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Analyse des émeutes de Sidi Ifni au Maroc

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  • Analyse des émeutes de Sidi Ifni au Maroc

    Les affrontements entre les forces de l’ordre et des manifestants à Sidi Ifni au Maroc ont été l’occasion d’une bataille médiatique entre les autorités et les militants de la ville. Les uns minimisant la brutalité policière, les autres annonçant des morts.

    “La police a interpellé 75 personnes dont 2 manifestants trouvés en possession d’un fusil de chasse, de cartouches et d’une hache”, insiste une source sécuritaire. Une semaine après l’intervention très musclée


    Plus de 8000 membres des forces
    de l’ordre ont été mobilisés pour
    prendre d’assaut la ville.
    (AIC PRES
    )

    des forces de l’ordre pour déloger les chômeurs qui bloquaient, depuis le 30 mai dernier, le port de Sidi Ifni (200 km au sud d’Agadir), les évènements qui ont secoué la ville sont passés du stade de la violence à la guerre de l’info et de la désinformation. RAS pour les autorités qui ont tout de même mobilisé plus de 8000 membres des forces de l’ordre pour prendre d’assaut la ville. Se voulant rassurantes, elles insistent sur “l’anarchie” qui régnait à Sidi Ifni avant l’entrée en lice de la police et des Forces auxiliaires, ainsi que sur le retour au calme et la reprise de l’activité portuaire, épine dorsale de l’économie locale. Par contre, c’est toujours l’état d’urgence pour les militants associatifs locaux qui dénoncent “les passages à tabac, les violations de domicile et l’utilisation de balles en caoutchouc” pour mettre au pas Sidi Ifni. “Le retour au calme est artificiel. Les chauffeurs de taxi ont repris le travail sous la menace. Des barrages quadrillent la ville et la police recherche toujours les militants locaux”, tempeste ainsi Issam Mohamed, membre du syndicat UNTM (proche du PJD) des taxis locaux. En fuite, il a trouvé refuge dans les montagnes entourant Sidi Ifni, comme de nombreux autres acteurs associatifs qui dénoncent une intervention ciblée. “Les forces de l’ordre avaient une liste de noms des gens à appréhender”, dénonce Issam Mohamed. Dans le collimateur, selon un autre militant local, les membres du secrétariat “Sidi Ifni Aït Baâmrane”, une auberge espagnole qui regroupe des associations de développement, des syndicalistes et des militants des droits de l’homme. C’est ainsi que Mohamed El Oudahani, président de l’entité, a été arrêté avec d’autres membres du secrétariat.

    Surenchère et propagande
    Depuis sa création, le conglomérat associatif a cristallisé les revendications des habitants et dénoncé l’abandon économique de Sidi Ifni et le chômage endémique qui y règne. Il est ainsi derrière toutes les formes de protestation qui ont ponctué la vie sociale de Sidi Ifni depuis 2005. Avant les évènements de la semaine dernière, le secrétariat avait organisé plusieurs marches, le boycott des festivités marquant le retour de la ville à la “mère-patrie” et lancé un appel à l’abstention lors des élections de septembre dernier. Dans cette région célèbre pour sa résistance au protectorat, revêche depuis toujours à l’autorité, le combat de “Sidi Ifni Aït Baâmrane” s’est déplacé sur le plan médiatique. Extrapolant à partir de la violence des forces de l’ordre, plusieurs voix en son sein ont dénoncé des viols et des morts dus à l’intervention de la police, samedi 7 juin. “Nous avons été bombardés de fax et de coups de téléphone de sources à Sidi Ifni nous annonçant qu’il y avait eu des décès”, témoigne un journaliste de la rédaction marocaine d’Al Jazeera, qui a annoncé sur son antenne 8 à 10 morts, le jour même de l’intervention des forces de l’ordre. Depuis, ces voix discordantes se font mezzo voce, parlant désormais aux médias de disparitions. Mais rien n’y fait, l’Etat a décidé de faire toute la lumière sur l’origine de l’information. “Une instruction judiciaire est ouverte pour remonter à la source de la fausse nouvelle diffusée par Al Jazeera”, nous a déclaré le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Khalid Naciri. Enfourchant sa double casquette, il a dénoncé des “chiffres absolument fantaisistes” qui sont la marque d’un “manquement à l’éthique professionnelle”, avant de se “poser des questions sur le comportement” d’Al Jazeera à l’égard du Maroc. Ses propos, rapportés par la MAP, ont ponctué une semaine de réponses officielles distillées dans Le Matin du Sahara, TVM et 2M.

    Carton rouge pour Al Jazeera
    Allumé en urgence, le contre-feu médiatique avait pour but d’éteindre celui allumé par Al Jazeera. Pièce à charge contre la chaîne qatarie présentée par les autorités, le communiqué officiel tombé samedi dernier démentant la mort de manifestants à Sidi Ifni. On a reproché à Al Jazeera de ne pas en avoir tenu compte dans son recoupement de l’information. “Nous avons annoncé la nouvelle sur la base de plusieurs témoins locaux qui nous ont contactés. Le communiqué officiel n’était pas encore publié”, se défend un journaliste de la chaîne qatarie. Toujours selon lui, la seule version contradictoire des faits, au moment de la prise d’antenne, était celle d’une source officielle jointe au téléphone, démentant qu’il y a eu des morts. La rédaction n’en a pas fait part aux téléspectateurs, une simple “faute d’inattention”, se justifie- t-on du côté de la chaîne, qui a par contre diffusé en bandeau télévisé le démenti officiel quand il est tombé dans les rédactions. C’est de la “mauvaise foi”, accusent des voix officielles. Samedi dernier, le directeur du bureau d’Al Jazeera au Maroc, Hassan Rachidi, a été entendu trois heures par la police judiciaire sur ordre du parquet de Rabat. Le journaliste a été interrogé sur “l’intention de nuire d’Al Jazeera”, selon une source policière. Du côté de la chaîne, on se défend d’avoir une dent contre le Maroc en retournant l’argument de la mauvaise foi : “Des télés espagnoles et des agences de presse ont relayé l’information sur les morts de Sidi Ifni sans être inquiétées. Nous avons le sentiment d’être la cible privilégiée de l’Etat marocain”, argumente un journaliste d’Al Jazeera. La cible d’un tir aux fléchettes qui aurait commencé le 6 mai dernier, quand la chaîne qatarie a été interdite de diffuser depuis Rabat son “Journal du Maghreb”.

    tel quel
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