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Un hommage au maître de la peinture algérienne M’hamed Issiakhem

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  • Un hommage au maître de la peinture algérienne M’hamed Issiakhem

    La manifestation sera organisée les 20 et 21 juin dans son village natal en Kabylie...


    Les 20 et 21 juin prochains, le village Taboudoucht, en Kabylie, rendra hommage à l’un des fondateurs de la peinture de chevalet algérienne, le célèbre M’hamed Issiakhem qui est né dans ce village.

    Organisé par l’association culturelle M’hamed Issiakhem, en collaboration avec l’APC des Aghribs, le comité et les doyens du village, le comité d’organisation et les héritiers Issiakhem (Younes et M’hamed) ainsi que Mme Kabla Djamila Issiakhem, qui est la commissaire générale de la manifestation, cet hommage verra la participation d’une quarantaine d’artistes peintres vivant en Algérie et à l’étranger.

    Ces artistes de différentes générations, autodidactes et diplômés des Ecoles des beaux-arts d’Alger, d’Oran, de Mostaganem et d’Azazga, travailleront en ateliers en plein air et réaliseront des œuvres qui constitueront une exposition que les organisateurs mettront sur le Net et qu’on pourra visiter sur l’adresse «issiakhem. artistes-***********».

    Au programme de l’hommage sont également prévus la projection d’un film sur M’hamed Issiakhem, produit et réalisé par Fawzi Sahraoui en 1985, ainsi que des conférences et des débats, qu’animeront des critiques d’art internationaux, et des lectures de poèmes de Ben Mohamed.

    Des projections de diapositives dévoileront une partie de l’œuvre de l’artiste et de l’artiste lui-même qui sera présenté à travers des photos de famille inédites.

    Parallèlement sont programmées des manifestations de différentes associations culturelles qui ont tenu à prendre part de manière active à cet hommage dont l’objectif est de faire découvrir l’œuvre de l’artiste et de permettre à toute une région, connue pour avoir été le berceau de tant d’artistes, de sortir de l’anonymat.

    Il est à noter que les organisateurs prennent en charge tous leurs invités artistes et conférenciers pendant les deux jours que durera la manifestation.

    L’association M’hamed Issiakhem pousse plus loin l’hospitalité et invite le public à un grand repas, à midi, le 20 juin.

    Pour rappel, M’hamed Issiakhem est né le 17 juin 1928 à Taboudoucht. A partir de 1931, il habitera Relizane, dans l’ouest du pays, où il passera son enfance. De 1947 à 1951, il étudie à l’Ecole des beaux-arts et suit les cours du miniaturiste Omar Racim (1884-1959). En 1951, il rencontre l’écrivain Kateb Yacine.

    De 1953 à 1958, il fréquente l’Ecole des beaux-arts de Paris où il retrouve Kateb Yacine. C’est à partir de cette époque-là que les deux artistes algériens deviendront inséparables. En 1958, Issiakhem quitte la France pour l’Allemagne.

    Après avoir été en 1962 boursier da la Casa De Velàsquez de Madrid (Espagne), Issiakhem rentre en Algérie. Il est alors dessinateur au quotidien Alger Républicain. En 1963, il est membre fondateur de la défunte Union nationale des arts plastiques (UNAP). En 1967, il réalise avec Kateb Yacine un film pour la télévision, Poussières de juillet, et en 1968 les décors du film la Voie, de Slim Riad.

    De 1973 à 1978, Issiakhem est dessinateur de presse. Il dirige en 1977 la réalisation d’une fresque pour l’aéroport d’Alger. Le ministère du Travail et des Affaires sociales publie à Alger une plaquette dont Kateb Yacine écrit la préface sous le titre Issiakhem, Œil-de-lynx et les américains, trente-cinq années de l’enfer d’un peintre. En 1978, Issiakhem séjourne quelques mois à Moscou et reçoit en 1980 le premier Simba d’or (Lion d’or) de Rome, distinction de l’Unesco pour l’art africain. Il meurt le 1er décembre 1985 à la suite d’une longue maladie.

