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OMAR AL MOKHTAR: Le combattant de la foi

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  • OMAR AL MOKHTAR: Le combattant de la foi

    De simple personnage de l´histoire de la Cyrénaïque, il s´est transformé en symbole dans la culture arabe.
    "Les soldats italiens étaient convaincus qu´ils étaient la nation dominatrice investie d´une mission noble et civilisatrice. Les Italiens se devaient de remplir ce devoir humain, quel qu´en fût le prix. Il faut donc soumettre le peuple libyen de son plein gré au colonialisme italien ainsi qu´aux coutumes et aux lois de l´Italie. Si les Libyens ne se convainquent pas du bien-fondé de ce qui leur est proposé, alors les Italiens devront mener une lutte continuelle contre eux et pourront détruire tout le peuple libyen pour parvenir à la paix, la paix des cimetières... " Général italien Rodolfo Graziani (Vers le Fezzan)
    Dans la série les " Hommes illustres du Maghreb " et après avoir décrit les sacerdoces de l´Emir Abdelkader et de l´Emir Abdelkrim, il nous a paru important, en ces temps d´incertitude sur le devenir de ce Maghreb, de contribuer à une écriture apaisée et sereine de l´histoire de ce Maghreb qui nous tient à coeur. L es faits d´armes les faits culturels et l´engagement au nom de la foi et de la liberté sont tellement présents et connus qu´il n´est pas nécessaire de faire appel à des " mythes fondateurs " pour consolider une idée chancelante qui s´est bâtie, notamment en Europe, sur la négation des nations qui, à un moment de leur histoire ont connu le malheur de la nuit coloniale.
    De Omar El Mokhtar je ne me rappelle que d´une scène du film le Lion du Désert de Moustapha Akkad, avec Anthony Quinn: Omar El Mokhtar, alias Quinn, est sur le point d´être exécuté par les autorités italiennes. Il émet un dernier souhait: prier. Il pose ses lunettes, fait ses ablutions, fait sa prière, lentement, sûrement. On l´exécute. Le spectateur pleure. Un enfant ramasse les lunettes de ´Omar El Mokhtar, "J´ai la gorge serrée". Fin du film.

