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berne craint une affaire de caricatures

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  • berne craint une affaire de caricatures

    Le 8 juillet, la droite nationaliste devrait officiellement lancer une initiative populaire pour organiser un vote sur l'interdiction des minarets. Pour éviter tout incident, le gouvernement fait déjà savoir aux pays musulmans qu'il ne soutient pas cette idéeSujet très sensible, l'initiative qui veut interdire la construction de minarets, lancée en mai 2007, a déjà beaucoup fait parler d'elle à l'étranger. Et c'est loin d'être fini : son comité de pilotage, issu des rangs de la droite nationaliste – Union démocratique fédérale (UDF) et UDC – déposera officiellement le texte mardi à la Chancellerie fédérale, accompagné des 100 000 signatures nécessaires. Voilà qui promet de nouvelles réactions.

    A Berne, on s'y prépare sérieusement. Un groupe de travail interdépartemental a même été créé dans cette perspective. Préoccupés par la tournure que risque de prendre la campagne de votation, le Conseil fédéral et les départements concernés font tout pour éviter une nouvelle affaire des caricatures de Mahomet, qui avait mis une bonne partie du monde musulman en ébullition.

    L'Office fédéral de la justice (OFJ) est chargé de préparer la rédaction du message du Conseil fédéral à l'attention du Parlement. Mais une question délicate hante Berne depuis quelques semaines, confirment plusieurs sources : plutôt que de s'en tenir à sa règle classique, le Conseil fédéral ne devrait-il pas déjà prendre position le jour même du dépôt du texte ?

    Les partisans d'un tel scénario sont d'avis qu'un signal fort et rapide est nécessaire vis-à-vis de l'étranger, pour éviter des réactions en cascade qui pourraient s'avérer néfastes pour l'image de la Suisse. Mais ses adversaires, qui semblent aujourd'hui l'emporter, mettent le doigt sur le risque de donner trop de poids à l'initiative. Et surtout de provoquer un débat national gênant : les partisans de l'initiative crieraient aussitôt au scandale, accusant le Conseil fédéral de ne pas respecter le droit d'initiative et celui du citoyen de se faire librement son opinion.

    Si le Conseil fédéral choisit de ne pas bousculer ses habitudes, il ne restera pas pour autant les bras croisés. Plusieurs de ses membres ont déjà pris leur bâton de pèlerin, à commencer par le président de la Confédération, Pascal Couchepin. Pour dire que le Conseil fédéral ne soutient pas le texte, qu'il ne s'agit pas d'une initiative gouvernementale et pour bien expliquer le système de démocratie directe et du droit d'initiative aux interlocuteurs étrangers.

    Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) a donné des instructions claires à ses ambassades. Dans les pays concernés, les représentants suisses s'efforcent depuis plusieurs mois déjà d'anticiper les réactions négatives et les malentendus, en prenant régulièrement contact avec leurs différents partenaires. Et ce dialogue se poursuit.

    De son côté, Micheline Calmy-Rey [responsable du DFAE] a notamment rencontré Ekmeleddin Ihsanoglu, le secrétaire général de l'Organisation de la conférence islamique (OCI), en janvier, en marge du premier Forum annuel de l'Alliance des civilisations, qui s'est tenu à Madrid. L'OCI avait, en novembre déjà via une note diplomatique adressée à l'ambassade de Suisse en Arabie Saoudite, exigé des explications du gouvernement suisse.

    Mais ce travail de persuasion, s'il commence à porter ses fruits, est loin d'être terminé : en mars, plusieurs dirigeants musulmans, réunis pour un sommet de l'OCI à Dakar, se sont dits "très préoccupés" par les "esprits maléfiques qui répandent l'islamophobie", selon les dires du président sénégalais Abdoulaye Wade, qui préside aussi l'OCI.

    Valérie de Graffenried
    Le Temps
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