Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Journalistes, militaires, même combat !

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Journalistes, militaires, même combat !

    Patrick de Carolis se fâche avec panache. Il se lâche aussi. Avec une brutalité inédite chez un patron du service public, le président de France Télévisions a répliqué, mercredi 2 juillet, au micro de RTL, aux propos tenus lundi soir sur France 3 par le chef de l'Etat. C'était un festival d'épithètes. Les racines de sa colère et les ailes de son mécontentement. Un grand moment de fureur, pas du tout contenue.

    "Lorsqu'on dit qu'il n'y a pas de différence entre la télévision du service public et les télévisions privées, je trouve cela faux, je trouve cela stupide et je trouve cela injuste, profondément injuste",a martelé Patrick de Carolis. Une première en France ! Le patron de la télévision publique affirme d'un ton furieux, au micro d'une radio privée, que le président de la République est menteur, stupide et profondément injuste. On remarquera que les militaires pensent exactement la même chose, mais qu'ils n'ont pas le droit de parler.
    Heureusement pour les oreilles du président, car les militaires ont du vocabulaire ! Ils sont muets par vocation, mais cela ne les empêche pas d'avoir, en matière d'injures diverses et variées, un lexique très riche.
    On en revient à la colère froide de Patrick de Carolis. La scène avait évidemment été enregistrée, et elle a beaucoup été utilisée dans les journaux télévisés, mercredi soir. Sur le service public, remonté comme une pendule, bien sûr, mais pas seulement. Patrick Poivre d'Arvor, à quelques jours de son propre départ forcé du journal télévisé de TF1, était lui aussi soucieux d'informer le téléspectateur du cri de révolte du président de France Télévisions. Les deux Patrick ont en commun d'être des cibles préférées du tireur de l'Elysée. PPDA a eu le tort de traiter, à l'antenne, le président de "petit garçon".
    Carolis énerve Sarkozy pour d'autres raisons. Il ne tiendrait pas ses troupes, surtout à France 3, dont la rédaction est en révolte ouverte contre le pouvoir. Son virage éditorial (davantage de théâtre, de musique, d'émissions scientifiques...) est jugé minimaliste par le petit garçon de l'Elysée, qui regrette tout à la fois "Apostrophes" et "Thierry la Fronde", bref la chaîne publique unique, en noir et blanc, de son enfance. Le péché de Carolis est originel, en quelque sorte. Il est à la tête d'un groupe qui se sent (comme l'armée !) à la fois méprisé par le président et destiné à une sévère diminutio capitis. Il va y avoir moins de garnisons et moins de soldats. La suppression de la pub à la télévision ne sera pas compensée. "Le compte n'y est pas", dit Carolis, qui menace de démissionner, dès la rentrée de septembre, s'il n'a pas les moyens budgétaires nécessaires. A moins qu'il n'y soit poussé dès maintenant, comme le chef d'état-major de l'armée de terre.

    Dominique Dhombres (Le Monde)
Chargement...
X