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Pénurie de médicaments et hausse de la facture des importations

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  • Pénurie de médicaments et hausse de la facture des importations

    La politique du ministère de la Santé visant à limiter les quotas d’importation des médicaments n’a pas eu l’effet escompté. Pis, les dépenses ont encore augmenté de plus de 75 millions de dollars au cours des cinq premiers mois de l’année par rapport à la même période de 2007.

    Paradoxalement, les pharmaciens d’officines et des structures hospitalières déplorent en permanence une rupture de certains médicaments destinés au traitement des maladies chroniques, notamment les anticancéreux. Le secrétaire général de l’Union nationale des opérateurs de la pharmacie (UNOP) estime pour sa part qu’il n’y a jamais eu de solution de fond au problème, car le secteur pharmaceutique a toujours été géré par des bureaucrates qui ne savent rien du terrain, alors que les opérateurs professionnels sont écartés de la prise de décision.

    De janvier à mai, la facture d’importation des médicaments a grimpé à 616,318 millions de dollars, contre 540,692 millions durant les cinq premiers mois de 2007, selon le Centre national de l’informatique et des statistiques relevant des douanes.

    Cette hausse est provoquée en grande partie par la tension qui prévaut sur le marché des médicaments, selon le secrétaire général de l’UNOP, M. Nabil Mellah. «Il y a eu une explosion des ventes après la rupture de stock survenue durant les mois de février et d’avril derniers. Les grossistes et pharmaciens ont mis les bouchées doubles en prévision d’une éventuelle pénurie», a-t-il expliqué en prévenant toutefois qu’il y a un surstokage de certains produits alors que d’autres médicaments font cruellement défaut.

    La pénurie a été confirmée par l’enquête publiée récemment par le Syndicat national des pharmaciens d’officines (SNAPO), ayant concerné
    50 % des médicaments essentiels. Le secrétaire général de l’UNOP indique que le ministère de la Santé, «en plus du retard qu’il a mis dans la signature des programmes d’importation pour 2008, a décidé de limiter les quotas pour réduire la facture des médicaments au détriment des malades». «Le ministère qui avait décidé d’imposer aux opérateurs un quota afin de minimiser les dépenses, n’a signé les programmes d’importation que vers le 20 février dernier, alors qu’il devait le faireà la fin de décembre 2007.

    Il a ensuite assujetti la remise des programmes d’importation restants à la signature d’un engagement à importer 45 % de génériques sur l’ensemble des médicaments importés. Ce qui a provoqué un retard énorme dans l’approvisionnement du marché, suivi d’un accroissement de la demande», a-t-il résumé. Ce même opérateur avertit par ailleurs que «la permissivité
    dans laquelle évolue le secteur des médicaments pose un énorme problème de responsabilité pharmaceutique pour les produits importés lorsqu’il y a pénurie ou rupture de stock, car on rencontre souvent six à sept importateurs pour le même produit.

    D’ailleurs, les laboratoires étrangers n’ont même pas besoin d’entretenir des relations de partenariat ni d’avoir une représentation en Algérie dès lors qu’ils peuvent traiter avec différents importateurs», a-t-il argué, ajoutant que cette «largesse» n’existe pas en Europe ni même chez nos voisins tunisiens et marocains qui, eux, n’ont pas de statut d’importateurs, mais d’exploitants autorisés à importer uniquement les produits non fabriqués localement.

    La circulaire sur le générique «irréalisable»

    Concernant la décision ministérielle du 17 février dernier obligeant les opérateurs à s’engager à importer 45 % de génériques sur l’ensemble des médicaments importés, les industriels sont d’avis différents.

    Le Syndicat algérien de l’industrie pharmaceutique (SAIP) avait applaudi la décision en estimant qu’elle permettra une égalité d’accès aux soins en mettant le médicament à la disposition de toutes les bourses tout en réduisant les coûts de la santé. L’UNOP a estimé en revanche que c’est une décision irréalisable du moins pour le moment.

    «Avant de penser à la commercialisation du générique, il faut d’abord préparer le terrain en sensibilisant le corps médical, les pharmaciens et les patients quant à son intérêt», préconise le secrétaire général de l’UNOP.
    «Car, dit-il la fabrication ou l’importation du générique est facile, mais le plus dur c’est de parvenir à le vendre». Abondant dans le même sens, le président de l’UNOP, M. Ammar Ziad, regrette que le ministère ait pris la décision «au pied levé», sans consulter les opérateurs du secteur. Par ailleurs, il a considéré que dans les faits il n’y a aucune politique pour encourager la consommation du générique en Algérie. «Sa marge bénéficiaire est la même que pour le médicament princeps», a-t-il argué. «Même les tarifs de référence consistent plus en des mesures répressives que d’encouragement «, renchérit M. Mellah en expliquant que si le consommateur devait opter pour le générique c’est juste dans le souci d’être remboursé par la sécurité sociale». L’UNOP, qui regroupe plus d’une trentaine d’entreprises activant dans la fabrication et l’importation de médicaments, considère par ailleurs que la circulaire ministérielle qui encourage l’importation des médicaments génériques menace les producteurs locaux, d’autant que les génériques représentent plus de 70 % de la production nationale en matière de médicaments. Les opérateurs de la SAIP soulignent pour leur part le problème du non-remboursement des médicaments génériques produits localement, ce qui constitue un frein pour le développement de l’industrie pharmaceutique. Le président de la SAIP, le docteur Djabbar, estime que les malades sont finalement poussés à consommer des médicaments d’importation – à hauteur de plus de
    90 % –, au détriment de ceux produits localement. Pour étayer ses propos, il a noté que sur les 55 médicaments produits par la société Lad Pharma, 20 seulement sont remboursés. Pour le Laboratoire algérien des médicaments qui produit 27 médicaments, la situation est la même, avec huit médicaments remboursés.

    La levée de l’obligation d’investir pour les importateurs a pénalisé les producteurs locaux Concernant les unités de production pharmaceutiques en difficulté, M. Mellah a expliqué que ces entreprises n’ont pas pu constituer un portefeuille pour produire leurs gammes car elles se sont basées sur la promesse faite par l’Etat. Mais une fois qu’ils ont vu leur unité démarrer entre 2004-2005, l’Etat, brutalement et de façon unilatérale, a décidé la levée de l’obligation d’investir aux importateurs tout en se désengageant de ses promesses de soutien à ces entreprises naissantes. «L’argument officiel était de ne pas enfreindre les règles de l’OMC, à laquelle nous n’avons pas encore adhéré. Mais l’Etat a bien enfreint les règles de l’OMC en interdisant l’importation de véhicules de moins de trois ans pour encourager les constructeurs automobiles à écouler leurs produits sur le marché national», s’est-il indigné, jugeant que «l’Algérie est très bonne élève quand il s’agit d’appliquer les règles qui vont à l’encontre de l’intérêt de son économie». Estimés à plus de 1,5 milliard de dollars, les besoins du marché national en médicaments sont assurés à plus de 70 % par les importateurs, au nombre de 121, contre seulement 54 fabricants locaux.

    Les opérateurs nationaux constatent avec amertume que la plupart de ces grands groupes pharmaceutiques qui approvisionnent le marché algérien ne veulent être présents que pour commercialiser leurs produits sans aucune perspective de partenariat, de recherche ou d’investissements productifs.

    - Le Jeune Independant
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