Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Le contexte historique de l’émergence de Matoub Lounès

Réduire
Cette discussion est fermée.
X
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Le contexte historique de l’émergence de Matoub Lounès

    Le contexte historique de l’émergence de Matoub LounèsParcours, légende et destin d’un artiste particulier
    Le bouillonnement culturel et militant ayant caractérisé le combat pour l’amazigité au milieu des années 70 ne fut pas un coup de tonnerre dans un ciel serein.
    A la fin des années 60 et tout au long de la décennie qui suivra, une véritable renaissance culturelle s’est développée dans un système underground, en dehors des circuits administratifs, de la bureaucratie et de la censure du parti unique. Les cours informels de berbère assurés à l’université d’Alger par Mouloud Mammeri étaient assidûment suivis par des étudiants engagés dans le combat culturel ; ces cours seront brutalement interrompus par l’administration et la fougue de l’élite kabyle prit d’autres relais.
    Un point de ralliement sera consigné par Bessaoud Mohand Arab en fondant, avec des amis, l’Académie berbère de Paris. Autour de cette institution bénévole graviteront des étudiants, des chanteurs émigrés et de simples travailleurs. Des relais seront implantés en Algérie, particulièrement à Alger et en Kabylie, par l’intermédiaire d’étudiants, de lycéens et de certaines personnes plus ou moins instruites acquises à la cause de la défense de la culture berbère. Mohamed Haroun, étudiant au lycée technique de Dellys, sera un fervent et efficace ambassadeur de cette institution au niveau de la Kabylie.
    L’arbitraire du pouvoir avait interdit toute expression publique de la culture berbère : des élèves de lycées de Kabylie ont plusieurs fois été contraints de jouer des pièces de théâtre en arabe classique ; la télévision d’Etat ignorait complètement la dimension berbère de la culture algérienne en faisant l’impasse sur cette langue et en faisant un matraquage propagandiste sur et dans la langue arabe ; tous les signes qui renvoient à cette culture sont pourchassés, y compris par les forces de répression. La provocation alla jusqu’à programmer des chanteurs arabophones au cours d’une édition de la Fête des Cerises de Larbaâ Nath Irathène, ce qui entraîna de graves troubles et une féroce répression des populations.
    Cette attitude ségrégationniste avait, comme de bien entendu, renforcé la conviction des femmes et des hommes de culture, des lycéens et des étudiants, quant à la justesse du combat amazigh. Cela se traduisit par un travail encore plus profond et plus élargi de tous ceux qui, souvent avec des moyens dérisoires, s’étaient investis dans la culture.
    Loin de nous l’idée de procéder à un inventaire des œuvres et des personnalités qui allaient constituer le ferment de la lutte pour la culture berbère pendant les années qui ont précédé l’explosion d’Avril 1980 ; on ne peut cependant faire l’impasse sur certains hommes et certains symboles qui ont fini par faire corps avec la société : le chanteur et militant Ferhat Imazighen Imoula, Aït Menguellet, Ben Mohamed, Mohia, Slimane Azem, Mammeri, la JSK…
    C’est dans ce contexte que surgit une voix rocailleuse, porteuse de rébellion et d’espoir à la fois. Matoub Lounès agrégera dans son action et son travail artistique les plus-values culturelles de ses prédécesseurs en y apportant sa touche personnelle faite de fougue, de combativité exceptionnelles. On ne pourra jamais dresser une liste exhaustive pour une période qui a fait intervenir également des anonymes, des militants sans ‘’statut’’ particulier. En tout cas, chanteurs, écrivains, animateurs d’associations et de revues interdites, animateurs villageois, tous ont contribué, d’une manière ou d’une autre, à l’éveil de la conscience berbère en Kabylie.
    Même les organes officiels de l’Etat ont été investis, d’une manière subtile et intelligente, par les défenseurs de la démocratie et de la culture berbère ; nous faisons particulièrement allusion à la Radio d’expression kabyle, la Chaîne II, où ont pu s’exprimer des hommes et des femmes de grande valeur à l’image de Benmohamed, Boukhalfa, Hadjira Oulbachir, …etc. et à l’hebdomadaire “Algérie Actualités’’ où travaillaient des plumes prestigieuses comme Tahar Djaout, Abdelkrim Djaâd…qui ont pu éclairer l’opinion sur un certain nombre de sujets complexes liés à la culture.
    Il s’ensuivit alors un bouillonnement culturel sans précédent suite auquel la société kabyle a renoué avec les grands symboles de sa culture et de son histoire : Massinissa, Jugurtha, Juba, Jean et Taos Amrouche, Feraoun, Abane Ramdane, Krim Belkacem, etc. Presque tous ces symboles ont servi dans la chanson de Lounès pour illustrer le combat des ancêtres, tirer les leçons de erreurs du passé et tracer des voies nouvelles pour l’émancipation politique, sociale et culturelle de la jeunesse algérienne en général et kabyle en particulier.