  • #2
    Les 3 raisons d’une conquête

    Omar El Mokhtar (1862-1931), surnommé "Cheikh des militants", est né en Libye à Zawia Janzour de la tribu arabe Al Abaidi de Mnifa. Omar El Mokhtar est le fils de Mokhtar Ben Omar et de Aïcha Bent Mohareb. Il n´avait que 16 ans quand il perdit son père, parti pour le pèlerinage. Il a grandi dans les mosquées des Senousseya. Pendant 8 ans, il suivit des cours de sciences islamiques à l´institut supérieur. Ses hautes qualités morales lui attirèrent l´admiration des cheikhs et la confiance de ses chefs. Il fut nommé en 1897, par El-Sayed El-Mahdi, cheikh de la mosquée Al-Okour.
    Pour l´Italie, la Libye était un objectif et un but pour les trois raisons suivantes:
    La Libye faisait partie de l´ancien Empire romain, et l´Italie cherchait à récupérer ses droits historiques. La nature des situations socio-économiques en Italie à l´issue de la révolution industrielle. L´état d´instabilité de la région et la préoccupation des autorités ottomanes par leurs problèmes intérieurs. L´Italie débuta son plan de colonisation en 1910 avec l´envoi d´une mission archéologique en Tripolitaine, dirigée par le Comte Sforza, et dont les buts annoncés étaient la quête de phosphate et des recherches archéologiques. Le royaume de Libye est issu d´une suite d´événements qui remontent au début du siècle pour un jour être unifié sous la gouverne de l´émir de la Sennousya. La Grande-Bretagne ayait joué un rôle fondamental dans le promotion de la confrérie Sanoussi. Après la Première Guerre mondiale, l´Italie est laissée libre de coloniser la Libye. Parmi les trois provinces, la Cyrénaïque opposa une grande résistance. On sait que Mohamed Idriss, chef de la confrérie, se réfugie au Caire. Pendant que ´Omar essaie de lutter en vain à partir du Djebel Akhdar.
    Flash-back: la Libye était le seul îlot ottoman d´Afrique du Nord à n´être pas encore tombé aux mains des envahisseurs. Le mépris affiché par les Italiens atteignit un tel stade qu´ils demandèrent à l´Empire ottoman de les aider à occuper la Libye, Ils fixèrent une durée de vingt-quatre heures pour la réponse à cet ultimatum. La Turquie chercha d´abord à calmer les esprits et demanda aux pays européens de servir d´intermédiaire entre l´Empire ottoman et l´Italie. Mais ces pays, tous des puissances colonialistes qui attendaient de se partager la succession du vieil homme malade de l´Europe, l´empire ottoman, déclarèrent qu´ils préféraient rester neutres dans ce conflit. Le 29 septembre 1911, l´Italie déclara la guerre à l´Empire ottoman. Le lendemain, sa flotte maritime voguait au large des côtes libyennes, en face de Tripoli. La ville fut assiégée pendant trois jours, au cours desquels elle fut bombardée sans relâche, jusqu´à sa chute le 4 octobre 1911. Une bataille se déroula quelques jours plus tard entre les combattants, qui quittèrent Tripoli pour Bûmilyânah,. Ce fut une victoire italienne. Avant la fin du mois d´octobre 1911, les Italiens réussirent à prendre Tobrouk, Darnah, Benghazi et Homs. Le 5 novembre 1911 était proclamée l´occupation de Tripoli. La Turquie se rendit et signa un accord de conciliation avec l´Italie à Ouchy-Lausanne en 1912. Très vite, Les Italiens parvinrent à prendre le contrôle de la Cyrénaïque. Pendant toute la durée de l´occupation de la Libye, le colonisateur italien voulut se donner une justification religieuse. Les évêques italiens bénirent ainsi les flottes maritimes qui amarrèrent pour lancer l´offensive contre la Libye; les cloches sonnèrent et des prières furent récitées; les hommes d´Église distribuèrent aux soldats participant à la campagne des crucifix. Les Italiens prirent d´ailleurs habitude de célébrer chacune de leurs victoires dans les églises, non seulement en métropole, mais également à Tripoli. Ils remerciaient le Seigneur Qui les avait aidés à abattre le croissant et à élever la croix. Ces considérations exacerbèrent la sensibilité des combattants libyens.(1)
    Le colonialisme italien tenta également de convaincre ses soldats qu´ils étaient les porteurs d´un message d´humanisme...Les Italiens exterminèrent ainsi la population de tout le village d´Al-Manshiyyah, situé à l´est de Tripoli. Nul ne fut épargné, pas mêmes les femmes, les enfants et les vieillards. Les massacres s´étendirent ensuite à d´autres villes. Ils parvinrent ainsi à tuer près de sept mille Libyens en trois jours et à en déporter deux mille autres. Un peuple désarmé était exterminé parce qu´il n´était pas convaincu par les mobiles humanistes de son bourreau.... L´offensive contre la Libye provoqua un tollé général dans tout l´Empire ottoman et dans le monde musulman. Pour l´histoire, le dernier soldat italien quitta le sol libyen le 25 janvier 1943, après plus de 30 ans d´une guerre de libération qui coûta la vie à plus d´un demi-million de martyrs, soit un cinquième de la population totale de la Libye à cette époque.(1)
    Pendant vingt ans, Omar El-Mokhtar engagea une lutte de guerillas, dans les grottes, dans les forêts et dans les vallées du Mont Vert. Cette stratégie lui permit de tendre de multiples embuscades à l´ennemi et de surprendre, avec rapidité, l´armée italienne, organisée, nombreuse et mieux armée. En 1922, quand le pouvoir devint fasciste, l´Italie dénonça tous ses accords avec Idriss El-Senoussi et reprit sa politique de violence et de terrorisme. Idris El-Senoussi émigra vers l´Egypte en 1922 et les tribus de la résistance exercèrent le commandement effectif sous le leadership d´Omar Al-Mokhtar. La résistance s´engagea dans de multiples combats et le cercle des activités des moudjahiddines s´élargit dans le Mont Vert. Le nom d´Omar Al-Mokhtar brilla et il s´illustra comme chef adroit sachant mener à bien le système d´attaque et de fuite, et graduellement, les tribus arabes se joignirent aux rangs des combattants.
    Les Italiens pensèrent pouvoir le séduire par l´argent, lui proposant une somme mensuelle de 50 mille francs, en échange de la signature par Sayed Reda, représentant d´Idriss El-Senoussi dans le mouvement de la résistance, d´un traité de paix avec eux, mais Omar Al-Mokhtar refusa en disant: "Notre foi profonde nous incite au djihad". Omar El-Mokhtar a réussi à remporter plusieurs victoires légendaires contre l´armée italienne, dont les combats d´El-Kafra, El-Rahiba, Akila, El-Matmoura, Karassa. Omar Al-Mokhtar était admiré par le peuple libyen, non seulement pour son héroïsme, mais surtout pour son éthique et pour ses qualités, si bien que sa célébrité a dépassé les frontières. C´était un excellent politicien, aussi bien qu´un militant adroit.

