La mise à l’arrêt des capacités nationales de production agricole a engendré un véritable désencrage de l’appareil agroindustriel de son amont agricole. L’adoption par l’Etat d’une politique économique favorisant l’importation est l’une des principales causes de ce dysfonctionnement qui risque d’aggraver le phénomène de la dépendance alimentaire de l’Algérie.
Lyès Menacer - Alger (Le Soir) - Le fossé existant entre les agriculteurs et les professionnels de l’industrie agroalimentaire a accentué davantage le problème de dépendance de l’Algérie. Notre pays a vu sa facture d’importation des produits alimentaires passer de 2,6 milliards de dollars en 2003 à presque 5 milliards de dollars en 2007.
Le président du Forum des chefs d’entreprises (FCE), M. Réda Hamiani, a déclaré dans son discours inaugural que «malgré tout le volontarisme qui a empreint la politique économique, suivie jusque-là par l’Etat, cela n’a pas empêché le développement des importations alimentaires au détriment du produit qui pouvait être fourni par le marché local». Il cite à titre d’exemple le problème de la prise en charge de la filière lait qui dépend quasiment de l’importation de la poudre de lait dont les prix sont toujours soutenus par l’Etat. «La production du lait cru, qui atteindrait 2,5 milliards de litres en 2008, ne trouve de réseau de collecte organisé que pour 650 000 litres», a-t-il précisé.
Les besoins importants pour la transformation de la viande ovine ne sont pas pris en charge, a-t-il ajouté. Le président du FCE a estimé que «la situation de dépendance alimentaire dans laquelle se trouve actuellement notre pays appelle des mesures courageuses et déterminantes des pouvoirs publics et un engagement réel des acteurs économiques». C’est la démarche qu’a prônée aussi le président de la Chambre nationale d’agriculture, M. Oueld El-Hocine, qui a attiré l’attention sur le problème du recours à l’importation des produits semifinis par les professionnels de l’industrie agroalimentaire. Il a appelé ces derniers à investir dans la production des intrants pour ne plus dépendre de la volonté des marchés internationaux qui grimpent au gré des grandes firmes spécialisées dans le domaine.
Il faut jeter de nouvelles passerelles
Jeter de nouvelles passerelles entre les agriculteurs et les professionnels de l’industrie agroalimentaire s’avère plus que nécessaire pour M. Hamiani qui a déclaré que «les acteurs économiques des deux secteurs se sentent aujourd’hui interpellés par cet impératif et veulent commencer des axes d’une démarche visant à impulser une nouvelle dynamique d’intégration».
C’est à ce souci qu’ont tenté de répondre les professionnels des deux secteurs en organisant la rencontre d’hier dont l’une des visées est de «donner un sens concret au concept de la sécurité alimentaire». A cet effet, «des solutions adaptées aux besoins des secteurs agricole et agroalimentaire doivent être trouvées, notamment en matière de disponibilité du foncier», a insisté, par ailleurs, le président du FCE. M. Omar Aït Amar, chargé des études au ministère de l’Agriculture, a indiqué pour sa part que sur les 238 millions de terres agricoles, il n’y a que 8,4 millions d’hectares de terres cultivables, qui représentent un taux de 3,5%.
Le conférencier a également noté que seulement 1,2 million d’hectares (15%) de la surface agricole utile sont à potentialités agronomiques appréciables. Une grande partie des terres agricoles est située au nord du pays. «L’avancée anarchique et grandissante du béton sur le peu de terres fertiles existantes va à contresens de la politique de l’Etat pour lutter contre la dépendance alimentaire de l’Algérie», a fait remarquer M. Hocine Abdelghafour, chargé des études au département de Saïd Barkat. Ce dernier a estimé qu’il faut lutter contre l’urbanisation en milieu agricole. «Les terres agricoles doivent être sauvegardées si l’on veut relancer sérieusement ce secteur.
Dans le cas contraire, chacun devra assumer les conséquences de ce qui découlera de l’urbanisation de ces terres», a-t- il averti. «Les agriculteurs devraient également être soutenus par l’Etat. Celui-ci devrait privilégier les petits producteurs agricoles locaux aux grandes firmes étrangères», ont suggéré les initiateurs de la rencontre. La difficulté de l’accès aux crédits bancaires est l’un des problèmes soulevés par certains agriculteurs, en marge de cette rencontre qui s’achèvera aujourd’hui.