    Une esthétique de la rébellion

    Trop rares sont les poèmes de Matoub Lounès où la vie privée du chanteur soit assez éloignée des thèmes majeurs qu’il a eu l’occasion de traiter dans sa courte mais exaltante vie. Au cours d’une carrière artistique qui s’étale sur environ vingt ans- et que seul son destin tragique a pu arrêter à Tala Bounane un certain 25 juin 1998-, Matoub a carrément bouleversé le cours de la chanson kabyle en lui apportant un souffle nouveau marqué par la fougue et le rythme de la jeunesse, l’esprit rebelle et une sensibilité à fleur de peau. Pourtant, en venant à la chanson, il n’a pas trouvé le terrain vierge. Au contraire, une génération post-Indépendance, pleine d’énergie et d’imagination, a pu s’imposer auprès d’un auditoire assoiffé des mots du terroir et des rythmes ancestraux, catégories artistiques niées et malmenées par la culture officielle imposée par le parti unique. Ainsi, Aït Menguellet, Ferhat Imazighène Imula et Idir ont pu se mettre au diapason des aspirations de la jeunesse de l’époque, et le cours des événements a fait d’eux- peut-être à leur corps défendant- des ‘’porte-paroles’’ attitrés d’une population déçue par l’ère de l’après-indépendance faite d’arbitraire, de népotisme, de négation des libertés et de l’identité berbère. C’est dans ce contexte, dont le début de maturation peut être situé aux alentours de 1977, année du double trophée de la JSK (Coupe d’Algérie et championnat) qui a vu une jeunesse kabyle enthousiaste et déchaînée cracher les quatre vérités au président du Conseil de la révolution présent sur le stade du 5 Juillet à Alger. Pour punir la région pour une telle ‘’indiscipline’’, le gouvernement rebaptisa la JSK du nom de la JET (Jeunesse électronique de Tizi Ouzou), sujet qui fera l’objet d’une chanson de Matoub.
    Sur ce terrain déjà abondamment fertilisé par une prise de conscience de plus en plus avancée, Matoub évoluera en apportant sa touche et son style personnels et qui se révéleront par la suite comme une véritable révolution dans la chanson kabyle en général.

  • #2
    10 ans aujourd'hui que Matoub Lounès a été assassiné sur ordre de ceux qu'il dérangeait tant car il portait la parole du peuple dans le monde entier. Ces chansons sont toujours d'actualité car il suffit de les écouter pour s'apercevoir que ce qu'il prévoyait est arrivé. Ils ont saigné l'Algérie, versé le sang des innocents et ils ne sont toujours pas punis...



    Pourquoi guetter quelque espoir, et nous en remettre à la patience

    Le montagnard ne gouvernera pas, fut-il savant et parmi les meilleurs

    Sur la main de l'injustice sont faites les boutures, sa récolte récolte de méfaits

    Ils ont sali le visage de nos ancêtres. Voyez, il est souillé, ranci.

    Ils ont greffé l'image de la religion et du panarabisme sur la face de l'Algérie

    Trahison, trahison, trahison



    Comme dans le conte vous êtes les portefaix, c'est la votre sort

    Si vous pensez qu'ils vous ouvriront leur porte, vous êtes bons a duper

    Car celui qui une fois goûte a la chair de perdrix n'en sera jamais rassasiée

    C'est pourquoi il nous faut partager notre pays, et créer notre état

    Afin qu' arrive un jour, mes frères,où l'Algérie se relève

    De la traîtrise, la traîtrise, la traîtrise !



    Ce ne fut pas seulement un qui planta ses griffes dans nos corps.

    Le mauvais qui décampe nous lègue ses déchets.

    En Algérie la fraternité est au plus mal, elle est atteinte en ses tréfonds.

    La vermine se répand pour encorner nos montagnes.

    Elle tarde à venir la prospérité qui la déchargera

    De la perfidie, la perfidie, la perfidie !



    Quand dominerait la faim et que nous serions fourbus, nous refusons de patienter

    Tant que naîtront les enfants de la probité, pas de soumission
    Quand nous serions davantage encore ébranlés, notre route restera inchangée.

    Que de sang a si longtemps coulé, nous n'avons pas déchu de la dignité des nôtres

    Par la noblesse de coeur,la probité et la sagesse, nous sauverons l'Algérie


    De l'imposture, l'imposture, l'imposture !
    Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

    Commentaire

    Chargement...
    X