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    • #3
      (suite)

      L´administrateur italien, Emilio, fit barrage à ses ravitaillements et lança une offensive contre Jaghbûb le 8 février 1926. Ce fut ainsi que le général Badolio prit ses fonctions en janvier 1929. Ce changement constituait un tournant décisif dans la guerre entre les Italiens et les Libyens. Le gouverneur cherchait en réalité à gagner du temps pour mettre son plan à exécution. Ayant compris la stratégie, `Omar Al-Mokhtâr lança un appel le 20 octobre 1929 à tous ses compatriotes, dans lequel il leur demandait de rester éveillés et de ne pas se laisser leurrer par les subterfuges italiens. Les soupçons de `Omar Al-Mokhtâr s´avérèrent exacts. Le 16 janvier 1930, des avions larguèrent des bombes sur la résistance, annonçant le début d´une campagne génocidaire menée contre le peuple libyen. Le 28 janvier 1931, les envahisseurs italiens, menés par le plus sanguinaire de leurs généraux, le général Graziani, parvinrent à prendre la ville symbolique de Koufra, dont la perte porta un coup dur à la résistance libyenne.(2).
      Le 12 septembre 1931, Omar Al-Mokhtar tomba dans une embuscade que lui avaient tendue les Italiens à proximité du Mont Vert. Les Italiens lui avait coupé la route et un combat se déroula entre les deux parties: seul Omar Al-Mokhtar en sortit vivant. Il fut arrêté et livré au commandement italien. Graziani, le vice-maréchal du gouverneur général Baudina, de Tripoli et Barca, lui proposa l´amnistie générale, à condition qu´il adresse un appel aux moudjahiddins, les incitant à arrêter les combats. Mais, Omar Al-Mokhtar refusa l´offre, et préféra mourir en martyr, car sa conscience et sa religion rejetaient l´humiliation. Le 15 septembre 1931, il fut jugé rapidement en une heure et quart. Pourtant défendu magistralement par un jeune avocat italien; il fut condamné à mort. Le mercredi matin du 16 septembre 1931, la Libye fut le théâtre de sa mise à mort devant plus de 20.000 citoyens. Al-Mokhtar s´avança à pas sûrs, le visage éclairé par la foi, en répétant les deux chahadaa, puis rapidement, les Italiens transportèrent son cadavre vers le cimetière d´El-Saberine à Benghazi. Une garde endurcie entourait sa tombe.
      Pour Marco Boggero la figure de martyr d´Omar El Mokhtar (1858-1931) est devenue une icône transnationale populaire aussi bien en Afrique qu´en Asie. De simple personnage de l´histoire de la Cyrénaïque, il s´est transformé en symbole dans la culture arabe au moment de la lutte contre le colonialisme et fait désormais partie de ce qu´an appelle la "communauté imaginée" arabe. Cette construction de la mémoire collective ne s´est pas déroulée sans ambiguïté. le martyre a été et reste encore utilisé à des fins de mobilisation politique.(3).(4)
      Quelques heures avant le début du procès, Graziani tint à discuter avec son prisonnier, autour duquel les Italiens avaient tissé tout un tas de légendes le faisant passer pour un héros invincible. Le général italien écrit dans ses mémoires: "Lorsqu´il se présenta dans mon bureau, je vis en lui les milliers de résistants que j´avais rencontrés durant mes campagnes dans le désert. Ses mains étaient enchaînées, malgré les fractures et les blessures qu´il avait subi au cours des affrontements. Son visage était compressé, en raison du jard dont il le recouvrait. Il se traînait avec difficulté à cause de la fatigue qu´il ressentait suite à son voyage en bateau. Mais globalement, je voyais en cet être qui était debout devant moi un homme d´un autre genre. Il affichait sa dignité et sa fierté, bien qu´il ressentait l´amertume de la captivité. Il était là, debout devant mon bureau, en train de répondre avec une voix calme et claire aux questions que je lui posais." Le général Graziani poursuit le récit de cette rencontre:
      "Lorsqu´il se leva pour partir, son front était lumineux, comme s´il était entouré d´une aura de lumière. Je sentis mon coeur frissonner devant la majesté de la situation. J´étais l´homme qui avait mené les guerres mondiale et désertique, et voilà qu´en cette occasion, mes lèvres tremblaient et ne parvenaient pas à prononcer une seule lettre. Je mis fin à la rencontre et j´ordonnai qu´il fût reconduit dans sa cellule afin qu´il soit présenté au tribunal dans la soirée. Lorsqu´il se leva, il essaya de me serrer la main, mais en vain, car ses deux mains étaient enchaînées."(5).

