Etre Hallab (Hallaba au pluriel), est un travail lucratif, qui consiste à acheminer du carburant vers le Maroc au moyen de jerricans chargés à dos d'âne, mais expose ses pratiquants à payer par de la prison cette activité, illégale à plus d'un titre.
Ce « commerce » d'un nouveau genre auquel s'adonnent les jeunes de la région de Maghnia, le long de la bande frontalière, de Marsa Ben M'Hidi à Sebdou, a pris une telle ampleur que les autorités sont sur le pied de guerre pour l'éradiquer.
L'école n'a pas pu retenir sur les bancs de classe certains écoliers de la région qui, voyant leurs aînés activer dans ce genre de pratiques, se mettent de la partie pour se former dans la profession.
Le premier rêve est d'avoir son propre âne, ses jerricans pour «traire» (d'où le mot hallab) comme font les adultes oisifs et quelques fonctionnaires pour arrondir des fins de mois pénibles. Le projet est donc de quitter l'école, de se procurer un âne, remplir le jerrican, avec, au bout du rêve, la consécration, une R25 comme ultime investissement pour traire les pompes des stations d'essence.
Mais si les voitures prennent d'assaut toute source de mazout et sillonnent inlassablement et à grande vitesse les routes jusqu'aux pistes frontalières, les ânes comme leurs conducteurs n'apparaissent que le soir.
Toute une faune hante les nuits de la frontière algéromarocaine. Toutes sortes de trafics y sont pratiqués.A la moindre erreur d'appréciation, c'est la prison qui viendra mettre un terme à ces pratiques insensées qui ruinent l'économie algérienne.
En l'absence de perspectives d'emploi dans cette zone, la construction de maisons particulières au détriment de l'économie, a remplacé le manque d'investissements et l'oisiveté a amené la population à dévaliser le marché local de produits en tous genres pour les faire passer de l'autre côté de la frontière et satisfaire la demande locale de produits «de là-bas».
De cette activité illégale, de somptueuses villas ont poussé comme des champignons dans la région de Maghnia. Les mkhaznia veillent au grain, taxent les marchandises et les passagers sont comptés tête par tête comme des animaux.
Chaque personne est taxée à 80 dirhams. Les douaniers marocains adorent ce chassé-croisé aux ressources inépuisables puisque les mêmes têtes seront refoulées souvent avec d'autres en Algérie, et ainsi de suite.
Quant au trafiquant ou contrebandier qui réussit à tromper la vigilance des gardes-frontières (GGF), il y a un autre « rideau de fer » qui doit également être franchi. Les unités de gendarmerie relevant du groupement de Tlemcen font, de leur côté, obstacle à ces phénomènes à travers des barrages fixes et des patrouilles incessantes que le premier responsable du groupement inspecte régulièrement. Les éléments de ces unités sont derrière toutes les saisies hors périmètres frontaliers.
«MOUQATILA», LE 4X4 DES TRAFIQUANTS
La nuit, il y a un engin roulant sur quatre roues qui n'a peur d'aucune piste, on l'appelle «mouqatila».
C'est une voiture nue, d'un aspect peu courant, paraissant inutilisable, en panne, avec pour carrosserie un tas de ferraille qui l'enveloppe, défoncé en plusieurs endroits, sans feux, ni châssis, ni immatriculation et aucun document évidemment. Seuls le moteur, l'accélérateur et les freins fonctionnent et cela suffit amplement pour foncer sur les pistes accidentées de la frontière algéro-marocaine, des sentiers peu arpentés par les GGF, ce qui facilite la tâche aux contrebandiers.
Conduite généralement par un chauffeur « aguerri à ce genre de cascades, uniques du genre, ce véhicule fonce tel un char d'assaut, écrasant tout sur son passage. Tel un animal métallique, comme ceux configurés sur les spots publicitaires louant les mérites de tel ou tel autre tout-terrain, celui-ci ne roule que de nuit, traversant la frontière par de sinueuses et abruptes pistes, défiant même les tout-terrain des gardes-frontières.
Au cas où le chauffeur serait coincé, il l'abandonne et se «tire» à pied. Les barrages fixes ne lui font pas peur, il défonce tout sur son passage, à grande vitesse. Cet engin de la mort est utilisé particulièrement pour le trafic de drogue. Ainsi équipé, le trafiquant limite les risques de se faire prendre. Les trafiquants de véhicules utilisent souvent les mêmes pistes et procédés.
Il aura fallu une course-poursuite et le recours à des tirs de sommation pour immobiliser une Renault Scenic volée, qui a franchi la frontière au début de la semaine passée. Le chauffeur a réussi à prendre la fuite et rebrousser chemin vers le Maroc.
80 DIRHAMS, UNE TÊTE DE CLANDESTIN
L'immigration clandestine se concentre dans la région de Maghnia ce qui dénote toute la détresse humaine de ceux qui la forment, transformée en un enjeu politique et fait l'objet d'un trafic très lucratif. En cette période estivale, sur les berges de l'oued Gorjy, particulièrement près de la ville frontalière, c’est l'endroit où les clandestins s'installent. Aujourd'hui, il est presque vide.
Quelques-uns sont encore installés dans des abris de fortune, mais une majorité a quitté les lieux. Quand il y a du travail, ils s'occupent pour ramasser de quoi payer les multiples «péages» et passeurs pour franchir les quelques kilomètres qui les séparent de l'Espagne.
Mais, ils ne sont pas arrivés au bout de leurs peines, à peine le sol marocain foulé, ils sont taxés individuellement par le premier mekhazni se trouvant à quelques mètres de la frontière. Une fois au Maroc, ils sont souvent vite repérés, parqués, délestés de leur argent et refoulés par groupes entiers vers Maghnia même si certains d'entre-eux n'ont pas transité par l'Algérie. Pour chaque «tête» refoulée, le Maroc est gratifié d'une subvention.
