François Fillon dans une interview a EL KHABAR :
Les entreprises et les ressortissants français doivent rester en Algérie
Nous sommes favorables à des contrats énergétiques à moyen et long termes / La France attache une grande importance au rôle de l’Algérie au sein de l’UPM
Le premier ministre français estime que la visite d’état du président Sarkozy en décembre dernier a redynamisé les relations entre l’Algérie et la France, Fillon affirme, par ailleurs, dans l’interview accordée a EL KHABAR, que la situation sécuritaire ne nécessite pas le rapatriement des ressortissants français en Algérie, et que les entreprises, les ressortissants peuvent et doivent rester en Algérie, et qu’il n’est pas question de rapatriement. Concernant les questions de mémoire, M Fillon indique que la France a reconnu sa responsabilité, et que "Cette reconnaissance des fautes passées, nous la devions aux Algériens qui ont souffert du système colonial"a t –il a jouté.
El Khabar : Monsieur le Premier ministre, ces dernières semaines plusieurs ministres français, dont le chef de la diplomatie, M. Bernard Kouchner ont visité l’Algérie. Est-ce le signe d’une coopération qui se renforce entre les deux pays ou plutôt l’expression d’un certain malaise ? Et quelle évaluation faites vous des relations bilatérales une année après l’arrivée de M. Sarkozy au pouvoir ?
M. Fillon : C’est bien le signe que nous souhaitons construire avec l’Algérie une relation durable, confiante, d’exception. Ma visite est la première d’un chef de Gouvernement français depuis 1986. Ce n’est pas un hasard. Elle vient clôre en effet un cycle de visites bilatérales très intense, et je peux vous le dire unique. Je remercie les autorités algériennes, le président Bouteflika mais aussi le Chef du Gouvernement M. Belkhadem, pour l’accueil tout à fait exceptionnel qu’ils ont réservé à chacun des membres du Gouvernement. Ces visites se sont traduites par des signatures d’accord, comme lors de la visite de Michèle Alliot-Marie, sur la protection civile, ou de Monsieur Djoudi à Paris qui a permis de mettre un terme au contentieux sur les assurances. Les échanges qu’a eus Jean-Louis Borloo avec M. Khelil et M. Rahmani ont été de grande valeur pour nous, car nous estimons être confrontés aux mêmes défis. Nous avons besoin de l’Algérie pour les relever, comme je crois que l’Algérie a besoin de la France. Anne-Marie Idrac est récemment venue pour encourager les entreprises françaises dans leurs investissements ici à l’occasion de la Foire Internationale d’Alger, et Fadela Amara a pu discuter de l’expérience algérienne en matière d’urbanisme et d’habitat, au-delà je sais de la fierté qu’elle avait à revenir sur une terre à laquelle elle est attachée.
Après la visite d’Etat du président de la République qui a redynamisé notre relation, je souhaite aujourd’hui redire aux autorités algériennes qu’elles peuvent compter sur la France. Oui, la France et l’Algérie ont un avenir commun. Elles doivent se tourner vers l’avenir, en faisant les efforts nécessaires de part et d’autre pour regarder le passé en face. Le Président de la République a reconnu le caractère injuste du système colonial ainsi que les souffrances qu’il a engendrées. L’ambassadeur Bajolet a, au nom des autorités françaises, reconnu la responsabilité de la France dans les massacres du 8 mai 1945.
El Khabar : Les investissements directs français en Algérie sont toujours faibles par rapport aux échanges commerciaux (la France est le premier fournisseur de l’Algérie) . A quoi est dûe cette réticence ou ce manque d’audace ? Sont-ils liés au “risque pays” ? A la bureaucratie ? Ou existe-t-il d’autres raisons qui bloquent l’engagement des investisseurs français ?
M. Fillon : Je tiens à saluer les entreprises françaises qui font le choix de l'Algérie: plus de 300 entreprises, parmi les plus grandes, sont présentes et investissent beaucoup en Algérie : entre 200 et 300 millions d’euros par an ! Elles ont permis la création de près de 30 000 emplois directs, et leur engagement nous permet d'être aujourd'hui le premier investisseur hors hydrocarbures et le premier partenaire commercial de l'Algérie. Concrètement, cela veut dire que les entreprises françaises profitent aux travailleurs et aux consommateurs algériens.
Mais nous pourrions faire plus et mieux encore. Le développement de nos relations économiques passe par les PME qui créent ici de l'emploi et des richesses. Nous devons reconnaître certaines difficultés que rencontrent aussi les entreprises françaises pour venir s’installer en Algérie. L’accès au foncier est complexe, c’est vrai. Il y a certainement des lourdeurs administratives - nous les réduisons nous-mêmes en France ! Les entreprises, et les PME particulièrement, ont des choses à nous apprendre en la matière. Ecoutons-les.