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      • #4
        Qu’en reste-t-il?

        Le 24 janvier 1932, le gouvernement italien annonça l´occupation militaire de toute la Libye après 20 ans de résistance libyenne. Ce n´est qu´après la seconde Guerre mondiale que la Libye fut soumise à la supervision des Nations-Unies. Mais, face aux mouvements de résistance renouvelés et à l´activité politique, la Libye fut proclamée, le 24 décembre 1951, "Royaume uni de la Libye".
        Que reste t-il de l´épopée du combattant de la foi? La monnaie libyenne (billet de 10 Dinars) porte l´effigie d´Omar Al-Mokhtar. Il existe aussi un pont Omar Al-Mokhtar dans le Ouadi El Kuf et son effigie y est suspendue. On peut enfin encore voir la grotte où il se réfugiait souvent. La Libye considère le 16 septembre jour de deuil et de commémoration du martyr Omar El-Mokhtar. Un musée a été créé à l´occasion de cette commémoration et a inclus toutes les armes utilisées par Cheikh El-Moudjahiddin et ses compagnons contre l´invasion italienne.
        Pour nous Maghrébins plus que jamais en manque d´une histoire commune entière et objective, les destins hors du commun de l´ Emir Abdelkader, de l´Emir Abdelkrim et de ´Omar Al Mokhtar qui n´hésita pas pendant plus de vingt ans, alors qu´il était âgé, à donner l´exemple du sacrifice suprême. Puissions-nous nous inspirer de leurs exemples et trouver dans leur combat les ressorts nécessaires pour dépasser les vicissitudes du présent et nous attaquer aux véritables défis qui attendent ce Maghreb des Peuples en dehors de toute démagogie. Nul doute que l´histoire, la culture et plus généralement l´éducation peuvent constituer le ciment de cette utopie.

        (*) Ecole nationale polytechnique

        Pr Chems Eddine CHITOUR (*)

        1.Omar El Mokhtar: Encyclopédie Wikipédia.

        4.Mohamed Burwais Omran: Chronique d´une pendaison mémorable-Omar Al-Mokhtar Et la Resistance Libyenne à l´Italie Coloniale éditeur: L´Harmattan

        5.Islam***********, Nahdha.net et Nfsl-Libya.com.

        2.http://www.islamophile.org/spip/Le-M...l-Mukhtar.html

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        • #5
          Merci Dz pour cet aperçu (assez exhaustif) de la vie de l'un des plus grand combattants pour l'indépendance au Maghreb.
          On remarque, en filigrane, le rôle joué par la zaouia Senoucia dans la résistance dans ces régions. Mais que sait-on de la Senoucia ? Certain assimilent la Senoucia à un mouvement fanatique, voire terroriste ! C'est le cas, malheureusement, de certains intellectuels maghrébins qui se sont rangés aux opinions largement répandues et diffusés par l'occupant à l'époque. D'autres voient en cette confrérie, je dirais cette organisation, le noyau qui a permis l'émérgence d'une prise de conscience des peuples de la région.

          La Senoucia a été fondée par Cheikh Mohammed Ben Ali Senouci, de la tribu des Khtatbas de Mazouna.
          La première zaouia a été construite à Djebel Kobeis, près de la Mecque où le Cheikh accueillait les pélerins du Maghreb et préchait le combat contre l'occupant Français. D'autres zaouiates virent le jour au Yemen et en Irak.

          Mohammed reprit le chemin du moghreb pour se rapprocher de la scène où il savait que tout était à faire. Il séjourna en Egypte le temps de fonder une autre zaouia avant de se rendre au Djbel Lakhdar, en lybie; pour se diriger ensuite vers le sud où il fonda la zaouia de Djerboub qui sera la principale base de la confrérie Senoussie. Inlassablement et de manière très methodique il se mit à bâtir cette oeuvre colossale qu’il voulait durable.

