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Le 5 Juillet a-t-il perdu son essence ?

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  • Le 5 Juillet a-t-il perdu son essence ?

    Ni drapeaux aux balcons, ni défilé militaire, ni youyous

    Hier à Alger, à part qu’il s’agissait d’un jour férié pour la plupart des travailleurs, l’ambiance n’a pas trop différé de celle qui prévaut généralement le vendredi après la prière. Les rues vides, un minimum de circulation...

    Aussi, mis à part les quelques festivités officielles limitées et les drapeaux érigés dans certains quartiers, rien n’indiquait qu’il s’agissait d’une fête nationale, de surcroît celle de l’Indépendance. «C’est une triste journée.
    Je me rappelle quand j’étais jeune, mon père faisait sortir son drapeau et fêtait cette grande date avec toute la famille, les amis et les voisins.
    Aujourd’hui, ce n’est plus l’ambiance d’une fête ni d’une journée spéciale», nous dira Meriem, une dame, la cinquantaine.
    Elle enchaîne : «On ne sait plus comment vivre cette fête d’indépendance et on n’apprend pas aux enfants ce que c’est un 5 juillet pour l’Algérie. La plupart des élèves disent qu’il s’agit de fête de l’indépendance sans en savoir plus.» Le témoignage de Meriem n’est qu’un exemple de beaucoup d’autres personnes que nous avons rencontrées et qui ont toutes utilisé le mot «triste». Est-ce que l’Algérien ne veut plus fêter son indépendance ou ne sais plus comment la fêter ou plutôt n’a plus le goût à faire la fête ? C’est la faute de qui si nos enfants méconnaissent la valeur et l’histoire de leur pays ?

    Pour Djamel et Nacer, la cinquantaine également, il y a une immense différence entre les anciennes festivités du 5 Juillet et celles d'aujourd'hui. «Chaque famille algérienne fêtait cette journée par des youyous spontanés, des drapeaux sur les balcons, des vraies commémorations et surtout par des festivités militaires et civiles. Personne ne ratait le défilé de notre armée nationale sur l’avenue De l’ALN. C’était une fierté pour chaque citoyen», relatent-ils. Et d’ajouter qu’ils participaient souvent aux festivités des Algériades avec ces centaines d’élèves venant des différents établissements pour s’organiser au niveau notamment du stade du 5-Juillet et celui du 20-Août où tout le monde était concerné par la fête de l’Indépendance et la fierté du pays.

    Selon beaucoup de personnes qui ont vécu ces deux époques de célébration de cette journée, c’est un courant «d’anti-militaristes» qui a contrarié l’ambiance de cette fête et utilisé tous les moyens pour le banaliser bien qu’il s’agit normalement d’une fierté. «Ce courant ne voulait pas que l’Algérie exhibe son arsenal militaire alors qu’il s’agissait de la fierté du pays. Ces mêmes personnes n’ont rien, par contre, contre les festivités de la France chaque 14 juillet auxquelles elles assisteraient si l’occasion se présentait», dira Djamel.

    Il est à noter, par ailleurs, qu’il existe encore des citoyens notamment parmi les plus âgés qui sentent vraiment toute la dimension que dégage le 5 Juillet. Ils se félicitent pour l’Indépendance et partagent des vœux de sérénité pour notre pays. Les moins jeunes ne s’intéressent pas trop ou n’en savent pas assez. «Moi, j’en veux à tout le monde», nous dira tristement Meriem concernant ces enfants qui ignorent la fête nationale en citant la famille, l’école, les collectivités locales et même le gouvernement. Pour ce qui est des solutions pour redonner au 5 Juillet son lustre d’antan, nos interlocuteurs se sont mis d’accord sur l’idée d’un travail pédagogique à tous les niveaux. Ils reprochent, par la même occasion, à la télévision nationale de ne pas donner à l’évènement l’espace et l’importance mérités mis à part quelques anciens films dont La Bataille d’Alger qu’on projette chaque année à une heure tardive la veille ou le jour même du 1er novembre ou du 5 juillet. «Notre pays et notre histoire sont d’une grandeur permettant la réalisation de plusieurs nouveaux films et documentaire sur des évènements passés sur tout le territoire national. Ce ne sont pas les sujets qui manquent, mais c’est la volonté», concluent nos interlocuteurs tout en espérant que les consciences sortent de leur léthargie. En d’autres termes, même si l’opération « 5 millions de drapeaux» est une action somme toute louable, il n’en demeure pas moins que l’importance de la notion du nationalisme ne peut se résumer en quelques centimètres carrés d’une étoffe et l’éveil du nationalisme chez l’Algérien ne peut se produire uniquement par le biais du flottement du drapeau national. Comme il est plus que vrai que le flottement gracieux du drapeau algérien ne peut s’accommoder aux gesticulations d’une société en crise.

    - La nouvelle Republique
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