Ce « commerce » d'un nouveau genre auquel s'adonnent les jeunes de la région de Maghnia, le long de la bande frontalière, de Marsa Ben M'Hidi à Sebdou, a pris une telle ampleur que les autorités sont sur le pied de guerre pour l'éradiquer.
L'école n'a pas pu retenir sur les bancs de classe certains écoliers de la région qui, voyant leurs aînés activer dans ce genre de pratiques, se mettent de la partie pour se former dans la profession.
Le premier rêve est d'avoir son propre âne, ses jerricans pour «traire» (d'où le mot hallab) comme font les adultes oisifs et quelques fonctionnaires pour arrondir des fins de mois pénibles. Le projet est donc de quitter l'école, de se procurer un âne, remplir le jerrican, avec, au bout du rêve, la consécration, une R25 comme ultime investissement pour traire les pompes des stations d'essence.
Mais si les voitures prennent d'assaut toute source de mazout et sillonnent inlassablement et à grande vitesse les routes jusqu'aux pistes frontalières, les ânes comme leurs conducteurs n'apparaissent que le soir.
Toute une faune hante les nuits de la frontière algéromarocaine. Toutes sortes de trafics y sont pratiqués.A la moindre erreur d'appréciation, c'est la prison qui viendra mettre un terme à ces pratiques insensées qui ruinent l'économie algérienne.
En l'absence de perspectives d'emploi dans cette zone, la construction de maisons particulières au détriment de l'économie, a remplacé le manque d'investissements et l'oisiveté a amené la population à dévaliser le marché local de produits en tous genres pour les faire passer de l'autre côté de la frontière et satisfaire la demande locale de produits «de là-bas».
De cette activité illégale, de somptueuses villas ont poussé comme des champignons dans la région de Maghnia. Les mkhaznia veillent au grain, taxent les marchandises et les passagers sont comptés tête par tête comme des animaux.
Chaque personne est taxée à 80 dirhams. Les douaniers marocains adorent ce chassé-croisé aux ressources inépuisables puisque les mêmes têtes seront refoulées souvent avec d'autres en Algérie, et ainsi de suite.
Quant au trafiquant ou contrebandier qui réussit à tromper la vigilance des gardes-frontières (GGF), il y a un autre « rideau de fer » qui doit également être franchi. Les unités de gendarmerie relevant du groupement de Tlemcen font, de leur côté, obstacle à ces phénomènes à travers des barrages fixes et des patrouilles incessantes que le premier responsable du groupement inspecte régulièrement. Les éléments de ces unités sont derrière toutes les saisies hors périmètres frontaliers.
«MOUQATILA», LE 4X4 DES TRAFIQUANTS
La nuit, il y a un engin roulant sur quatre roues qui n'a peur d'aucune piste, on l'appelle «mouqatila».
C'est une voiture nue, d'un aspect peu courant, paraissant inutilisable, en panne, avec pour carrosserie un tas de ferraille qui l'enveloppe, défoncé en plusieurs endroits, sans feux, ni châssis, ni immatriculation et aucun document évidemment. Seuls le moteur, l'accélérateur et les freins fonctionnent et cela suffit amplement pour foncer sur les pistes accidentées de la frontière algéro-marocaine, des sentiers peu arpentés par les GGF, ce qui facilite la tâche aux contrebandiers.
Conduite généralement par un chauffeur « aguerri à ce genre de cascades, uniques du genre, ce véhicule fonce tel un char d'assaut, écrasant tout sur son passage. Tel un animal métallique, comme ceux configurés sur les spots publicitaires louant les mérites de tel ou tel autre tout-terrain, celui-ci ne roule que de nuit, traversant la frontière par de sinueuses et abruptes pistes, défiant même les tout-terrain des gardes-frontières.
Au cas où le chauffeur serait coincé, il l'abandonne et se «tire» à pied. Les barrages fixes ne lui font pas peur, il défonce tout sur son passage, à grande vitesse. Cet engin de la mort est utilisé particulièrement pour le trafic de drogue. Ainsi équipé, le trafiquant limite les risques de se faire prendre. Les trafiquants de véhicules utilisent souvent les mêmes pistes et procédés.
Il aura fallu une course-poursuite et le recours à des tirs de sommation pour immobiliser une Renault Scenic volée, qui a franchi la frontière au début de la semaine passée. Le chauffeur a réussi à prendre la fuite et rebrousser chemin vers le Maroc.
80 DIRHAMS, UNE TÊTE DE CLANDESTIN
L'immigration clandestine se concentre dans la région de Maghnia ce qui dénote toute la détresse humaine de ceux qui la forment, transformée en un enjeu politique et fait l'objet d'un trafic très lucratif. En cette période estivale, sur les berges de l'oued Gorjy, particulièrement près de la ville frontalière, c’est l'endroit où les clandestins s'installent. Aujourd'hui, il est presque vide.
Quelques-uns sont encore installés dans des abris de fortune, mais une majorité a quitté les lieux. Quand il y a du travail, ils s'occupent pour ramasser de quoi payer les multiples «péages» et passeurs pour franchir les quelques kilomètres qui les séparent de l'Espagne.
Mais, ils ne sont pas arrivés au bout de leurs peines, à peine le sol marocain foulé, ils sont taxés individuellement par le premier mekhazni se trouvant à quelques mètres de la frontière. Une fois au Maroc, ils sont souvent vite repérés, parqués, délestés de leur argent et refoulés par groupes entiers vers Maghnia même si certains d'entre-eux n'ont pas transité par l'Algérie. Pour chaque «tête» refoulée, le Maroc est gratifié d'une subvention.
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