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L'UE prend ses distances avec les biocarburants

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    samedi 5 juillet 2008, mis à jour à 15:30
    L'UE prend ses distances avec les biocarburants
    Reuters

    L'Union européenne a pris samedi ses distances avec l'utilisation de biocarburants pour lutter contre le réchauffement climatique en raison des doutes grandissants sur le bilan écologique de ces produits.

    Les ministres de l'Energie des Vingt-Sept ont achevé à Paris une réunion destinée à préparer la voie à un accord avant la fin de l'année pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de 20% à l'horizon 2020, voire de 30% en cas d'accord international.

    Cela se ferait en imposant de nouvelles contraintes aux industries, en produisant au moins 20% d'énergies renouvelables et en réalisant au moins 20% d'économies d'énergie.

    Mais l'objectif fixé en mars 2007 d'utiliser aussi 10% de biocarburants à l'horizon 2020 fait de plus en plus débat.

    "Les inquiétudes se sont manifestées", a déclaré le ministre français de l'Ecologie, Jean-Louis Borloo, dont le pays préside pour l'instant l'UE. "Ce qui était considéré comme une solution miracle il y a 18 mois est aujourd'hui voué aux gémonies."

    Une étude confidentielle de la Banque mondiale publiée vendredi par le quotidien britannique The Guardian souligne en effet que l'augmentation de l'utilisation de ces produits est en grande partie responsable de la flambée des prix des denrées alimentaires qui a jeté depuis le début de l'année plus de 100 millions de personnes dans les rues à travers le monde.

    Même si la Commission européenne conteste cette analyse, Borloo a expliqué que les Vingt-Sept avaient "réalisé" samedi que l'objectif de 10% concernait l'utilisation de toutes les énergies renouvelables dans les transports, comme l'hydrogène et l'électricité, et pas seulement les biocarburants.

    "Les Etats membres n'ont pas changé d'avis", a-t-il dit. En réalité, c'est bien 10% d'énergie renouvelable."

    Si l'on a parlé jusqu'ici de biocarburants, "c'était un raccourci, c'était juste pratique", a-t-il ajouté.
    PARI IMPOSSIBLE?

    Même si, techniquement, ce jugement est confirmé par la Commission, il n'en reste pas moins que, depuis 18 mois, toutes les autorités européennes parlaient bien de biocarburants et la réunion de samedi a surtout démontré l'ampleur des doutes.

    Les Vingt-Sept ont également décidé que ces produits devaient satisfaire à de stricts "critères de durabilité".

    Il faudra qu'ils représentent au moins 35% de réduction des émissions de CO2 par rapport à un carburant normal pour être décrétés "bio" et cette proportion montera à 50% en 2015.

    En outre, les ministres de l'Energie ont fait bon accueil à une proposition du député européen "vert" Claude Turmes, qui souhaite négocier avec le Brésil, le plus important producteur de biocarburants de la planète, un accord pour empêcher que ces produits ne provoquent la destruction de la forêt amazonienne.

    Brasilia réfute cet argument, mais les associations de défense de l'environnement estiment que le risque existe.

    Borloo a également fait état d'un large accord sur la répartition par pays de l'objectif moyen de 20% d'énergies renouvelables, qui obligera les pays les plus riches à des efforts considérables alors que les pays de l'Est seront soumis à une contrainte moins forte en 2020.

    Pour cela, il faudra, a-t-il dit, un cadre de coopération entre les pays peu gâtés par la nature, qui auront des difficultés à atteindre leur objectif en matière de production d'énergie éolienne, solaire ou provenant de la biomasse, et ceux qui disposent de ces ressources grâce à leur géographie.

    Pour contourner l'obstacle, la Commission européenne avait proposé que les pays mal lotis puissent acheter des certificats d'énergie renouvelable produite ailleurs, mais l'Allemagne craint que ses producteurs "verts" subventionnés ne vendent leur énergie au plus offrant, comme le Luxembourg par exemple.

    Afin d'éviter ce risque, l'Allemagne, la Pologne et le Royaume-Uni ont suggéré que plusieurs pays s'associent pour financer des projets précis et cela a été bien accueilli.

    Pour Jean-Louis Borloo, la perspective d'un accord global en décembre existe désormais, même si rien n'est fait.

    "J'ai le sentiment que le pari un peu impossible a peut-être une petite chance d'être gagné", a-t-il conclu.
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