- Le Soir d'Algerie
Lyès Menacer - Alger (Le Soir) - Le fossé existant entre les agriculteurs et les professionnels de l’industrie agroalimentaire a accentué davantage le problème de dépendance de l’Algérie. Notre pays a vu sa facture d’importation des produits alimentaires passer de 2,6 milliards de dollars en 2003 à presque 5 milliards de dollars en 2007.
Le président du Forum des chefs d’entreprises (FCE), M. Réda Hamiani, a déclaré dans son discours inaugural que «malgré tout le volontarisme qui a empreint la politique économique, suivie jusque-là par l’Etat, cela n’a pas empêché le développement des importations alimentaires au détriment du produit qui pouvait être fourni par le marché local». Il cite à titre d’exemple le problème de la prise en charge de la filière lait qui dépend quasiment de l’importation de la poudre de lait dont les prix sont toujours soutenus par l’Etat. «La production du lait cru, qui atteindrait 2,5 milliards de litres en 2008, ne trouve de réseau de collecte organisé que pour 650 000 litres», a-t-il précisé.
Les besoins importants pour la transformation de la viande ovine ne sont pas pris en charge, a-t-il ajouté. Le président du FCE a estimé que «la situation de dépendance alimentaire dans laquelle se trouve actuellement notre pays appelle des mesures courageuses et déterminantes des pouvoirs publics et un engagement réel des acteurs économiques». C’est la démarche qu’a prônée aussi le président de la Chambre nationale d’agriculture, M. Oueld El-Hocine, qui a attiré l’attention sur le problème du recours à l’importation des produits semifinis par les professionnels de l’industrie agroalimentaire. Il a appelé ces derniers à investir dans la production des intrants pour ne plus dépendre de la volonté des marchés internationaux qui grimpent au gré des grandes firmes spécialisées dans le domaine.
Il faut jeter de nouvelles passerelles
Jeter de nouvelles passerelles entre les agriculteurs et les professionnels de l’industrie agroalimentaire s’avère plus que nécessaire pour M. Hamiani qui a déclaré que «les acteurs économiques des deux secteurs se sentent aujourd’hui interpellés par cet impératif et veulent commencer des axes d’une démarche visant à impulser une nouvelle dynamique d’intégration».
C’est à ce souci qu’ont tenté de répondre les professionnels des deux secteurs en organisant la rencontre d’hier dont l’une des visées est de «donner un sens concret au concept de la sécurité alimentaire». A cet effet, «des solutions adaptées aux besoins des secteurs agricole et agroalimentaire doivent être trouvées, notamment en matière de disponibilité du foncier», a insisté, par ailleurs, le président du FCE. M. Omar Aït Amar, chargé des études au ministère de l’Agriculture, a indiqué pour sa part que sur les 238 millions de terres agricoles, il n’y a que 8,4 millions d’hectares de terres cultivables, qui représentent un taux de 3,5%.
Le conférencier a également noté que seulement 1,2 million d’hectares (15%) de la surface agricole utile sont à potentialités agronomiques appréciables. Une grande partie des terres agricoles est située au nord du pays. «L’avancée anarchique et grandissante du béton sur le peu de terres fertiles existantes va à contresens de la politique de l’Etat pour lutter contre la dépendance alimentaire de l’Algérie», a fait remarquer M. Hocine Abdelghafour, chargé des études au département de Saïd Barkat. Ce dernier a estimé qu’il faut lutter contre l’urbanisation en milieu agricole. «Les terres agricoles doivent être sauvegardées si l’on veut relancer sérieusement ce secteur.
Dans le cas contraire, chacun devra assumer les conséquences de ce qui découlera de l’urbanisation de ces terres», a-t- il averti. «Les agriculteurs devraient également être soutenus par l’Etat. Celui-ci devrait privilégier les petits producteurs agricoles locaux aux grandes firmes étrangères», ont suggéré les initiateurs de la rencontre. La difficulté de l’accès aux crédits bancaires est l’un des problèmes soulevés par certains agriculteurs, en marge de cette rencontre qui s’achèvera aujourd’hui.
- Le Soir d'Algerie
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