modérément pessimiste» à «très inquiet», et situant désormais la croissance à moins de 2 % cette année : «Il y avait un ajustement nécessaire. Mais le choc a été beaucoup plus brusque que ce que j’avais imaginé», a-t-il admis. Et de reconnaître que l’effondrement du secteur va «dévorer» d’ici à la fin 2008 le substantiel excédent budgétaire - d’environ 20 milliards d’euros. Chez les constructeurs et les agences immobilières, c’est «sauve-qui-peut». Les groupes (comme Acciona) qui ne se sont pas reconvertis à temps dans le secteur énergétique s’en mordent les doigts. Metrovacesa, ACS, FCC, Vallehermoso subissent de violentes chutes boursières (de -45 à -85 % en un an), et la plupart recourent à de puissantes cures d’austérité. Le gros promoteur Martinsa, qui a perdu 85 millions d’euros et mis à la porte 500 salariés, vient par exemple d’annoncer de nouvelles charrettes.

    Grues à l’arrêt. Autour des grandes agglomérations de Barcelone, Valence ou Madrid, les paysages urbains se hérissent d’immeubles vides et de grues à l’arrêt. Alors que le pays construisait chaque année davantage de logements que l’Allemagne, le Royaume-Uni et la France réunis, 650 000 appartements construits depuis 2005 - soit le tiers - ne trouvent pas d’acheteurs. Le gouvernement Zapatero, qui a averti les groupes de BTP qu’ils ne recevront «aucune aide publique compensatoire», tente en revanche de prêter main-forte aux nombreuses familles ultra-endettées. Outre les 400 euros de remise fiscale (qui seront effectifs dès juin), Madrid va permettre aux ménages de différer leurs remboursements immobiliers de «plusieurs années», sans qu’ils déboursent un centime supplémentaire. Les experts, qui saluent l’utilité de cette mesure, recommandent à l’Etat et aux régions de «promouvoir» sans tarder le logement subventionné.
    Ce que vous faites de bien et de mal, vous le faites à vous
    Mahomet
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