    - La Tribune

  • #2
    Hommage à M’hamed Issiakhem

    Taboudoucht (Aghribs) : Hommage à M’hamed Issiakhem


    Organisé conjointement par l’association M’hamed Issiakhem de Taboudoucht et l’APC d’Aghribs et soutenu par toutes les associations de la commune, l’hommage à l’artiste peintre M’hamed Issiakhem a drainé une immense foule durant la journée de vendredi.



    Les amis du maître ont tous répondu à l’appel. Ils sont nombreux à venir des quatre coins du pays et de l’étranger. Les étudiants des écoles des beaux-arts d’Oran, de Mostaganem, d’Alger et d’Azazga ainsi que des personnalités diplomatiques et culturelles ont pris part aux festivités. La cérémonie s’est ouverte dans son village natal, Taboudoucht, devant la stèle érigée à la mémoire de « L’œil de lynx », comme aimait l’appeler son ami Kateb Yacine. Une halte a été observée à la maison natale de l’artiste où fut évoquée la généalogie de la famille Issiakhem. Durant l’après-midi, un vernissage d’une grande exposition de peinture avec la participation de plus de quarante artistes, dont certains de renommée internationale, a été organisé. Des fresques ont été réalisées par les étudiants, en hommage au maître. Yacine Dimerdji a animé une conférence, où il a témoigné sur le vécu de son ami d’enfance M’hamed Issiakhem. Le film de Sahraoui sur M’hamed Issiakhem a été également projeté et suivi d’un débat. La première journée s’est terminée par un récital de poésie. Hier, des conférences ont été programmées. Ainsi, Benamar Mediene, professeur en sociologie et critique d’art à Aix en Provence, interviendra sur l’œuvre de M’hamed Issiakhem. Parallèlement à ce programme, différentes manifestations culturelles et sportives sont organisées. Des expositions, des photos de l’artiste, des pièces de théâtre et des chorales ont ponctué ces journées. C’est la fête de l’art dans toutes ses dimensions. Cet hommage aura permis à beaucoup de gens de connaître l’illustre artiste M’hamed Issiakhem, dont la dimension est universelle. Elle aura aussi rassemblé tous les artistes. Les distinctions, qu’il avait reçues à l’étranger pour ses œuvres, n’avaient même pas éveillé les consciences des dirigeants de l’époque, pour attacher de l’importance à l’art et considérer l’artiste dans son pays.




    Par M.Benyakoub

    Source: El watan, 22 juin 2008.

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    • #3
      J'ai eu des echos tres elogieux du festival, bravo KHELIFA

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      • #4
        Merci asirem!
        "Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien."
        Socrate.

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        • #5
          Je t'en prie !
          Ce n'est qu'un devoir ! Merci à toi de t'y interesser ...

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          • #6
            On raconte qu'après son accident, et sont handicape, causé par l'explosion d'une bombe entre ses mains. Sa mère lui aurait dit qu'elle péférait le perdre que de le voir en vie avec son hadicape.

            Chose qu'il l'a marqué à vie!
            "Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien."
            Socrate.

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            • #7
              tekruchidh daghen..................decidemment!

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              • #8
                Petite biographie

                M'hamed Issiakhem (1928-1985) est l'un des fondateurs de la peinture moderne en Algérie.

                M'hamed Issiakhem naît le 17 juin 1928 à Taboudoucht (Douar Aït Djennad, Azeffoun) en Kabylie. A partir de 1931 il passe son enfance à Relizane. En 1943 il manipule une grenade, volée dans un camp militaire, qui explose. Deux de ses sœurs et un neveu meurent. Hospitalisé pendant deux ans, il est amputé du bras gauche. De 1947 à 1951 il est à Alger élève de la Société des Beaux-Arts puis de l’École des Beaux-Arts et suit les cours du miniaturiste Omar Racim. En 1951 il rencontre Kateb Yacine. De 1953 à 1958 il fréquente l'École des Beaux-Arts de Paris où il retrouve Kateb Yacine - les deux artistes demeureront inséparables. En 1958 Issiakhem quitte la France pour séjourner en RFA puis résider en RDA.