El Khabar : La France craint-elle la forte concurrence des pays asiatiques et arabes en Algérie et au Maghreb ? Ou est-on convaincu, à Paris, que la France a une longueur d’avance sur les autres concurrents dans la région, et donc, il n’y a pas lieu de s’inquiéter ?
M. Fillon : Notre relation économique est exceptionnelle mais nous avons pleinement conscience que notre position n'est pas acquise. L'Algérie est un pays indépendant, qui décide librement et nous respectons ses décisions. Dans ce contexte, les entreprises françaises partent à égalité avec les autres. Mais nous n'avons pas à avoir peur de la concurrence, asiatique ou autre. Nos entreprises ont l’avantage de bien connaître le marché algérien, où elles sont implantées, pour certaines d’entre elles, depuis très longtemps. Elles savent que leur succès dépend de leur adaptation à ce marché, pour lequel la formation technique, notamment, est un élément déterminant. Je n’ai aucun doute sur la volonté des entreprises françaises de conserver la place qu’elles occupent aujourd’hui.
El Khabar : La coopération entre la France et l’Algérie dans le domaine de la sécurité et du renseignement paraît parfaite. C’est du moins ce qu’a déclaré Mme Michelle Alliot-Marie, ministre de l’Intérieur, lors de sa visite en Algérie. Quels sont les principaux points de cette coopération et quelles en sont les perspectives ?
M. Fillon : Le développement de notre coopération bilatérale est l’un des piliers du « partenariat d’exception » souhaité par nos deux Présidents. Il s’appuie notamment sur la Convention de partenariat signée à l’occasion de la visite d’Etat du président Sarkozy, en décembre dernier. Dans ce texte, qui fixe les grands axes de notre coopération, nous avons introduit un volet sur la coopération dans le domaine de la sécurité, qui est évidemment primordial, pour la France comme pour l’Algérie.
Ce cadre juridique a permis de multiplier les initiatives: l’Algérie est aujourd’hui le pays avec lequel la police et la gendarmerie françaises ont le plus d’échanges en termes de coopération technique. Cette coopération répond à deux priorités fixées par les autorités algériennes : le développement de la formation, et la lutte contre le terrorisme et le crime organisé.
Les entreprises et les ressortissants français doivent rester en Algérie
Nous sommes favorables à des contrats énergétiques à moyen et long termes / La France attache une grande importance au rôle de l’Algérie au sein de l’UPM
Le premier ministre français estime que la visite d’état du président Sarkozy en décembre dernier a redynamisé les relations entre l’Algérie et la France, Fillon affirme, par ailleurs, dans l’interview accordée a EL KHABAR, que la situation sécuritaire ne nécessite pas le rapatriement des ressortissants français en Algérie, et que les entreprises, les ressortissants peuvent et doivent rester en Algérie, et qu’il n’est pas question de rapatriement. Concernant les questions de mémoire, M Fillon indique que la France a reconnu sa responsabilité, et que "Cette reconnaissance des fautes passées, nous la devions aux Algériens qui ont souffert du système colonial"a t –il a jouté.
El Khabar : Monsieur le Premier ministre, ces dernières semaines plusieurs ministres français, dont le chef de la diplomatie, M. Bernard Kouchner ont visité l’Algérie. Est-ce le signe d’une coopération qui se renforce entre les deux pays ou plutôt l’expression d’un certain malaise ? Et quelle évaluation faites vous des relations bilatérales une année après l’arrivée de M. Sarkozy au pouvoir ?
M. Fillon : C’est bien le signe que nous souhaitons construire avec l’Algérie une relation durable, confiante, d’exception. Ma visite est la première d’un chef de Gouvernement français depuis 1986. Ce n’est pas un hasard. Elle vient clôre en effet un cycle de visites bilatérales très intense, et je peux vous le dire unique. Je remercie les autorités algériennes, le président Bouteflika mais aussi le Chef du Gouvernement M. Belkhadem, pour l’accueil tout à fait exceptionnel qu’ils ont réservé à chacun des membres du Gouvernement. Ces visites se sont traduites par des signatures d’accord, comme lors de la visite de Michèle Alliot-Marie, sur la protection civile, ou de Monsieur Djoudi à Paris qui a permis de mettre un terme au contentieux sur les assurances. Les échanges qu’a eus Jean-Louis Borloo avec M. Khelil et M. Rahmani ont été de grande valeur pour nous, car nous estimons être confrontés aux mêmes défis. Nous avons besoin de l’Algérie pour les relever, comme je crois que l’Algérie a besoin de la France. Anne-Marie Idrac est récemment venue pour encourager les entreprises françaises dans leurs investissements ici à l’occasion de la Foire Internationale d’Alger, et Fadela Amara a pu discuter de l’expérience algérienne en matière d’urbanisme et d’habitat, au-delà je sais de la fierté qu’elle avait à revenir sur une terre à laquelle elle est attachée.