          Le monde musulman sombrait alors dans une profonde léthargie et seul un traitement de choc était susceptible de le ranimer.

          L’emergence de la Senoussia, qui a curieusement reçu l’aval de la sublime porte, ne pouvait qu’enchanter les gens du peuple qui ne souhaitaient que combattre l’ennemi.
          Les Turcs, maitres de Tripoli à l'époque, ménageaient Cheikh Senouci même s'il refusait de leur faire allégence. Il est vrai, que les turcs n’avaient dejà plus le contrôle de la situation ni les moyens de s’opposer indéfiniment à la volonté des peuples.

          Le sultan Abdul-Hamid, dans une tentative d’apprivoisement, invita Cheikh El-Mahdi Ben Mohammed Es-Senouci à venir s’installer dans un palais à Canstantinople, pour mieux le contrôler et lui proposa même le pompeux titre de conseiller du sultan; offre déclinée par le cheikh qui préféra s’établir avec ses plus proches collaborateurs Sid Ahmed El Biskri et Sid Ahmed Touati à Koufra, au Ksar de Bled el Djouf, laissant la Zaouia de Djerboub sous la direction de son neveu Sid El Abed.
          
          Les Khouans de la confrérie Senoucia appliquaient scrupuleusement les perceptes de l’Islam dans leur vie quotidienne et dans leur conduite envers les autres. La récitation du coran dans la zaouia était quotidienne, généralement suivie de débats portant sur les sujets les plus variés. Les étudiants pouvaient, et devaient, enrichir leurs connaissances. Une bibliothèque, que chacun doit enrichir selon ses moyens, contenant plus de huit milles titres était à leur disposition pour cela. Tout livre nouveau était rapidement aqcuis.

          Les visiteurs et les donateurs affluaient de tout le monde musulman et même d’Europe, ils y trouvaient le gite et le couvert. Les repas servis étaient inévitablement suivi de thé, boisson que les adeptes de la Senoucia considèrent comme bienfaisante pour le corps et l’esprit.

          L’image des fanatiques, épris de sang qu’ont brossé les auteurs occidentaux de l’époque est loin de refléter la véritable orientation de cette confrérie. Il est vrai que les Senouci ne cachaient pas leur hostilité à l’occupant, mais un européen n’affichant pas des visées expansionistes ni ne cherchant à acquérir des information susceptibles de servir les militaires était toujours bien reçu, voire protégé. Le cheikh El Mahdi Es-Senouci disait “ Il est de notre devoir de traiter généreusement cet étranger, car les lois de l’Islam nous commandent la générosité envers nos hôtes, à quelque réligion qu’ils appartiennent, et si nous nous conduisons bien bien à son égard, cet homme ne pourra que répandre au loin le renom de notre foi ”, mais il recommandait au Khouans, compte-tenu de la situation qui règnait, de ne pas perdre de vue les étrangers qui séjournaient dans le pays. N’a-t’il pas ouvert le passage et protégé l’officier et explorateur français Ismael Bouderba(1) auquel les gens de Ghat avaient intérdit le passage ?

          Les Senouci étaient aussi des bâtisseurs d’empire. Ils fondèrent un petit et éphemère royaume sur les côtes de la mer rouge, au sud de Djeddah, qui sera balayé au début du siècle par la vague déférlante des Al-Saoud. La longévité du royaume Lybien, qu’ils gouverneront sera plus considérable. mais ça c’est une autre histoire.

          Le rôle joué par la zaouia Senoucia dans la résistance aux invasions française et italiennes dans le Maghreb et l'Afrique sub-saharienne, rôle malheureusement occulté par les manuels d'histoire, est significatif.

          Dans le sud de l'Algérie beaucoup de mouvements de résistance se proclamaient de cette Tariqa : Cheikh Amoud (Djanet et Azhueur), Mohammed Ben Abdallah (Ouargla et nord-est du Sahara), El Hadj Abdelkader Badjouda (In Salah et Tidikelt).

          (1) Ismael Bouderba, fils d'un notable Algérois, Ahmed Bouderba était officier-interprète dans l'armée Française. Il a été mandaté par le Maréchal Randon, d'explorer les territoires touaregs.
          Dernière modification par ETTARGUI, 28 juin 2008, 20h12.
          Le sage souffre dans le bonheur du savoir... L’ignorant exulte dans les délices de l’ignorance

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