                En 1962, boursier de la Casa de Velázquez de Madrid, Issiakhem rentre en Algérie. Il est alors dessinateur au quotidien Alger Républicain. En 1963 il est membre fondateur de l’Union Nationale des Arts Plastiques, de 1964 à 1966 chef d’atelier de peinture à l’École des Beaux-Arts d’Alger puis directeur pédagogique de l’École des Beaux-Arts d’Oran. Il illustre alors plusieurs œuvres de Kateb Yacine. De 1965 à 1982 il crée les maquettes des billets de banque et de nombreux timbres-poste algériens. En 1967 il réalise avec Kateb Yacine un film pour la télévision, Poussières de juillet, en 1968 les décors du film La voie, de Slim Riad. En 1971 Issiakhem est professeur d’art graphique à l’École Polytechnique d’Architecture et d’Urbanisme d’Alger et crée les décors pour le film Novembre. Il voyage en 1972 au Viêt Nam et reçoit en 1973 une médaille d’or à la Foire Internationale d’Alger pour la décoration du stand du Ministère du Travail et des Affaires sociales.

                De 1973 à 1978 Issiakhem est dessinateur de presse. Il dirige en 1977 la réalisation d’une fresque pour l'Aéroport_d'Alger. Le Ministère du Travail et des Affaires sociales publie à Alger une plaquette dont Kateb Yacine écrit la préface sous le titre Issiakhem, Œil-de-lynx et les américains, trente-cinq années de l’enfer d’un peintre. En 1978 Issiakhem séjourne quelques mois à Moscou et reçoit en 1980 le Premier Simba d’Or (Lion d’Or) de Rome, distinction de l’UNESCO pour l’art africain. Il meurt le 1er décembre 1985 à la suite d’une longue maladie.

                C'est tout ce qui est disponible sur le web !

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                • #9
                  tekruchidh daghen..................decidemment!



                  Tafsut ça va?

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                  • #10
                    Y a aussi Azouaou Mammeri, dont un topic lui a déjà été consacré

                    http://www.algerie-dz.com/forums/sho...zouaou+mammeri

                    Issiakhem et Azouaou Mammeri, deux grands monuments de la peinture algérienne.

                    Tafsut ça va?
                    de mieux en mieux, merci!

                    Commentaire


                    • #11
                      de mieux en mieux, merci!
                      Tant mieux ... ddunit ulac anwa ad t id iqedh'3en !!


                      Merci pour le lien !

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                      • #12
                        Autour des valeurs humaines et esthétiques d’Issiakhem