Après la visite d’Etat du président de la République qui a redynamisé notre relation, je souhaite aujourd’hui redire aux autorités algériennes qu’elles peuvent compter sur la France. Oui, la France et l’Algérie ont un avenir commun. Elles doivent se tourner vers l’avenir, en faisant les efforts nécessaires de part et d’autre pour regarder le passé en face. Le Président de la République a reconnu le caractère injuste du système colonial ainsi que les souffrances qu’il a engendrées. L’ambassadeur Bajolet a, au nom des autorités françaises, reconnu la responsabilité de la France dans les massacres du 8 mai 1945.
El Khabar : Les investissements directs français en Algérie sont toujours faibles par rapport aux échanges commerciaux (la France est le premier fournisseur de l’Algérie) . A quoi est dûe cette réticence ou ce manque d’audace ? Sont-ils liés au “risque pays” ? A la bureaucratie ? Ou existe-t-il d’autres raisons qui bloquent l’engagement des investisseurs français ?
M. Fillon : Je tiens à saluer les entreprises françaises qui font le choix de l'Algérie: plus de 300 entreprises, parmi les plus grandes, sont présentes et investissent beaucoup en Algérie : entre 200 et 300 millions d’euros par an ! Elles ont permis la création de près de 30 000 emplois directs, et leur engagement nous permet d'être aujourd'hui le premier investisseur hors hydrocarbures et le premier partenaire commercial de l'Algérie. Concrètement, cela veut dire que les entreprises françaises profitent aux travailleurs et aux consommateurs algériens.
Mais nous pourrions faire plus et mieux encore. Le développement de nos relations économiques passe par les PME qui créent ici de l'emploi et des richesses. Nous devons reconnaître certaines difficultés que rencontrent aussi les entreprises françaises pour venir s’installer en Algérie. L’accès au foncier est complexe, c’est vrai. Il y a certainement des lourdeurs administratives - nous les réduisons nous-mêmes en France ! Les entreprises, et les PME particulièrement, ont des choses à nous apprendre en la matière. Ecoutons-les.
El Khabar : La France craint-elle la forte concurrence des pays asiatiques et arabes en Algérie et au Maghreb ? Ou est-on convaincu, à Paris, que la France a une longueur d’avance sur les autres concurrents dans la région, et donc, il n’y a pas lieu de s’inquiéter ?
M. Fillon : Notre relation économique est exceptionnelle mais nous avons pleinement conscience que notre position n'est pas acquise. L'Algérie est un pays indépendant, qui décide librement et nous respectons ses décisions. Dans ce contexte, les entreprises françaises partent à égalité avec les autres. Mais nous n'avons pas à avoir peur de la concurrence, asiatique ou autre. Nos entreprises ont l’avantage de bien connaître le marché algérien, où elles sont implantées, pour certaines d’entre elles, depuis très longtemps. Elles savent que leur succès dépend de leur adaptation à ce marché, pour lequel la formation technique, notamment, est un élément déterminant. Je n’ai aucun doute sur la volonté des entreprises françaises de conserver la place qu’elles occupent aujourd’hui.
El Khabar : La coopération entre la France et l’Algérie dans le domaine de la sécurité et du renseignement paraît parfaite. C’est du moins ce qu’a déclaré Mme Michelle Alliot-Marie, ministre de l’Intérieur, lors de sa visite en Algérie. Quels sont les principaux points de cette coopération et quelles en sont les perspectives ?
M. Fillon : Le développement de notre coopération bilatérale est l’un des piliers du « partenariat d’exception » souhaité par nos deux Présidents. Il s’appuie notamment sur la Convention de partenariat signée à l’occasion de la visite d’Etat du président Sarkozy, en décembre dernier. Dans ce texte, qui fixe les grands axes de notre coopération, nous avons introduit un volet sur la coopération dans le domaine de la sécurité, qui est évidemment primordial, pour la France comme pour l’Algérie.
Ce cadre juridique a permis de multiplier les initiatives: l’Algérie est aujourd’hui le pays avec lequel la police et la gendarmerie françaises ont le plus d’échanges en termes de coopération technique. Cette coopération répond à deux priorités fixées par les autorités algériennes : le développement de la formation, et la lutte contre le terrorisme et le crime organisé.
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