                        Lors du Festival mondial de la jeunesse et des étudiants qui eut lieu à Varsovie en 1955, Issiakhem participe aux expositions de peinture par son œuvre intitulée Le Cireur, représentant l’Algérie en lutte. En 1958, lors du procès de la militante Djamila Bouhired, il illustre le thème de la torture dans la revue “Entretiens” par des dessins et des gravures de haute facture. Après un bref passage par l’ex-RFA, il s’installera en RDA. Là, il expose dans la ville de Leipzig ses œuvres en 1959. Deux ans plus tard, il revient à Paris pour exposer au club des Quatre-Vents. Il obtint en 1962 une bourse à Madrid - La Casa Velázquez -, mais il préféra rentrer en Algérie qui venait d’avoir son Indépendance. Dessinateur à Alger-Républicain, il sera l’un des membres fondateurs de l’“Union nationale des Arts plastiques”. Dans une exposition collective à la salle Ibn Khaldoun en 1963, il exposera ses œuvres picturales et ses gravures, comme il exposera ses productions, une année plus tard, lors du 1er Salon de l’UNAP à Alger. La même année, Issiakhem se retrouvera chef d’atelier à l’École nationale d’Architecture et des Beaux-Arts d’Alger et directeur de l’École des Beaux-Arts d’Oran jusqu’à 1966. C’est lui qui a exécuté les décors du film Poussières de juillet, un court métrage produit en 1967 et primé au Caire et à Prague.
                        Après avoir intimement mêlé- dans un livre à mi-chemin entre le récit, le livre d’histoire et le roman-les deux noms-phares de l’art et des belles-lettres algériennes, à savoir Issiakhem et Kateb Yacine sous l’intitulé «Les Jumeaux de Nedjma», le passionné et passionnant historien de l’art, Benamar Mediène, nous fait plonger dans son dernier ouvrage biographique sur Issiakhem, publié cette année chez Casbah-éditions sous le sobre titre d’«Issiakhem», dans l’univers esthétique et humain de l’un des plus grands artistes-peintres qu’ait connus l’Algérie. Une biographie subissant les haltes des trois autoportraits que le peintre a exécutés en 1949, 1976 et 1985. Avec Kateb Yacine, Mouloud Mammeri, Iguebouchène, Mohia, Matoub, Aït Menguellet et d’autres artistes et hommes de lettres authentiques d’Algérie, M’hamed Issiakhem constitue un des piliers de la culture de notre pays. Il a, comme eux et dans un domaine particulier et nouveau par rapport à la culture traditionnelle, propulsé la Kabylie et l’Algérie dans la trajectoire de la culture universelle tout en gardant son barycentre dans les profondeurs de l’algérianité. L’homme universel est, comme en donna l’image Mammeri, cet individu qui a d’abord une place dans le microcosme local et qui, par l’expression des valeurs humaines les plus enfouies en chacun de nous, arrive à toucher l’homme là où il se trouve.
                        Issiakhem élève sa sensibilité au diapason des joies et des douleurs de l’homme. Avec son trait de crayon et son pinceau, il a complété, orné, sublimé et fait parler les poésies de Malek Haddad, les odes de Kateb Yacine et les strophes d’Aït Menguellet. Ses œuvre picturales fixent par ses formes figuratives ou semi-abstraites les sentiments, les idées et les métaphores véhiculées par ces poésies. Sa vie, comme ses personnages de peinture, est faite de souffrances, de méditations, de rébellion, mais aussi de fidélité et de lucidité sans pareilles.
                        M’hamed Issiakhem est né le 17 juin 1928 à Azeffoun. Il rejoint son père qui travaille dans un hammam à Relizane en 1931. à l’âge de six ans, il entre à l’école indigène de la ville. En 1943, alors qu’il n’avait que quinze ans, il vola une grenade dans un camp militaire américain lors du débarquement des Alliés en Algérie. La grenade lui explose entre les mains. Deux de ses sœurs et un neveu à lui furent tués par l’explosion, tandis que M’hamed sombrera dans le coma. Hospitalisé pendant deux ans, il subit plusieurs opérations d’amputation de son bras gauche.
                        M’hamed Issiakhem arrive à Alger en 1947. il s’inscrit d’abord à la Société des Beaux-Arts d’Alger, puis à l’École Normale des Beaux-Arts. Il y étudiera l’art jusqu’à 1951. Parallèlement à ses études, il prend des cours de miniature chez l’illustre artiste Omar Racim.
                        En 1951, Issiakhem rencontre Kateb Yacine à Alger et expose pour la première fois à Paris dans la galerie André-Maurice à l’occasion de la fête du bimillénaire de Paris. Deux ans plus tard, il entre comme élève à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris. Il est affecté aux ateliers de Legeult pour ce qui est de la peinture et aux ateliers Boerg pour ce qui relève de la gravure. Lors du Festival mondial de la jeunesse et des étudiants qui eut lieu à Varsovie en 1955, Issiakhem participe aux expositions de peinture par son œuvre intitulée Le Cireur, représentant l’Algérie en lutte. En 1958, lors du procès de la militante Djamila Bouhired, il illustre le thème de la torture dans la revue “Entretiens” par des dessins et des gravures de haute facture. Après un bref passage par l’ex-RFA, il s’installera en RDA. Là, il expose dans la ville de Leipzig ses œuvres en 1959. Deux ans plus tard, il revient à Paris pour exposer au club des Quatre-Vents.
                        Il obtint en 1962 une bourse à Madrid - La Casa Velázquez -, mais il préféra rentrer en Algérie qui venait d’avoir son Indépendance. Dessinateur à Alger-Républicain, il sera l’un des membres fondateurs de l’“Union nationale des Arts plastiques”. Dans une exposition collective à la salle Ibn Khaldoun en 1963, il exposera ses œuvres picturales et ses gravures, comme il exposera ses productions, une année plus tard, lors du 1er Salon de l’UNAP à Alger. La même année, Issiakhem se retrouvera chef d’atelier à l’École nationale d’Architecture et des Beaux-Arts d’Alger et directeur de l’École des Beaux-Arts d’Oran jusqu’à 1966. C’est lui qui a exécuté les décors du film Poussières de juillet, un court métrage produit en 1967 et primé au Caire et à Prague. Lors du Festival Panafricain d’Alger (juillet 1969), Issiakhem participe à l’exposition collective. La même année, il expose ses œuvres à Sofia (Bulgarie). En 1972, il voyage au Vietnam. Notre artiste est aussi connu pour la touche personnelle qu’il a apportée à des timbres-poste qu’il a réalisés pendant les années 70 mais aussi pour les maquettes qu’il a confectionnées pour les billets de banque algériens, les dessins de presse et les affiches. Il séjournera à Moscou en 1978. En 1980, Issiakhem reçoit le 1er Simba d’or (Lion d’or) de Rome, distinction de l’Unesco pour l’art africain. Il exposera en 1982 à l’hôtel Aurassi et, en 1983, il participera à une grande exposion collective à Sofia (Bulgarie) et à une autre à Alger.

                        "Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien."
                        Socrate.

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                        • #13
                          Suite.

                          Une année avant sa mort, il a exposé ses œuvres au Centre culturel italien d’Alger, à la Galerie Xenia et au Musée national des Beaux-Arts d’Alger. La dernière manifestation culturelle qui marquera la carrière d’Issiakhem, c’était une exposition individuelle, en juillet 1985, au musée de Sidi Boussaïd (Tunisie). Il meurt le 1er décembre au matin.
                          Le regard inquiet de “l’œil” de lynx’’

                          M’hamed Issiakhem s’est investi pendant toute sa vie dans un art vigoureux et de haute voltige. Les distinctions qu’il a obtenues à l’étranger ne sont pas de simples breloques de plaisance. Son art exprime par les traits, les galbes, les contours et les entortillements les profondeurs abyssales de l’être humain qui vont de la simple mélancolie aux douleurs de la géhenne en passant par les attitudes de méditations, d’abattement, d’interrogations et supplice terrestres. Malheureusement, l’art plastique (peinture, sculpture, gravure) en Algérie n’a pas bénéficié de la pédagogie qui lui aurait permis d’étendre sa grâce aux franges les plus larges de la société. Ayant pris connaissance de cet état de fait, Issiakhem n’a jamais été découragé ou freiné dans son élan. Il est un artiste complet. Son art est le prolongement naturel de sa personnalité complexe, fougueuse et rebelle à l’image de son ami intime Kateb Yacine. À l’occasion de sa mort en décembre 1985, le magazine Actualités de l’Émigration écrivait : «Sa personnalité en elle-même était un chef-d’œuvre». Effectivement, elle soulevait les passions, elle suscitait la critique, alimentait la polémique et forçait le respect. En tout cas, elle ne pouvait laisser indifférent. Kateb Yacine, en décelant chez lui une grande perspicacité, l’appelait “œil de lynx’’. D’un caractère taillé dans le roc, il était exigent avec lui-même. Il produira des œuvres de grande valeur esthétique et morale, une forme de poésie des cimaises qui rejoint l’art majeur et la littérature en universelle par sa portée et ses interrogations. Se rapprochant à première vue du semi-figuratif, la peinture d’Issiakhem laisse voir ses traits principaux qui font d’elle plutôt un art figuratif mais avec les estompages et les non-dits qui font parfois planer un mystère poétique sur le dessin ou la toile. On lit chez lui le souci de la recherche savante à la manière d’Henri Matisse, Paul Klee et Picasso. Le chroniqueur d’Actualités de l’Émigration pense que dans l’œuvre d’Issiakhem, «l’élan vers l’idéal devient une confession : l’expression d’une lancinante inquiétude de l’esprit que l’artiste a toujours exorcisée (…) La forte intensité des compositions et l’usage des coloris comme moyen d’expression d’un contenu émotionnel relèvent la présence personnelle du tragique et de l’informe». Quelque part, par ses performances plastiques, il touche aux thèmes du tragique et de l’absurde abondamment traités par la littérature (Kafka, Sartre, Camus). «Le monde est absurde. Le philosophe et l’artiste en ont conscience. Le véritable univers est à la fois un univers unique (non pas double) et faux, cruel, contradictoire, trompeur, absurde : c’est contre cette négation d’univers que lutte l’homme en créant un univers superposé, fictif», soutient la critique d’art Angèle Kremer-Marietti.
                          Percer le mystère qui loge au fond de l’homme
                          M’hamed Issiakhem a été un soleil dans le halo duquel prenaient place des amis et des convives, des complices ou des comparses. Kateb Yacine, Mohamed Saïd Ziad, Malek Haddad, Benamar Médiène, autant de noms prestigieux qui se sont plusieurs fois réunis et épuisés en discussions, en franches rigolades, se donnant volontiers au jeu de photos.
                          Benamar Médiène, sociologue à l’université d’Oran et grand ami de l’artiste, écrit dans Parcours maghrébins (1989) : «Il faut écouter Issiakhem, l’écouter cassant l’ordre des paroles calibrées, briser le cercle des fuites, écouter nos corps dans leurs plus profonds tremblements, nous écouter enfin, vivre (…) Il dit avoir peint le même tableau. Entendons les mêmes hallucinations, les mêmes tensions. Issiakhem refuse dans sa peinture comme dans sa vie la servitude et le mimétisme. Il refuse d’être un monteur de spectacle sur chevalet ou un metteur en scène d’allégories usées (…). Avec Issiakhem, la peinture algérienne enjambe déjà les exotismes et les territoires périphériques. Accès à l’universalité. Iconoclaste furieux, il est le prédateur de ses propres fantômes pour percer un bout de mystère qui loge au fond de l’être. Comme Bacon, il s’acharne à vouloir peindre un cri, un silence, une dérision, un péril inconnu. Il s’acharne à vouloir trouver un fond commun, des mots, des couleurs, des lignes, des sons, des idées, des émotions… à vouloir parler d’une universalité dont il apprenait la poésie, la musique et la philosophie dans les arcanes débridées de la vie. Par la peinture, il voulait parler aux hommes de cette universalité en les étonnant. Sa rencontre avec Kateb Yacine ouvre en Algérie un champ jusque-là en jachère où la peinture et la littérature vont se parler et s’enflammer l’une pour l’autre. “Femme sur poème’’, une des dernières peintures d’Issiakhem, scelle la complicité. Calligraphie brute du poème par Kateb sur la toile. Issiakhem et Kateb réconcilient la ligne et la couleur à la lettre». L’autre ami d’Issiakhem, d’une attachante fidélité et d’un sens du détail inouï, était Mohamed Saïd Ziad, un enfant de Djamaâ n’Saharidj.
                          Dans un hommage à Issiakhem, (le journal Le Pays du 30 novembre 1994), nous noie dans des anecdotes et des scènes aussi savoureuse et aussi truculentes les une que les autres. C’est un véritable chef-d’œuvre de fidélité, de mémoire, d’attachement et de complicité intellectuelle. Nous retiendrons de lui la dernière partie : «L’une des toutes dernières fois où je le revis, ce fut lors du tournage du documentaire que lui avait consacré Sahraoui avec pour fond musical “Ayagu !” d’Aït Menguellet. Un signe précurseur : l’introduction de la langue amazigh dans le cinéma algérien comme, son ami Kateb avait imposé le nom Amazighe dans notre état civil, quelques années avant lui, ceci avec la complicité d’un employé de l’état civil de Bougaâ où Yacine avait passé de longues années, son père y ayant exercé la profession de cadi. Bien que réduit à l’état de squelette, ceci ne l’empêchait pas de faire de nombreuse virées en ville où il ne se gênait pas de prendre un verre comme au bon vieux temps. Le verre n’était guère altéré. Pensait-il déjà à la mort ? Une fois, tandis que ses enfants étaient près de lui, je vis des larmes perler mais qu’il sut effacer discrètement. Ce fut la dernière image que je garde de lui».
                          Amar Naït Messaoud
                          "Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien."
                          Socrate.

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